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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


1933: les autodafés nazis en Allemagne.

Publié le 5 Avril 2020, 18:25pm

Les autodafés nazis de 1933.

 

« Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes. »

(Heinrich HEINE )

 

« Il n’en faut épargner aucun, car tous ont fait le mal. Il vaut mieux les jeter par la fenêtre dans la cour, en faire une pile et y mettre le feu ou bien les emporter d ans la basse=cour et là, nous ferons le bûcher ... »

Dans Don Quichotte, les paroles de la servante au sujet de la bibliothèque de son maître...

 

1.Autodafé: définition:

 

« Autodafé » est un mot portugais signifiant « acte de foi », une cérémonie de pénitence publique organisée par le tribunal de l’Inquisition durant laquelle celle-ci proclamait ses jugements.

Par extension, l'autodafé désigne l'« action de détruire par le feu ». Ainsi, le concept d'autodafé est couramment utilisé pour caractériser la destruction publique de livres ou de manuscrits par le feu.


 

2. Autodafés nazis.


 

Peu de temps après l'arrivée au pouvoir du NSDAP, en 1933, Hitler, devenu Chancelier, lance une « action contre l'esprit non allemand », dans le cadre de laquelle se développeront des persécutions organisées et systématiques visant les écrivains juifsmarxistes ou pacifistes.

 

Tout devait avoir l'air spontané. Il s'agissait en fait d'une initiative organisée et mise en œuvre par des étudiants allemands sous la direction de la NSDStB, association allemande des étudiants nazis

 

4.Base idéologique en douze points. Les 12 propositions contre « l'esprit non allemand »


 

Elles constituent le préambule de la campagne contre les idées du judaïsme, de la social-démocratie, du libéralisme et contre leurs représentants. Imprimées en lettres gothiques rouges, elles sont affichées dans les universités allemandes et publiées dans de nombreux journaux.

 

 

  1. Un fossé s'est actuellement ouvert entre la littérature et l'identité allemande. Ce fossé est intolérable.

  2. Pureté de la langue et de la littérature dépendent de toi ! C'est à toi que le peuple a confié la tâche de préserver fidèlement sa langue.

  3. Notre ennemi principal est le juif et celui qui l'écoute.

  4. Le juif ne peut penser que comme juif. S'il écrit en allemand, il ment. L'Allemand qui écrit en allemand mais qui publie des idées contraires à l'esprit allemand est un traître. L'étudiant qui produit des pensées et des écrits contraires à l'esprit allemand fait preuve de légèreté et trahit son devoir.

  5. Nous voulons éradiquer le mensonge, nous voulons marquer la trahison au fer rouge, Nous voulons que les étudiants se trouvent non pas dans un état d'ignorance, mais de culture et de conscience politique.

  6. Nous voulons considérer le juif comme un étranger et prendre au sérieux l'identité nationale. Nous demandons donc à la censure que les écrits juifs soient publiés en hébreu. S'ils sont publiés en allemand, il doit être clairement indiqué qu'il s'agit de traductions. La censure doit intervenir contre l'emploi abusif de la langue écrite. L'allemand écrit ne doit servir qu'aux allemands. Ce qui est contraire à l'esprit allemand sera extirpé de la littérature.

  7. Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à apprendre et à faire des choix de façon autonome.

  8. Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à maintenir la pureté de la langue allemande.

  9. Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à triompher de l'intellectualisme juif et de ses chimères libérales sur la scène intellectuelle allemande.

  10. Nous exigeons que les étudiants et les professeurs soient sélectionnés en fonction des garanties qu'ils présentent de ne pas mettre en danger l'esprit allemand.

  11. Nous exigeons que les facultés soient le sanctuaire de l'identité allemande et le lieu d'où partira l'offensive de l'esprit allemand dans toute sa puissance.

  12. Nous exigeons que les facultés soient le sanctuaire de l'identité allemande et le lieu d'où partira l'offensive de l'esprit allemand dans toute sa puissance.

5. Déroulement.

 

Cette publication constituait la première phase.

La seconde phase débuta le 26 avril 1933 par la collecte des « écrits à détruire. » Les étudiants devaient commencer éliminer ( « nettoyer » ) de leur bibliothèque et de celles de leurs proches les ouvrages « nuisibles », puis s'en aux bibliothèques universitaires et aux bibliothèques publiques ainsi que les librairies.

 

Ce qui est navrant, c'est que les professeurs et les recteurs ne se contentèrent pas d'attendre et de venir assister aux autodafés mais collaborèrent à dresser la liste des ouvrages destinés au bûcher. Les professionnels lésés par ces saisies ne protestèrent pas. Les responsables des bibliothèques furent priés de signer cette déclaration :

« Je m'engage par la présente à retirer de ma bibliothèque tous les ouvrages inscrits sur la « liste noire » et à ne plus les prêter. J'ai été averti que le prêt de ces ouvrages est désormais punissable par la loi. »

 

Enfin, avant-dernier stade le 6 mai 1933: pillage général des bibliothèques de prêt et des librairies. Les troupes d'assaut estudiantines se chargent de la collecte et du transport des ouvrages incriminés.

 

Sans pitié. À Berlin, par exemple, les étudiants prennent d'assaut l'institut de sexologie de Magnus Hirschfeld et pillent une bibliothèque contenant plus de dix mille livres.

 

6.Mise en scène des autodafés.

 

Une véritable mise en scène quasi religieuse :

 

« 1er récitant : Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté nationale et un idéal de vie ! » « Je jette dans les flammes les écrits de Marx et de Kautsky. »

« 2e récitant : Contre la décadence et la corruption morale, pour l'éducation et la tradition au sein de la famille et de l'État ! »  « Je jette aux flammes les écrits de Heinrich MannErnst Glaeser et Erich Kästner. »

« 3e récitant : Contre les coups bas idéologiques et la trahison politique, pour le don de soi au peuple et à l'État !» « je donne aux flammes les écrits de Friedrich Wilhelm Foerster. »

« 4e récitant : Contre la valorisation excessive de la vie pulsionnelle qui dégrade l'âme, pour la noblesse de l'âme humaine !» « Je jette aux flammes les écrits de Sigmund Freud. »

« 5e récitant : Contre la falsification de notre histoire et la dévalorisation de ses grandes figures, pour le respect de notre passé, » « je jette aux flammes les écrits d'Emil Ludwig et de Werner Hegemann (en). »

« 6e récitant : Contre le journalisme étranger au peuple et marqué par la judéo-démocratie, pour une participation consciente et responsable à l'œuvre de construction nationale ! »
« je jette aux flammes les écrits de 
Theodor Wolff et Georg Bernhard. »

« 7e récitant : Contre la trahison littéraire visant les combattants de la première guerre mondiale, pour l'éducation du peuple dans un esprit qui lui permette de prendre les armes pour sa défense »
« Je jette aux flammes les écrits d'
Erich Maria Remarque. »

 

« 8e récitant : Contre la dénaturation barbare de la langue allemande, pour la protection du bien le plus précieux de notre peuple ! » «  Je jette aux flammes les écrits d'Alfred Kerr. »

« 9e récitant : Contre l'impudence et l'affectation, pour le respect et la vénération de l'immortel esprit du peuple allemand ! »
« Dévorez aussi, Ô flammes, les écrits de Tucholsky et de 
Ossietzky ! 

 

7. Point culminant.

 

Le 10 mai 1933, le mouvement atteint son point culminant, au cours d'une cérémonie savamment mise en scène devant l'opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants et des membres des instances du parti nazi.

Parallèlement, des bûchers furent allumés le 10 mai 1933 dans 21 villes universitaires allemandes :

BonnBrêmeBreslauBrunswickDortmundDresdeFrancfort-sur-le-MainGöttingenGreifswaldHanovreHannoversch MündenKielKönigsbergLandauMarbourgMunichNurembergRostockWorms et Wurtzbourg.


 

En raison de fortes pluies, l'événement dut être repoussé dans certaines villes, ce qui fait qu'entre le 10 et le 19 mai on signale encore huit autodafés:

le 12 à Erlangen et Halle, le 15 à Hambourg, le 17 à Heidelberg, le 19 à Mannheim et Cassel (avec 30 000 participants). L'événement prévu le 19 mai à Fribourg est annulé sine die en raison de la pluie. Le dernier bûcher s'embrase le 23 juin à Mayence alors que le premier avait eu lieu le 8 mai à Giessen.


 

8. Quelques couacs.


 

Quelques universités sauvèrent leur honneur: StuttgartTübingen et Singen.

A Darmstadt en raison de la situation particulière de la ville, dont la municipalité est dominée par le Front populaire, l’association des étudiants signala qu’il « ne sera pas possible d'organiser une manifestation publique. »

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