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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


1918: Naissance de la Yougoslavie, conséquence de la première guerre mondiale.

Publié le 31 Janvier 2019, 18:15pm

1918-1919 : Naissance de la YOUGOSLAVIE.

 

  1. La situation avant 1914.

     

Détruite dans la douleur au début des années 1990, la Yougoslavie fut-elle jamais une « nation »  Comme la Tchécoslovaquie, elle est issue du démantèlement de l'empire Austro-Hongrois. Comme elle, c'est un « état improbable », rejeton de 14-18.

 

Avant 1914, la Serbie était un état indépendant. Elle avait acquis son indépendance après trois révoltes contre l'occupation ottomane au cours du 19°siècle. Le Kosovo et la Macédoine centrale lui avaient été attribués. La Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie faisaient partie de l'espace impérial austro-hongrois car rattachées historiquement au royaume de Hongrie.

 

En 1906, un groupe d'intellectuels avait proposé la création des « Etats-Unis de la grande Autriche ». Ce projet, sans succès en 1906, inspira finalement les négociations de paix et le démantèlement de l'Autriche-Hongrie en 1918.

 

En 1908, est fondée la Société de Défense Nationale (Narodna Odbrana). Son objectif: promouvoir la révolte anti-Habsbourg. La Main noire créée en 1911 prend contact en 1912 avec le groupe Jeune Bosnie, duquel est issu Gavrilo Princip qui assassina l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche le  à Sarajevo, déclenchant ainsi la Première Guerre mondiale.

 

2.La situation durant la guerre.

 

En juin-juillet 1917, le comité yougoslave ( représentant les Slaves du Sud dépendant de l'Empire Ausro-Hongrois ) rencontre le gouvernement serbe à Corfou. L20 juillet, est signée une déclaration établissant la fondation d’un État. Le préambule déclare que les Serbes, Croates et Slovènes sont identiques par le sang et la langue. Le nouvel État sera nommé « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes " et sera une monarchie constitutionnelle. Le traité s'accorde aussi pour que les unités des Slaves du sud déserteurs de l'armée austro-hongroise, prisonniers en Russie et mobilisés pour combattre avec les Alliés combattraient sous le commandement de la Serbie et non au nom de la Yougoslavie.

 

Quand l’Empire des Habsbourg s'effondre, un Conseil national des Slovènes, Croates et Serbes a lieu à Zagreb le 6 octobre 1918. Le 29 octobre le Sabor croate déclare son indépendance et la création de l’État des Slovènes, Croates et Serbes. Le Comité yougoslave reçoit pour tâche de représenter le nouvel État à l’étranger. Nul n’aurait pu imaginer, en 1914, que la si puissante monarchie impériale et royale des Habsbourg disparaîtrait quatre ans plus tard !

3.La naissance difficile en 1918.

 

Le 1° décembre 1918, naît officiellement le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes ». C'est une fédération qui rassemble autour de la Serbie  des provinces et d'anciens royaumes sortis des décombres de l'Autriche-Hongrie : la Slovénie et la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le royaume du Monténégro, la Voïvodine hongroise, la Dalmatie autrichienne, ainsi que la Carniole et des parties de la Carinthie et de la Styrie enlevées à l'Autriche.


 

Ils avaient certes toujours vécu en paix entre eux, mais n'avaient aucune histoire vraiment commune. Si les Slovènes, les Croates et le Monténégro acceptent de se fondre dans le nouveau royaume c'est surtout pour échapper aux visées que l'Italie avait sur les rives de l'Adriatique. Mais c'est sans enthousiasme que les uns et les autres acceptent le leadership serbe.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Les Serbes tirent fierté de s'être émancipés de l'empire Ottoman dès 1830. Ils revendiquent aussi un rôle moteur dans la Grande Guerre de 1914-1918 qui a conduit à la dislocation de l'empire austro-hongrois et à la libération des autres Slaves du Sud.

Le nouvel état réunit sous le sceptre des Karageorgevitch tous ces anciens royaumes ou provinces. Il prit le nom de Royaume de Yougoslavie le 3 octobre 1929.

 

Dès le départ,les choses ne se déroulent pas bien. Apparaissent déjà les ferments de la future désunion. Des désaccords se manifestent à propos des termes de l’union proposée avec la Serbie. Deux visions s'opposent: le projet fédéraliste d'inspiration germanique, défendu surtout par les Slovènes et les Croates, et le projet centralisateur d'inspiration française, défendu surtout par les Serbes. Svetozar Pribićević, un Serbe de Croatie, président de la coalition croato-serbe et vice-président de l’État, souhaite une union immédiate et sans condition. D’autres, en faveur d’une fédération yougoslave, étaient plus hésitants, craignant que la Serbie n'annexe simplement les territoires sud-slaves de l’ex-Autriche-Hongrie.

 

L’autorité du Conseil national était limitée et les Italiens revendiquaient d'annexer davantage de territoires que ceux qui leur avaient été concédés par l'accord avec le Comité yougoslave. Les opinions politiques étaient divisées et les ministres serbes avaient dit que si les Croates insistaient sur leur propre république ou une sorte d’indépendance, alors la Serbie ne prendrait que les territoires habités par des Serbes et déjà occupés par l’armée serbe, laissant la Croatie se débrouiller seule face aux Italiens. Après de longs débats, le Conseil national accepte l’union avec la Serbie, sous réserve que l’organisation finale de l’État soit décidée par la future assemblée constituante (déclaration finale).

 

Le plus farouche opposant à cette décision était le croate Stjepan Radić, président du Parti paysan croate (HSS).

4. Les difficultés de l'entente.

 

Cet état est un véritable puzzle. Il réunit, tant bien que mal :

- le royaume de Serbie (précédemment indépendant), de langue serbo-croate et à majorité chrétienne orthodoxe, mais qui inclut l'actuelle Macédoine , et le Kosovo alors déjà aux deux tiers albanophone et musulman. La définition des frontières serbes provoqua un conflit avec l'Albanie en 1921, résolu pacifiquement par la Société des Nations. L'alphabet est cyrillique.

- le royaume du Monténégro , indépendant, de langue serbo-croate et à majorité orthodoxe.

- la Voïvodine (précédemment hongroise), majoritairement de langue serbo-croate et orthodoxe, mais comptant d'importantes minorités allemandes, magyares, roumaines et autres.

- la Bosnie-et-Herzégovine (précédemment austro-hongroise), de langue serbo-croate, et où orthodoxes et musulmans étaient en nombre sensiblement égal avec une forte minorité catholique.

- la Croatie (relevant précédemment de la couronne de Hongrie pour le Zagorje et la Slavonie, et de la couronne d'Autriche pour la Dalmatie et Dubrovnik), de langue serbo-croate et à 2 tiers catholique et un tiers orthodoxe serbe. L'alphabet est l'alphabet latin.

- la Slovénie (relevant précédemment de la couronne d'Autriche), de langue slovène et entièrement catholique.

 

Avec trois religions, deux alphabets, quatre langues et davantage encore de nationalités, le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes paraît aussi fragile que les empires austro-hongrois et ottoman dont il est issu. Un autre problème, au moins aussi sérieux que le diversité religieuse, linguistique et historique, était la cohabitation des anciens combattants revenus de la guerre.

 

  1. La difficile coexistence des souvenirs de la guerre.

    Sergent Serbe

Ils avaient combattu dans des armées différentes et s'étaient parfois affrontés. En 1918, la Serbie jouissait d’un immense prestige, tant à cause de son « martyre » avec des pertes humaines estimées à 1,1 million de morts, militaires et civils ( soit plus du quart de sa population d’avant-guerre ) que de son « héroïsme », illustré par l’engagement de ses hommes dans la longue campagne du Front d’Orient.

 

Des dizaines de milliers de soldats bosniaques, croates ou slovènes avaient porté l’uniforme austro-hongrois et étaient morts sur des champs de bataille qui allaient du front italien au front russe. Les troupes bosniaques de montagne eurent d’énormes pertes dans les sanglants combats menés contre l’Italie sur le front de l’Isonzo, notamment à la bataille de Caporetto.

 

La Première Guerre mondiale fut aussi la première de l’histoire où s’affrontèrent des soldats croates et serbes, car ils se trouvaient dans les deux camps opposés.

Fin 1915, la Serbie fut submergée par les armées autrichiennes et allemandes. Le roi, le gouvernement et l’armée, ravagée par le typhus, durent s’engager dans une terrible retraite à travers le Kosovo et l’Albanie. Reformées avec le soutien des Alliés, les troupes serbes participent ensuite aux combats du Front d’Orient

La France a joué un rôle certain dans la création de la Yougoslavie. Ce nouvel état était perçu à Paris, comme une manière d'affaiblir le monde germanique. La relation privilégiée entre Paris et Belgrade au cours de la première moitié du XXe a rendu les autorités françaises sourdes aux récriminations des Croates et des Slovènes à l'égard d'un État yougoslave qu'ils avaient contribué à créer, mais qui était devenu une sorte de Grande Serbie.

 

Dans le même temps où les combattants s'opposaient, beaucoup d’intellectuels et de responsables croates ou slovènes aspiraient à une réunion des peuples sud-slaves des Balkans. Ils prirent langue avec le gouvernement serbe en exil et s’engagèrent dans la création d’un Etat commun. Le caractère serbe et très centralisé du nouveau royaume créé en 1918 déçut d’ailleurs bien vite les aspirations fédéralistes de ces chantres de l’unité. 

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