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Le ravitaillement en Belgique en 40-45
Et
Le marché noir
1. Rapidement, la situation devient critique
Les années de guerre sont, en Belgique comme ailleurs, souvent synonymes de pénurie alimentaire.
Pour survivre, les Belges durent se contenter de la production agricole nationale. Il y avait aussi l'apport de l'une ou l'autre livraison de produits alimentaires venant d'autres pays occupés. Comme ceux-ci étaient soumis aux mêmes contraintes que chez nous, on s'imagine bien que cela ne pouvait suffire.
Les vraies restrictions entrèrent en vigueur très tôt, le 25 mai 1940. Dès le mois d’août 1940, les premiers problèmes liés au ravitaillement se posent. Pour éviter une famine parmi la population et donc la grogne, la rébellion ou la résistance, l’occupant met en place un plan de cultures obligatoires. Les agriculteurs ne sont pas très heureux de ce plan et rechignent à devoir cultiver des denrées qui seront réquisitionnées par les Allemands, telles que le colza, la betterave, les pommes de terre ou les céréales; mais ils obéirent.
2. Le rationnement se met en place.
Cette situation rendit inévitable un système de ravitaillement. Chaque citoyen reçut une carte de ravitaillement. Celle-ci ouvrait le droit d'obtenir, mensuellement, des timbres lui permettant d'acheter sa ration alimentaire. Dans chaque commune, un commis au ravitaillement était chargé de leur distribution.
Les rations prévues garantissaient 1350 calories par jour. A titre de comparaison, 2000 calories par jour auraient été nécessaires et, avant-guerre, la moyenne était de 2700 calories par jour.
Tableau du rationnement de juin 1941
Produits |
Ration quotidienne |
Total mensuel |
|
Au choix : a) pain de ménage b) farine légale c) pâtes alimentaires de farine de froment blutée à 85% d) pâtes alimentaires de farine de seigle blutée à 72% e) biscottes de farine de froment blutée à 72% f) aliments de régime g) pain d'épices h) pâtisseries |
225 gr 170 gr
150 gr
125 gr
125 gr 175 gr 250 gr 450 gr |
6 kg 750 5 kg 100
4 kg 500
3 kg 750
3 kg 750 5 kg 250 7 kg 500 13 kg 500 |
|
Orge torréfié |
3,3 gr |
100 gr |
|
Margarine Beurre Sucre ( raffiné, cristallisé, candi, cassonade ou autre ) |
3,3 gr 11,7 gr
66 gr |
100 gr 350gr
2 kg |
|
Féculents : gruau d'avoine, légumes secs, riz, maïs... |
66 gr |
2 kg |
|
Viandes ( fraîche, congelée, en conserve ) |
35 gr |
1 kg 050 |
|
Miel artificiel, sirop de sucre, pâtes à tartiner. Confiture et gelée, sirop de fruit ou de betterave, pâtes de fruits ( min 30% de sucre ) |
5 gr
7,5 gr |
150gr
225 gr |
|
Pommes de terre |
500 gr |
15 kg |
|
Le Moniteur belge annonçait chaque mois ce que serait, en principe le rationnement des denrées alimentaires.
Ainsi, du 7 mai au 5 juin 1941, le rationnement des denrées alimentaires était fait suivant le tableau ci-dessous.
Voilà ce qui était paru au Moniteur belge n°124 du 4 mai 1941:
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3. Conséquences inévitables.
Ces restrictions donnent naissance à deux pratiques :
1 ) la vente et l'échange de ces timbres. Ceux qui possédaient des jardins privés savaient se passer de certains produits rationnés, dès lors les timbres correspondants devenaient libres...
2 ) pire : l'apparition d'un commerce parallèle, un marché noir prospère où les prix grimpent. Dans les campagnes, on s'en tire encore, chaque famille a son jardin, son verger, élève des lapins, de la volaille, possède un cochon, quelques vaches...mais dans les villes la misère est grande.
Le glanage est largement pratiqué après la moisson.
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4. Le phénomène du marché noir.
Comparaison des prix de détail entre les deux marchés ( officiel et noir)
Juillet 1943 ( en francs belges )
Produits |
Unité |
Prix officiel |
Marché noir |
Pain de ménage Pommes de terre Fromage Lait Oeufs Beurre de ferme Café Sucre Chocolat Macaroni Bière Graisse de boeuf Entrecôte Lard Chemise Costume Chaussures Tabac Savon Charbon |
Kg Kg Kg L P Kg Kg Kg Kg Kg L Kg Kg kg
Kg Kg Kg |
2,88 2,44 29,13 2,75 1,61 41,60 29,00 7,90 16,00 9,00 2,68 15,00 34,63 26,45 176 1892 283 105 8 580 |
38 6,80 270 8,50 8,80 255 1675 120 816 82 ? 342 175 278 286 4702 1133 270 95 2 |
On voit certaines multiplications, surtout pour des produits d'utilisation courante: le café, plus de 50 fois; le pain,+/- fois 13; le chocolat, fois 50; le savon,fois 12; le fromage, fois 9...
On comprend facilement avec quelle joie, les alliés furent accueillis avec leur chocolat !
On comprfend aussi facilement une des raisons de l'Opération Gutt !
5. Et cela a duré.
Jusqu'à la fin de la guerre...et avec des reliquats plus tard.
Ainsi...
Novembre 1946 :
Le rationnement est jugé « contraire à la politique d’abondance ». On cesse de rationner certaines denrées après un examen consciencieux des potentielles conséquences de cette libéralisation. Ce sont d’abord des denrées secondaires qui font leur entrée sur le amrché libre ; la chicorée, le sucre vanillé, les conserves.
Mars-avril 1947 :
Les prix de la confiture, du café, de la pomme de terre, du chocolat, de la viande de mouton sont progressivement libéralisés.
1948
On cesse de rationner les denrées les plus essentielles ou celles qui ont le plus manqué.
1er mai 1948 :
Le beurre cesse d’être rationné.
1er décembre : Le pain et l’huile cessent d’être rationnés.