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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Catégorie de victimes de guerre mal honorée: les Prisonniers de guerre belges.

Publié le 20 Novembre 2021, 17:54pm

Les Prisonniers de Guerre belges.

A SAUVER DE L’OUBLI !


 

1. L’invasion et la capitulation.


 

Le 10 mai 1940, la Belgique est envahie… La Campagne des 18 jours débute. Le roi Léopold III signe la capitulation et l’armée belge cesse le combat le 28 mai 1940. Après 18 jours de combat, le rapport de force a conduit l'armée belge à cette capitulation.


 

S’en suivra un désaccord entre le Gouvernement, appuyé par une majorité parlementaire, et le Roi. Cela marquera le début de la Question Royale.


 

Pendant ce temps, hantés par le souvenir des massacres du début de la 1ère guerre mondiale et fuyant les bombardements, près de 2 millions de Belges prennent le chemin de l'exil. La plupart, cependant, reviendront dans le courant de l'été 1940, après la capitulation française, rattrapés par l’Armée allemande qu’ils fuyaient.


 

2. Au lendemain de la capitulation.


 

L’armée a les reins brisés. Mais elle conserve comme elle peut sa cohésion; ce qui explique que la troupe ne s’éparpille pas totalement dans la nature. Hélas, c’est ce qui permettra aussi aux allemands de faire autant de prisonniers. Début juin, l’armée reçoit des Allemands l’ordre de se porter vers la zone comprise entre le canal Gand-Terneuzen et le canal de dérivation de la Lys. C’est là qu’ils seront faits prisonniers.


 

225000 soldats furent faits prisonniers. On les emmena à pied, en camions, en trains, en péniches vers les nombreux camps répartis sur le territoire allemand : les ‘Stalags ’(destinés aux soldats ; la grande majorité d’entre eux furent mis au travail.) et les ‘Oflags’ (réservés aux officiers, qui ne pouvaient être mis au travail).


 

Selon des calculs, 50000 soldats auraient été capturés durant la Campagne et 175.000 au lendemain de la capitulation, soit 30% de l’effectif mobilisé (650.000 hommes), l’ensemble des travaux sur le sujet estime à 145.000 le nombre de Flamands et à 80.000 les Wallons et Bruxellois.


 

Dans le même temps, 200.000 autres soldats se trouvaient encore en France, libres. Au lendemain de l’armistice français, 25.000 furent transférés dans des camps en Allemagne tandis que les 175.000 autres purent rentrer ou partir en Angleterre. La confusion dans les ordres donnés explique cette discrimination. En tout, il y eut donc 250.000 soldats belges faits prisonniers et envoyés en Allemagne.


 

Convaincus que la captivité ne serait pas longue, les soldats belges ne résistèrent pas quand ils furent faits prisonniers. Pourtant, les nazis ne l’entendaient pas de cette oreille. D’ermblée, ils établirent une distinction entre les soldats flamands et les soldats wallons. Les premiers sont libérés durant les premières semaines de l’occupation; les seconds resteront enfermés dans les stalags (soldats) et des oflags (officiers) pendant les cinq années de guerre.


 

3. Le transfert vers l’Allemagne et l’arrivée dans les camps.

 

Le transfert vers l'Allemagne se déroula en plusieurs phases :

* tout d'abord le rassemblement des soldats, en général regroupés par régiment, dans d'anciennes casernes belges ou parfois dans des prairies.

* le transfert proprement dit, parfois à pieds, mais le plus souvent en train ou en bateau.


 

Les conditions de transport sont épouvantables. La chaleur est étouffante. Les prisonniers ne reçoivent quasiment rien à manger et à peine à boire. L'hygiène est nulle. Les conditions du voyage et le manque de tout les marqueront à tout jamais.


 

 

Une fois arrivés au Stalag, les prisonniers sont fouillés sans ménagement puis répartis dans des baraquements, le plus souvent en bois ou en brique. Parfois, les prisonniers doivent édifier eux-mêmes leurs baraquements, logeant pendant ce temps dans des tentes.


 

Les camps sont en général constitués d'une ou plusieurs rangées de baraquements entourés d'une double ceinture de barbelés, souvent flanqués de miradors. Les camps sont pourvus de bâtiments administratifs, d'une infirmerie, d'une poste, de magasins, d'une cantine, de bains et d'un corps de garde.


 

A leur arrivée, les prisonniers manquent de tout. Ils ont pour seuls vêtements leur tenue militaire, et leurs effets personnels sont réduits au strict minimum, lorsqu'ils ne sont pas carrément dépouillés. La nourriture manque, et les trafics de toutes sortes s'installeront petit à petit. Certains prisonniers en arriveront même à échanger leur alliance contre quelques cigarettes.


 

Les flamands et les francophones sont affectés dans des baraquements différents après avoir été douchés, désinfectés, tondus, photographiés et vaccinés contre le typhus et la variole. Ils sont dotés d’une plaque d’immatriculation métallique, doublée à l’administration du camp d’une fiche-papier individuelle. Y figurent un numéro d’immatriculation, une lettre indiquant la nationalité et l’indicatif du camp.


 

Certaines catégories socioprofessionnelles furent toutefois épargnées pour sauvegarder l’économie du pays occupé. De nombreux prisonniers vont ainsi échapper à la captivité : les gendarmes, les médecins, les vétérinaires, les ingénieurs et techniciens, les employés des sociétés distributrices de gaz, d’électricité et d’eau, certains agents de la fonction publique, les ouvriers mineurs et même, parfois, des ouvriers agricoles. Entre mars 1941 et début 1945, on rapatria +/12500 malades ( 3.168 en 1941, 5.110 en 1942, 2.427 en 1943, 1771 en 1944 ).


 

4. La « Flamenpolitik »..


 

Jusqu’en février 1941, les Allemands procèdent systématiquement au rapatriement massif des prisonniers flamands, du moins des conscrits et des réservistes, ainsi que des ressortissants des cantons d’Eupen, Malmedy et Saint-Vith, entre 100.000 et 130.000. Mais la sélection ne visait pas les militaires néerlandophones de l’armée d’active. Ces derniers, au nombre de 2.500, restèrent prisonniers.

 

Les prisonniers flamands furent libérés après leur passage devant des « commissions linguistiques » où siégaient souvent d’anciens activistes flamingants de 14-18. Certains examinateurs se montrent exigeants ; d’autres plus coulants. C’est ainsi que des prisonniers wallons, mais connaissant le néerlandais, furent libérés. Le travail des commissions linguistiques dura jusqu’en avril 1941.


 

Pendant les cinq années de guerre, ± 70.000 prisonniers de guerre, essentiellement des Wallons, restent en captivité dont 4.000 officiers. Au 1er septembre 1942, il restait 70.907 prisonniers de guerre belges en Allemagne.

 

En Belgique occupée, la question de la non-libération des prisonniers de guerre wallons a suscité diverses prises de position. Lors de son entrevue avec Hitler le 19 novembre 1940, Léopold III soulève sans succès la question. À plusieurs reprises, des femmes se mobilisent et en appellent à leur libération. Au printemps 1942, un Comité d’Initiative pour la Libération des Prisonniers wallons lance un vaste pétitionnement dans l’ensemble des communes wallonnes.

 

 

5. Le moral et la vie dans les camps.


 

Les stalags jouent le rôle de « maisons-mères » pour les multiples « commandos de travail » (Arbeitskommandos) progressivement affectés à l’agriculture, à l’industrie, à l’artisanat ou, plus tard, au dégagement des ruines provoquées par les incessants bombardements alliés.


 

Les mouvements de collaboration – Rex en tête – s’intéressent à ces prisonniers, nourrissant l’espoir de les voir venir gonfler les rangs de la Légion Wallonne. Ces tentatives n’eurent guère de succès.


 

Les prisonniers sont de la main d'oeuvre bon marché, dont le III° Reich a besoin pour pallier à la mobilisation de sa population masculine. Ils perçoivent un salaire ( environ 60% du salaire d'un ouvrier allemand). Bien sûr, on décompte les frais de nourriture et de logement. Les journées peuvent compter jusqu'à 12h de travail, et le Kommando est toujours accompagné.


Le traitement et la discipline dans les camps est variable et dépend surtout du commandant. Parfois celui-ci est correct et humain, parfois il est intraitable, voire sadique. Dans l'ensemble, les prisonniers belges sont relativement bien traités, même si les conditions de détention restent pénibles. L'attitude des gardes envers les prisonniers est variable, parfois correcte, surtout venant de soldats issus des classes plus âgées; parfois brutale, surtout dans le cas de gardes issus de la SS. Les coups de crosse sont monnaie courante, et parfois même pire.


 

Dans les travaux où ils étaient affectés, les prisonniers sont amenés à côtoyer d'autres prisonniers, d’autres nationalités. Des contacts se nouent et des liens se créent. Parfois, les contacts ne furent pas toujours amicaux.


 

Dans les camps, la vie s’organise tant bien que mal. Des cercles informels voient le jour. Les questions qui traversent la Belgique occupée y sont également présentes : attitude du roi, critique de la démocratie parlementaire, avenir de la Belgique…Des cours et autres activités culturelles et sportives s’organisent. Des réseaux de sociabilité se mettent en place. Des colis sont envoyés et des lettres échangées, bien sûr censurées.


 

Loin de leurs repères et privés de leur liberté, les artistes-peintres prisonniers trompent l’ennui en réalisant des œuvres souvent réalistes et inspirées de leur vie quotidienne. La production de portraits leur sert parfois de monnaie d’échange auprès des autres prisonniers ou des gardiens pour obtenir des avantages (nourriture, tabac, etc.). L’expression de leur art leur permet de s’évader moralement de leur dure vie de captif.


 

A Bruxelles, une exposition de propagande est même organisée en mars 1942 ; il y en a d’autres dans plusieurs villes wallonnes. On y présente des œuvres réalisées par des prisonniers de guerre belges : des caravelles construites avec des moyens de fortune tels que des boites de conserve, de multiples objets en fer forge ou en bois et jusqu'a des napperons patiemment tissés. Les sujets religieux: crèche, Christ en croix, alternaient avec des evocations des camps sous la neige ou des chambrees.


 

6. Les contacts avec la population locale.


 

À leur arrivée, les prisonniers durent signer un document stipulant qu’ils s’abstiendront d’avoir des contacts avec les femmes allemandes. Ce qui ne fut pas toujours respecté. De part et d’autre, il y avait une frustration sentimentale et sexuelle.


 

Durant leurs travaux avec les Kommando, les prisonniers sont amenés à rencontrer la population civile allemande. Certains se comporteront bien avec les prisonniers, d'autres non.


 

7. L’évolution durant la guerre jusqu’à la libération.


 

Le moral des prisonniers de guerre fluctue :

* au plus bas en 1940 du fait des conditions matérielles très mauvaises ;

* il s’améliore au cours de l’année 1941.

* nouvelle chute à partir de mars 1942 attribuée au sentiment d’abandon, d’une guerre sans fin.

* au début de l’année 1943, une reprise de courage avec l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord et de la défaite allemande devant Stalingrad.

* au printemps 1944, apparaissent des signes d’inquiétude face à la montée de la guerre totale.

* l’année 1945 est rigoureuse : nervosité des troupes allemandes, approvisionnements aléatoires, et bientôt bombardements alliés sur les voies ferrées, les gares, les villes…


 

Les rations « Croix-rouge » et les colis individuels améliorent l’ordinaire. Depuis février 1941 suite aux remarques des délégués de la Croix-rouge, on doit afficher dans les baraquements, les termes de la convention de Genève du 11 juillet 1929 relative à l’amélioration du sort des blessés et malades dans les armées en campagne.


 

Le courrier, censuré, assure le lien avec la famille au pays. Les photographies jointes aux envois permettent de voir grandir les enfants. Pour ceux-ci, le père absent se résume souvent à cette image du prisonnier un peu triste, souvent en groupe avec d'autres prisonniers.

 

8. Printemps 1945 : le retour.


 

À la fin du conflit, il reste 64.608 prisonniers de guerre francophones, soit 0,78 % de la population du pays et 2.392 prisonniers de guerre flamands (0,02 % de la population belge et 0,05 % de la communauté néerlandophone).


 

2.574 tentatives d’évasion furent officiellement recensées doint 768 ont bel et bien réussi. En revanche 1.679 prisonniers de guerre belges décèdent en captivité, victimes de maladies, de mauvais traitements ou des suites de bombardements alliés.


 

Au fur et à mesure de la libération des camps, ce sont les Alliés qui ont la main. Selon les cas, cela va se passer très différemment. Certains sont astreints à de très longues marches, d’autres se dispersent. Les retours s’effectuent peu à peu par tous les moyens disponibles. Mais pour les Alliés, une chose est certaine, ils ne peuvent entraver l’avancée des troupes. Certains seront d’ailleurs repris comme main-d’œuvre au sein des armées alliées.


 

Le 26 mars 1945, le premier contingent de prisonniers de guerre rentre à Bruxelles. Cette mission a été confiée au Commissariat belge au Rapatriement, organisme créé en juin 1944 à l’initiative du gouvernement belge de Londres. Les prisonniers de guerre ne sont qu’une des catégories dont il a la charge. En l’occurrence, il coopère avec le Service des Prisonniers de Guerre dans le cadre du ministère de la Défense nationale.


 

Fin décembre 1945, la grande majorité des prisonniers de guerre belges ( 64.615 ) sont rentrés. La situation reste plus problématique dans la zone occupée par l’Union soviétique.


 

À leur retour, les prisonniers de guerre retrouvent une famille, une épouse, des enfants qui ont grandi. Parfois, des proches ont disparu. Reprendre cette vie n’est pas toujours chose aisée. Il en va de même de la vie en société dans un environnement qui a forcément été bouleversé.


 

Si les anciens prisonniers bénéficient de divers avantages matériels, ils sont considérés comme insuffisants pour compenser cinq longues années de détention. En février 1947, quelque 60.000 ex-prisonniers de guerre défilent ainsi dans les rues de Bruxelles pour réclamer un statut. Ce sera chose faite, quelques mois plus tard, par la loi du 18 août 1947.


 

9. Les frustrations et les revendications.

 

À leur retour au pays, l’accueil officiel est mitigé. Les héros étaient les vainqueurs, les alliés, les résistants, ceux qui avaient gagné la guerre et battu les troupes d’Hitler. Les soldats prisonniers l’avaient perdue.

 

La vie a repris tant bien que mal son cours normal depuis la mi-septembre 1944. Rentrés bien plus tard, tout avait été fait sans eux ; la réinsertion est difficile.

Même accueillis avec émotion dans leur famille, ils sont restés discrets,

«…la plupart de ceux qui sont passés par ces camps se taisent, les uns dans l’amertume de leurs déceptions, les autres par modestie ou par respect pour la mémoire de ceux qui n’en sont pas revenus» (L.G. Dantine, aumônier militaire et prédicateur à la B.B.C.).

 

Se constituant en associations, les anciens P-G réclament la reconnaissance d’un statut officiel. Plusieurs textes sont négociés sans les satisfaire (1945-1946). Il faut une manifestation d’envergure, violente même, le 26 février 1947, pour qu’un titre d’honneur soit reconnu aux PG : la loi du 18 août 1947 crée la Médaille du prisonnier. Les PG sont ainsi reconnus comme des soldats restés dans un service de guerre, celui du mobilisé soumis à une servitude en uniforme.

 

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