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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Une Libération tachée de sang : GOESNES, le 7 septembre 1944.

Publié le 6 Décembre 2024, 17:29pm

GOESNES

7 septembre 1944 :

Une Libération tachée de sang.

1. Contexte général.

La libération de la Belgique par les troupes alliées en septembre 1944 marqua la fin d’une Occupation allemande particulièrement dure. En quelques jours, la Belgique fut libérée. Les alliés sont arrivés en Belgique le 2 septembre.

Arrivée annoncée le samedi 2 septembre, vers 22 h 30, par Radio-Londres. Le 3 septembre, la nouvelle se répand d’une maison à l’autre, on se dit que TOURNAI, CHARLEROI et NAMUR sont libérés. Et, dans la même journée, suivirent ATH, COUVIN, BRUXELLES, HAL, RENAIX et SOIGNIES.

Ensuite, le 4 septembre, c’est le tour de ANVERS, ALOST, MOUSCRON, LOUVAIN et MALINES.

Le 5, GEMBLOUX est aussi libéré.

Le 6, COURTRAI, DIEST, GAND, YPRES, NAMUR et ANDENNE voient arriver les Alliés. En province de Liège, HUY est libéré le 6 septembre, WAREMME, HANNUT et LIEGE rive gauche le 7 ; LIEGE rive droite le 8......

Maintenant, quelle date doit être choisie ( ou a été choisie ) par les communes, les villages, comme date de leur Libération : la date à laquelle leur région a été reprise ou la date à laquelle les Alliés se sont installés, ou du moins montrés, dans la localité ?

Ainsi, la Task Force Lovelady passe par les communes et les villages de Yernée, Saint-Séverin, Rotheux, Neuville-en-Condroz, Plainevaux, avant d’atteindre Tilff le soir du 7 septembre. Alors que la ville de LIEGE ne sera délivrée que le 8 septembre. Alors qu'ESNEUX n’est atteint que le 9 septembre, deux jours après Tilff !

Pour l'ancienne commune de GOESNES ( actuellement section de la commune d'OHEY ), la date de passage des Alliés ( les américains ) est le 7 septembre.

Le 7 septembre, les habitants du hameau de Goesnes furent avertis que des colonnes, impressionnantes, de troupes américaines défilaient, de façon ininterrompue, sur le « tige » de Sart Doneux, en direction de MARCHIN où ils s'installèrent. ( En wallon « Tîdje » c'est, anciennement, une route de terre, longeant le sommet d'une crête. )

Un habitant de MARCHIN témoigna plus tard :

« Nous avons su que les Américains arrivaient parce qu'on les voyait de loin sur la route au Sart Doneux. Un tank allemand avait traversé Molu et se dirigeait vers Modave. Un peu après, un tank américain est arrivé et traversa notre campagne à sa poursuite vers Vyle. Il est allé démolir l'Allemand un peu avant Modave près du terrain de football ».
...........
«  Deux ou trois jours après le départ des Allemands, les Américains sont venus camper à l'école de Molu: il y ont installé un poste de Croix Rouge. Les enfants du village allaient leur parler et ils recevaient des chewing-gums. Les Américains distribuaient aussi des cigarettes et du chocolat ».

De la façon dont il s'exprime « ...on les voyait de loin sur la route au Sart Doneux. » Il s'agit sûrement d'un habitant du hameau de Molu.

2. Episode tragique à GOESNES.

Quelques jeunes hommes du hameau de Goesnes, dont certains faisaient partie de la Résistance ou, en tout cas en étaient sympathisants décidèrent de se rendre à la rencontre des libérateurs.

Parmi eux Jean HUBERT.

A près de 200 mètres de la route empruntée par les américains, ils croisèrent, malencontreusement, un petit groupe de soldats allemands qui tentaient de se camoufler. La tradition orale dit qu'il d'agissait de soldats SS.

Jean HUBERT eut un réflexe qui s'avéra néfaste: les faire prisonniers pour les livrer aux américains. Il en maîtrisa un mais fut tué d'un coup de fusil par un autre qu'il n'avait pas vu.

Pris de panique, ses camarades rejoignirent, en courant, le village pour y annoncer la mauvaise nouvelle, sans que les allemands ne tentent rien contre eux.

 

Le soir même, les premières jeeps américaines, cantonnées à MARCHIN, faisaient le tour du village. Les derniers soldats allemands avaient été faits prisonniers ou étaient parvenus à disparaître.

 

Le 11 septembre, eurent lieu les funérailles de Jean HUBERT au village de GOESNES.

 

Selon ce que mes parents et les anciens du village ont souvent raconté, cela se déroula dans une atmosphère particulière. Atmosphère où se mélangeaient la tristesse de perdre un jeune, la révolte contre la malchance si près de la Libération mais aussi, pour la première fois, l'expression de la Liberté retrouvée.

 

Alors que quatre jours plus tôt, la population était sous le joug allemand, ces funérailles furent la première manifestation publique où pouvaient réapparaître les drapeaux belges, où était jouée la Brabançonne !

 

Un discours patriotique fut prononcé par l'instituteur en chef de l'école communale, M. Georges WILMET. Chose impensable quatre jours plus tôt !

Discours prononcé lors des funérailles.

 

 

Le cercle noir représente l'endroit du drame.

Le cercle rouge, l'endroit du Monument.

On peut voir le fameux "Tige de Sart Doneux."

3. Quelques mots sur Jean HUBERT.

 

Jean HUBERT

Jean HUBERT fit son service militaire chez les Chasseurs ardennais. Lors de la mobilisation, il les rejoignit.

Signaler qu'il fut Chasseur ardennais n'est pas anodin. C'était un régiment entraîné au combat. En principe, leur mission première était de défendre les Ardennes. Les Ardennes avec les forêts, un relief accidenté et des routes sinueuses auraient dû constituer un obstacle si pas infranchissable du moins très ardu à conquérir.

 

A titre d'exemple : lors des manœuvres d'août 1939, les régiments de chasseurs ardennais avaient comme consigne de multiplier les erreurs en opération, à la fois pour tromper les services de renseignements étrangers sur les plans et la qualité de l'armée belge et pour dissimuler aux habitants du Luxembourg belge le fait qu'une partie du territoire, autour d'Arlon, devait être évacué sans combat...

 

En 1940, lors de l'invasion, les Chasseurs ardennais futrent répartis en deux divisions, ils effectuèrent destructions et combats retardateurs en Ardenne, avant de rejoindre le reste de l'armée sur la Dendre et de participer à la Bataille de la Lys.

 

A l’aube du 28 mai les chasseurs ardennais doivent déposer les armes. Pour certains d’entre eux, l’aventure continuera dans les Forces belges libres, tandis que d’autres entretiendront l’esprit « chasseur » dans les maquis des Ardennes.

 

Après guerre, beaucoup de Chasseurs ardennais affirmaient « Chasseur ardennais, je ne me suis pas rendu »

Le panache des Chasseurs ardennais durant la campagne des 18 jours leur vaudra l’attribution de la fourragère 1940 et l’inscription des noms sur les drapeaux, chars et boucliers d’artillerie : ARDENNES — VINKT — LA LYS — LA DENDRE — CANAL ALBERT — BELGIQUE 1940.

Jean HUBERT fut fait prisonnier et détenu à BASTOGNE. Mais il fut libéré très tôt. La détention des prisonniers qui travaillaient dans des emplois spécialisés dans la vie civile avait créé de nombreux problèmes en Belgique. Dès lors les prisonniers ayant, dans le civil, une profession spécialisée, furent relâchés.

Par erreur, Jean HUBERT en faisait partie. Les allemands avaient décidé de libérer les ouvriers mineurs. Sur la carte de Jean HUBERT figurait comme profession « Ouvrier mineur ». Mais il ne s'agissait pas de mines de charbon mais de mines de terre plastique, la « derle » ( Djèle, en wallon ). La rigueur administrative allemande n'avait pas aperçu la différence !

4. Le Monument commémoratif.

Jean HUBERT faisait partie de l'Armée Secrète.

Insigne de l'Armée Secrète.

Le Monument, typique de l'Armée Secrète, fut érigé non pas sur les lieux du drame mais à l'angle de la Rue du Pilori et du Chemin de Tahier. Le choix se porta là car l'ancienne commune de GOESNES ne possédait aucune place publique.

Cet endroit était un des seuls qui pouvait en faire office, il faisait partie d'un « sart de commune », un terrain appartenant à la commune. Cet endroit était appelé par les anciens du village « Le Baty ».

Dans le dialecte namurois, « bati » a, en général, le sens de « agglomération de maisons, terrain planté ou non qui forme la place publique d’un village ou lieu planté d’arbres servant de promenade publique ».

En outre, il était situé en regard de la maison familiale.


 

Pierre BEAUJEAN

Directeur régional de la FNC

( selon la tradition familiale )


 

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