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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Le génocide des tziganes: un oubli généralisé.

Publié le 26 Mars 2020, 18:47pm

Un génocide oublié: celui des tziganes.

Le génocide des Tziganes est longtemps resté « une catastrophe invisible ».

Il reste peu connu. Il est très peu enseigné ou même simplement mentionné dans les programmes scolaires.

 

1. Derrière la question du vocabulaire.

 

Pour le génocide des Tziganes, les termes « Porajmos » ( littéralement « dévorer » ), et « Samudaripen », désignent les persécutions envers ces populations pendant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne nazie, dans les territoires occupés et chez ses alliés. En langage tzigane, « Samuradipen » vient de sa- (tous)mudare (tuer) et -ipen (suffixe pour la formation des substantifs). Littéralement : « Tuez-les tous. ». Sans doute l’expression la plus adéquate.

 

2. Les signes avant-coureurs.

 

Comme l’antisémitisme, l’antitziganisme était ( et reste) une plaie en Europe. A plus forte raison dans l’Allemagne nazie. On estime, avant-guerre, que ± 700000 tziganes vivaient en Europe. On doit y inclure tous ceux habituellement dénommés connaît Rom, Gitan, Manouche…

 

Déjà dans les années 30 et 40, les tziganes ont fait l’objet de persécutions de la part de l’Allemagne Nazie et de l’Italie Fasciste.

 

Marginalisés dans une société sédentaire en raison du nomadisme majoritaire chez eux, ils ont été surveillés de près et fichés par la majeure partie des États européens, et ce dès la fin du xixe siècle. Ce fichage a facilité les actions violentes menées contre eux.

3. Dégradation progressive, en Allemagne, sous le régime nazi.

 

Cette méfiance généralisée a encore été exacerbée sous le totalitarisme nazi. La pureté raciale prônée imposait l'élimination de tous ceux qui étaient estimés inférieurs. Deux catégories furent considérées comme des « sous-hommes », des Untermenschen qui menaçaient de corrompre la race: les Tziganes et les Juifs.

 

Au fur et à mesure du durcissement de la politique raciale, les tziganes firent l’objet d’analyses dites « scientifiques ». Ce travail finit par la conclusion que plus de 90 % des tziganes étaient des métis et devaient être considérés comme des « parasites » et des « asociaux ».

 

En 1935, les lois de Nuremberg les rangèrent en marge de la communauté allemande. D’après cette législation, était définie comme Tzigane toute personne comptant plus de deux Tziganes parmi ses grands-parents, était « semi-Tzigane » toute personne comptant un ou deux Tziganes parmi ses grands-parents.

 

Les tziganes furent persécutés en rue et dans les écoles. Himmler lancera contre eux des ordres de déportation en camps de concentration: les femmes furent envoyées à Ravensbrück; les hommes vers Dachau avec des « asociaux » et des opposants au régime.

 

En mai 1940, 3000 Tziganes d'Allemagne furent déportés dans des villages polonais, menacés d'être stérilisés s'ils revenaient sur le territoire du Reich. En août 1940, ce fut l’exclusion des emplois publics. Un an plus tard, un mariage avec un sujet allemand était proscrit.

 

4. La vie dans les camps. L’évolution du génocide.

Les premiers détenus tziganes arrivés à Buchenwald, où ils furent employés dans les kommandos les plus mortels, avaient été arrêtés en mai-juin 1938 au titre d’une vaste opération policière portant le nom de code « Aktion Arbeitsscheu Reich », « Action fainéant ». Catalogués comme asociaux, ils portaient le triangle noir.

 

Quand la guerre éclata et que l’Allemagne nazie envahit de plus en plus de territoires en Europe, les tziganes furent de plus en plus persécutés, déportés et exterminés.

 

Dans les camps de concentration répartis de l’Allemagne à la Pologne, nombre d’entre eux moururent victimes du typhus. Ceux qui se trouvaient à l’ouest de la Russie furent exterminés par les armes et enterrés dans des fosses.

 

Par la suite, les tziganes vont être transférés vers Auschwitz dans des wagons à bestiaux. Là, un « quartier » spécial fut créé et mis à la disposition du docteur Mengele, qui utilisera de nombreux enfants comme cobayes pour ses expériences. Au total 11700 Tziganes ont péri en 17 mois à Auschwitz.

 

5. Et dans les pays occupés ou amis ?

 

Les tziganes vont aussi subir des persécutions de la part de l’Italie fasciste dans des camps s’apparentant aux goulags soviétiques et aux camps de concentration nazis.

 

Le régime de Vichy participa également à ce génocide en les plaçant, dès octobre 1940, dans des camps d’internement, placement facilité par la loi de 1912 ordonnant leur fichage comme « nomades ». Les plus importants se situent à Jargeau (Loiret), Poitiers (Vienne), Moisdon-la-Rivière (LoireAtlantique) et Coudrecieux (Sarthe). Le plus grand camp d’internement pour nomades, le camp de Montreuil – Bellay (Maine-et-Loire) entre en service le 8 novembre 1941. Beaucoup y mourront de faim, de soif et de mauvais traitements. En France, 15 000 Tziganes furent déportés. Très peu ont survécu. Ceux qui échappèrent à la déportation à l’Est restèrent internés jusqu’en… 1946 !

 

En Roumanie, les Tziganes sont déportés à partir de 1941 par le régime d'Antonescu en Transnitrie. Plus de 40000 furent concernés et plus de 10000 y trouvèrent la mort.

 

En Serbie occupée, les Tziganes furent enfermés dans les camps de Staro Sajmiste à Belgrade mais aussi à Nis, à Novi Sad. Ils y furent gazés dans des camions à gaz ou fusillés.

 

En Belgique, fin octobre 43, débutèrent les arrestations massives sur ordre personnel de Himmler. Après ces rafles massives, la traque se fit moins systématique. Le 15 janvier 1944, 351 Tziganes furent embarqués dans le 23e convoi qui conduisit 655 Juifs à Auschwitz. Une douzaine seulement survécurent. Ce convoi fut le seul à emmener, de Belgique, des Tziganes vers la mort. Les conditions de détention des Gitans, à la caserne Dossin de Malines, étaient lamentables.

 

6. La révolte des tziganes à AUSCHWITZ.

 

Un épisode héroïque dans la tragédie imposée par les nazis, leurs alliés et leurs collaborateurs aux Tziganes est aussi largement méconnu que le génocide.

 

Le 16 mai 1944, les femmes et les hommes du "camp des familles tziganes" d’Auschwitz II Birkenau, avertis par le réseau clandestin de la résistance du camp, se sont organisés et ont réussi à repousser les gardes SS venus les conduire aux chambres à gaz. Quand le couvre-feu, le bouclage et l’interdiction de sortir des baraques fut instauré, ils ont attendu les kapos avec des fourches et les ont piqués aux poumons, étranglés au fil de fer et assommé leurs chiens pour aller défier les mitrailleuses avec des pelles.

 

Les meneurs furent assassinés dans les jours qui suivants. Les enfants, les femmes et les hommes qui restaient furent exterminés dans la nuit du 2 au 3 Août 1944.

 

7. Le sinistre décompte.

 

Le nombre de victimes se situe entre 195800 et 240150 personnes. Mais il augmente à mesure que des archives et des fosses sont découvertes, il devrait plutôt se situer entre 300 et 500000.

 

Sur les 30000 internés à Auschwitz, il n’y eut que 3000 survivants. Dans les autres camps, des dizaines de milliers moururent de faim, de maladie, d’épuisement par les travaux forcés. Aux victimes des camps de concentration, il faut ajouter les massacres perpétrés par  l’armée allemande et les unités de la SS et de la police au cours de leurs conquêtes.

 

8. Après la guerre.

 

Après la guerre il y eut un refus presque général de reconnaître le génocide des Tziganes.

 

Dans l’Allemagne vaincue de 1945, pouvaient bénéficier de dédommagement les personnes qui avaient été persécutées pour des motifs racistes, religieux ou politiques. Mais pas les personnes internées en tant qu’« asociaux », ce qui était le cas des Tziganes. En outre, ils n’avaient pas été victimes de la Gestapo mais de la police criminelle. Or la Gestapo fut reconnue comme une organisation criminelle, mais pas la police du Reich dont 80 % du personnel resta en place.

 

C’est seulement en 1979 que le parlement allemand admit enfin le caractère raciste de la persécution des Tziganes par les nazis. La reconnaissance officielle du génocide tzigane interviendra en 1982.

 

Si la France a admis sa responsabilité dans la shoah, elle continue de l'éluder en ce qui concerne le samudaripen. Pour les  6500 Tziganes placés dans des camps d’internement, les libérations se généralisèrent en 1944 et 1945. Cependant, certains ne furent libérés qu’à la fermeture du camp d’Angoulême, lorsque le décret du 6 avril 1940 assignant les Tziganes à résidence fut aboli, en mai 1946 ! De plus, à leur libération, les Tsiganes furent la proie d’un véritable harcèlement. Complètement démunis, lâchés sur les routes, obligés de rentrer à pied dans leurs villes ou villages, perçus par la population avec méfiance et hostilité, ils ne reçurent aucune aide.

 

9. Mémoire tardive: La « Fête de l’insurrection gitane ».

 

La « Fête de l’insurrection gitane » célèbre chaque année, sur le parvis de la basilique de Saint-Denis, le soulèvement, le 16 mai 1944, du « camp des familles tziganes » d’Auschwitz II-Birkenau, sous la forme d’un Spectacle Politique Vivant. Le 16 mai est devenu depuis mai 2015 l’International Rromani Resistance Day.

 

 

 

 

 

 

 

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