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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


NEUENGAMME: camp nazi de la mort par le travail.

Publié le 28 Décembre 2021, 17:59pm

NEUENGAMME

« Camp de la mort par le travail.

Camp généralement ignoré surnommé

« le camp méconnu ».


 

1. Localisation.

Le camp de concentration a été établi sur l’Elbe, au sud-est de Hambourg, une région marécageuse et plate dans le nord de l’Allemagne.

Ouvert le 13 décembre 1938 comme sous-camp de Sachsenhausen puis transformé en 1940 en camp de travail indépendant avec plus de 90 camps extérieurs annexes.

Il était situé sur le terrain d'une briqueterie désaffectée sur les rives d’un affluent de l'Elbe, l’Elbe Dove.

 

2. Mobiles du choix.

 

En septembre 1938, le commandement SS du Reich acquit cette ancienne briqueterie ainsi que les terrains avoisinants, soit plus de 50 ha. C’était une plaine marécageuse mais dont le sous-sol riche était en argile,


 

Dans le but de, selon Oswald Pohl, chef d’administration SS, de « produire à peu de frais un matériau réfractaire de première qualité en faisant travailler tous ces fainéants qui se trouvent dans nos camps de concentration… Ce fait ne devrait pas être sans intérêt pour vous-même et pour les administrations des travaux publics de Hambourg ».

Un contrat fut conclu entre la ville de Hambourg et l’entreprise SS Deutsche Erd-und- Steinwerke :


 

  • la ville accordait un million de Reichsmarks, prometttait d’installer une liaison ferroviaire et d’aménager le bras de l’Elbe ;

  • la SS, en contrepartie, fournirait gratuitement la main d’œuvre concentrationnaire pour la réalisation de ces travaux y compris pour rouvrir et moderniser la briqueterie.

3. Historique.


 


 

Les 12 et 13 décembre 1938, une centaine de détenus de droit commun du camp de Sachsenhausen y furent transférés pour y construire le nouveau camp de concentration et restaurer l’ancienne briqueterie. Les premiers prisonniers furent logés à l'intérieur même de l'usine.


 

Le nombre de prisonniers augmenta de façon spectaculaire en quelques mois: en 1940, le camp comprenait environ 2.000 déportés, dont 80% d'allemands.


 

Le 29 février 1940, arrive un deuxième transport d'environ 120 détenus politiques et témoins de Jéhovah. Le 4 juin, les détenus, au nombre d'un millier, sont transférés au nouveau camp de détention.


 

En décembre 1941, survint une épidémie de typhus à poux. Plus de 1000 prisonniers en moururent


 

A l'été et à l'automne 1942, les SS vidèrent Neuengamme des Juifs. Une partie furent tués sur place ; les autres, déportés à Auschwitz.


 

A la fin de 1942, après le début des bombardements alliés des villes du nord-ouest de l'Allemagne, les prisonniers de Neuengamme furent utilisés pour nettoyer les décombres et enlever les munitions non explosées dans les rues des grandes villes proches, comme Hambourg et Brême.


 

Il leur était interdit d'utiliser les abris antiaériens pendant les attaques aériennes. Le 17 avril 1943, six prisonniers d'un détachement de travail de 700 prisonniers furent tués lors d'un raid aérien allié sur Brême.


 

Jusqu’à l’été 1944, Neuengamme était un camp réservé aux hommes, mais le besoin de main-d'œuvre se faisant sentir dans de nombreux domaines, des déportées venant d'Auschwitz et de Ravensbrück furent transférées à Neuengamme et affectées dans des Kommandos extérieurs pour être employées dans des usines de production de matériel aéronautique, de mines, de munitions, au déblaiement et à la reconstruction, etc. On estime à environ 13500 le nombre de femmes immatriculées à Neuengamme.


 

Entre 1942 et 1945, environ 2000 prisonniers de la Gestapo furent envoyés à Neuengamme pour y être tués.


 

En 1944, les SS transférèrent des Juifs polonais et hongrois à Neuengamme, beaucoup d'entre eux via Auschwitz. Au total, 13 000 Juifs furent détenus à Neuengamme. Alors que, curieusement, en 1942, le camp fut « libéré » des juifs.


 

A partir de 1942, la SS chercha à devenir le principal fournisseur de travail en réponse à la demande croissante de l'industrie allemande d'armement. Les prisonniers furent mis au travail. Ce fut d’abord dans les ateliers à l’intérieur du camp, trois sociétés y construisirent des ateliers. Mais rapidement ils furent envoyés directement dans les usines des alentours, dans les kommandos extérieurs. A la fin de la guerre, ces kommandos extérieurs étaient dispersés dans tout le nord de l'Allemagne.


 

Les firmes allemandes suivantes s’étaient installées dans le camp : les Walther-Werke qui employaient 1000 prisonniers ; l'usine Carl Jastram Motorenfabrik de Hambourg pour la fabrication de pièces de sous-marins, la réparation des moteurs de navires et la production de bateaux torpilleurs ; la Deutsche Meß-Apparate GmBH afin de produire des fusibles pour des grenades anti-aériennes.

 


 

Devant l'avancée des forces alliées, de nombreux prisonniers furent en outre forcés de creuser des tranchées anti-tanks. De nombreux autres prisonniers furent transférés dans les grandes villes bombardées pour y évacuer les corps des civils tués lors des bombardement

 


 

4. Conditions de vie dans le camp.


 

4.1. Conditions générales.

 


 

Les prisonniers ne pouvaient se maintenir en bonne santé en raison des rations alimentaires quasi inexistantes et de médicaments ainsi que de leurs conditions d'hébergement. Ils étaient soumis au travail forcé sur des chantiers de construction du camp, dans la briqueterie, à l'aménagement du débit de l'Elbe et à la construction du canal Dove-Elbe.


 

Ces conditions de vie facilitèrent la propagation de diverses maladies : la pneumonie, la tuberculose et le typhus. Très rapidement, le taux de mortalité augmenta de façon terrible. Soumis à la faim, aux mauvais traitements et au manque total d'hygiène et de service médical, les prisonniers moururent rapidement par centaines.


 

En plus des conditions de vie, un régime de punitions officielles existait : mise à l'isolement, obligation de rester debout pendant des heures, coups de fouets, transfert dans des détachements de travail pénitentiaires…


 

A ces peines "officielles" s'ajoutaient les punitions arbitraires des surveillants SS et des "détenus fonctionnaires" (les chefs de baraque, chefs de bloc et kapos) qui selon leur bon vouloir pouvaient les maltraiter et les tuer.


 

De 1940 à 1943, les prisonniers portaient les uniformes rayés typiques des camps de concentration. Après 1943, certains reçurent des vêtements civils provenant des biens pillés de Juifs tués en Pologne ou en Union soviétique sous occupation allemande.


 


 

4.2. Les expériences médicales.


 

Au début de 1942, des scientifiques de l'Institut pour les maladies maritimes et tropicales utilisèrent des prisonniers pour tester les moyens de lutter contre le typhus à poux.

 

En 1944, le docteur SS Kurt Heissmayer mena des expériences pour développer des médicaments contre la tuberculose. Pour cela, il utilisa 20 enfants juifs transférés d'Auschwitz. Dans la nuit du 20 au 21 avril 1945les vingt enfants, deux médecins français qui s'en occupaient, deux infirmiers néerlandais et une trentaine de prisonniers soviétiques, furent pendus. Les nazis espéraient ainsi éliminer les traces de ces expérimentations avant l'arrivée des troupes britanniques.


 

 

Dans l'hiver 1944-45, le Dr Ludwig-Werner Haase testa un nouveau filtre en ajoutant à l'eau une dose d'arsenic cent fois supérieure à la quantité acceptable. Il filtra ensuite l'eau en utilisant son nouvel appareil et l'administra à plus de 150 prisonniers pendant 13 jours. Les fortes doses d'arsenic causèrent sûrement des dommages à long terme aux prisonniers.

 

4.3. La Chambre à gaz.

Deux opérations de mise à mort par le Zyklon B ont eu lieu dans le camp à l'automne 1942 : deux convois de prisonniers de guerre russes, en tout 450 hommes, furent gazés. Pour cela, les SS firent aménager la prison appelée « bunker », en rendant étanches les ouvertures. Ils firent installer sur le toit dix tuyaux par lesquels on déversait les cristaux de Zyklon.


 

4.4. Le processus d’élimination.


 

Au départ, la crémation des corps des prisonniers décédés se faisait dans les crématoriums gérés par les autorités municipales de Hambourg. A partir du printemps 1942, Neuengamme eut son propre crématorium.


 

En 1942, les autorités SS commencèrent à tuer systématiquement les prisonniers inaptes au travail. Des médecins désignés par des organismes de santé allemands "examinaient" des prisonniers incapables de travailler pour raisons de déficience mentale et les sélectionnaient pour être exécutés. Ces derniers étaient envoyés au centre de mise à mort de Bernberg an der Saale, où ils étaient assassinés dans des chambres à gaz.

Après 1942, le personnel médical de Neuengamme assassina régulièrement les prisonniers trop faibles pour travailler au moyen d'injections létales.


 

 

5. La population du camp.


 

Durant la guerre, des dizaines de milliers de personnes en provenance de tous les pays occupés furent transférées à Neuengamme, pour faits de résistance, pour refus de participer au service du travail obligatoire ou en vertu des mesures raciales.


 

De 80% en 1940, le pourcentage d'allemands incarcérés à Neuengamme passa à 10% durand la guerre. En 1940, le camp comprenait environ 2.000 déportés, dont 80% d'allemands. Entre 1940 à 1945, environ 106000 prisoniers furent détenus dans le camp et le 10 avril 1945, la population du camp était de 13.500 déportés. Plus de 2.500 hommes et 10.300 femmes travaillaient en outre dans les différents kommandos extérieurs de Neuengamme.


 

Le registre des décès indique qu'au 10 avril 1945, environ 40000 prisonniers avaient péri dans le camp. Il est possible que 15000 de plus moururent la semaine suivante et au cours de l'évacuation. Au total, environ 55000 déportés, soit près de la moitié de toutes les personnes emprisonnées dans le camp au cours de son existence, y moururent. Cela correspondait au slogan de ce camp : « épuisement par le travail ».


 

 

Pays

Hommes

Femmes

Total

Union soviétique

28 450

5 900

34 350

Pologne

13 000

3 900

16 900

France

11 000

500

11 500

Allemagne

8 800

400

9 200

Pays-Bas

6 650

300

6 950

Belgique

4 500

300

4 800

Danemark

4 800

-

4 800

Hongrie

1 400

1 200

2 600

Norvège

2 200

-

2 200

Yougoslavie

1 400

100

1 500

Tchécoslovaquie

800

580

1 380

Grèce

1 250

-

1 250

Italie

850

-

850

Espagne

750

-

750

Autriche

300

20

320

Luxembourg

50

-

50

Autres pays

1 300

300

1 600

Totaux

87 500

13 500

101 000

Non inscrits dans les registres

-

-

5 000

Total final

-

-

106 000

Morts en déportation

-

-

55 000
(52 %

 

Les SS brulèrent les archives peu de temps avant la libération de Neuengamme : cela fit disparaître la plupart des données individuelles des prisonniers.


 

6. Les belges à Neuengamme.


 

Près de 4800 prisonniers Belges furent déportés à Neuengamme dont environ 300 femmes, la plupart pour raison politique, comportement “anti-Allemand”, refus d’obéir aux ordres de l’occupant ou résistance active.


 


 

Une grande partie des Belges ne revint pas au pays. Le régistre des décès de Neuengamme mentionne 1570 noms.


 

Quelques belges connus :

René Blieck (1910-1945), écrivain et avocat belge, mort lors du bombardement du Cap Arcona

Fernand Demoustier (1906-1945), écrivain surréaliste belge

Gustaaf Van Essche (1923-1979), homme politique belge

Arthur Nazé (1906-1983) résistant belge, député, bourgmestre déporté en 1941, transféré à Neuengamme, survivant du transfert à la baie de Lübeck.

Jean Plas (1910-1945), imprimeur belge ayant participé à l'élaboration du « Faux Soir » en 1943. Mort le 8 mars 1945. Il repose au cimetière d'Evere à Bruxelles.


 

7. La libération du camp.

 

A partir de mars 1945, l'avance des Alliés contraint les SS à évacuer les camps de concentration. Les Kommandos extérieurs, puis le camp central de Neuengamme sont évacués au cours de « marches de la mort » et de transports meurtriers vers Bergen-Belsen, Sandbostel (Stalag X B), Wöbbelin, Gardelegen et la baie de Neustadt.


 

Le 6 avril 1945, les SS menèrent l'évacuation du camp central. Quatre mille prisonniers partirent d'abord en convoi vers Bergen-Belsen. L'évacuation dura jusqu’au 18 avril.


 

Les déportés restants sont transférés vers Lübeck, puis embarqués sur des navires : le Cap Arcona (4 600 hommes), le Thielbeck (2 800 hommes) qui gagne la haute mer, et l'Athen (2 000 hommes) qui fait un retour imprévu à quai pour charger de nouveaux détenus.

Le 3 mai 1945, des avions britanniques, trompés sur la nature des transports, attaquent les navires en baie de Neustadt. Le Thielbeck est coulé, le Cap Arcona en feu chavire et finit par sombrer. De ces deux bâtiments, il n'y a que 450 à 500 survivants. L'Athen quant à lui est pratiquement épargné.


 

Le 2 mai 1945, les SS abandonnent définitivement le camp. Le même jour, l'armée britannique y envoie une première patrouille de reconnaissance et découvre le camp vide.


 

Le camp est libéré le 4 mai. Plus aucun déporté ne s'y trouve et les traces des exactions nazies ont été effacées.


 

Un tribunal britannique jugea 14 anciens membres de la SS du camp lors d'un procès qui se déroula du 18 mars 1946 au 13 mai 1946. Onze furent condamnés à mort et exécutés le 10 octobre 1946 à la prison de Hameln, les trois autres écopèrent de 10 à 20 ans de prison.


 

Après la guerre, le Dr Heissmeyer ( voir point 4.2. ) a exercé la médecine, avant d’être condamné en juin 1966 à la prison à perpétuité par un tribunal allemand.

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