La presse clandestine à la veille de la Libération :
un exemple atypique :
« L'Alouette », Journal indépendant publié à MONS.
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J'ai cherché à varier les sources, à chercher une publication en dehors des réseaux de Résistance. Le sort est tombé sur « L'Alouette », qui se présente comme « indépendant » et qui a commencé à être publié en 1943.
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J'ai parcouru les diverses parutions de ce journal ; il est quasiment impossible de lui donner une appartenance politique.
Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il était manifestement rédigé par des intellectuels.
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Voici l'article ( éditorial ? ) qui en assure la présentation en août 1943 :
Belle littérature. Mais, comme l'auteur le dit lui-même « sans aucun esprit partisan l’ALOUETTE fera de son mieux pour compléter ton information. »
De gauche, de droite ? Proche de tel ou tel mouvement de résistance ? Jamais un mot...Son but est écrit plus haut : « complète sous une forme nouvelle la lutte que des hommes livrent à l'oppresseur ».
C'est réducteur et un peu orgueilleux. On n'a pas attendu août 1943 pour publier des journaux clandestins. On n'a pas attendu L'Alouette...
Ami Lecteur, Semblable à l’oiseau matinal qui, de son chant, salue l’aurore, l'humble feuille que nous te présentons aujourd'hui, salue l’AURORE de la LIBERATION. En même temps qu’elle complète sous une forme nouvelle la lutte que des hommes livrent à l'oppresseur, sans aucun esprit partisan l’ALOUETTE fera de son mieux pour compléter ton information. Elle te fera aussi connaître comment luttent et meurent des Belges de toutes opinions. Elle démasquera les traîtres, parfois bons Belges en apparence, et cette poignée de mercantis et de mercenaires qui, par cupidité ou par paresse affament et affaiblissent la Nation. Comme tu l'a voulu, Ami Lecteur, les buts de l’Alouette sont pareils à ceux d'autres modestes feuilles pour lesquels tant de braves sont tombés. C’est en mémoire de ceux qui ont payé de leur vie le bonheur immense pour nous tous de revoir un jour le soleil de la Liberté que ton devoir t'impose de ne pas détruire, voir même de retenir captive l'Alouette, car d'autres moins bien informés que toi ont besoin de la lire. |
Trouvé, dans le n° d'août 1943, cet article qui y fait le rapprochement entre la situation en Italie avec la situation russe de février 1917 mais semble souhaiter d'éviter l'évolution connue en octobre 1917.
RUSSIE 1917 ITALIE 1945. L'Italie vit les journées les plus sombres et sans doute les plus belles de son Histoire. Un peuple d'esclaves se soulève et brise les chaînes qui le tenaient captif. Le tyran est chassé et avec lui la vermine qu'il avait engendrée. Le monstre est vaincu, demain, il aura cessé d'exister. Les ténèbres seront son empire, lui qui ne rêvait que domination. Tout comme le peuple russe qui se révolta en février 19I7 contre le régime tsariste et manifesta par les rues de Moscou et de Pétrograde aux cris de « La Paix » et " La Liberté", le peuple italien se révolte aujourd'hui contre la tyrannie fasciste ..et manifeste par les rues de Milan, Turin et autres villes, aux mêmes cris de « La Paix » « La Liberté ». |
Quant à connaître réellement l’orientation politique, ou, au moins morale ou philosophique, nous sommes un peu plus éclairés à la lecture de l’article ci-après, publié en août 1944.
Les trois premiers paragraphes pourraient être les trois premiers paragraphes une belle dissertation…
Le passage concernant la Société des Nations est la description des problèmes de la SDN. C’est court ; c’est bref ; mais ces quelques lignes sont suffisantes.
En revanche, toute la dissertation concernant ce qu’il y avait à faire dans l’Allemagne après la capitulation est un projet, une projection, un souhait. On parle d’abord longuement de ce qu’on a appelé, après coup, la « dénazification ». On ne peut qu’y souscrire !
Par contre, les quelques lignes relatives à la nécessité de ne pas démembrer l’Allemagne, nous avons vu ce qu’il en est devenu !
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Finalement, dans une étude de Fabrice MAERTEN, « Jeunesse et Résistance. Entre mythe et réalité Le cas du Hainaut, 1940-1944 on en dit un peu plus :
« Enfin, si comme dans les autres organes du FI, les jugements de valeur et les perspectives d’avenir sont rares, L’Alouette, clandestin montois de gauche, il est vrai non affilié officiellement au FI… »