Missak MANOUCHIAN
a fait son entrée au Panthéon ce mercredi 21 février.
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Missak MANOUCHIAN
Missak MANOUCHIAN est né le 1er septembre 1906 à Adiyaman, en Anatolie centrale (aujourd’hui situé dans le sud de la Turquie) dans une famille de paysans chrétiens arméniens. ,
En 1915, devenu orphelin après la mort de ses deux parents lors du génocide arménien, il est envoyé dans un orphelinat francophone au Liban. Là débute son activité comme poète.
Arrivé en France en 1924, il travaille comme menuisier.
Il déménage à Paris en 1925 et assiste en tant qu’auditeur libre à la Sorbonne. Il fonde une revue littéraire, « Tchank ».
En 1927, il est embauché comme tourneur aux usines Citroën. Il est licencié à la suite du krach de 1929.
En 1934, il adhère au Parti Communiste et rencontre celle qui deviendra sa femme en 1936, Mélinée ASSADOURIAN, au bal annuel du Comité de secours à l’Arménie (HOG), lié au PCF.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est détenu à la prison de la Santé parce qu’apatride et communiste.
Sans rancune, il fait partie des 83000 étrangers à se porter volontaires pour le combat. Il entre dans la Résistance en 1941 mais est à nouveau arrêté et emprisonné à Compiègne. Il sera libéré aucune charge n'étant retenue contre lui.
En février 1943, il rejoint les Francs-Tireurs et Partisans – Main d'Oeuvre Immigrée ( FTP-MOI ).
Entre août et novembre 1943, il participe à la lutte armée contre l’occupant allemand. Il est chef des Francs-tireurs et partisans Main-d’œuvre immigrée (FTP – MOI ). Le groupe mène des actions de sabotage et de diverses attaques dont l'assassinat rue Pétrarque à Paris de Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire.
Il a contribué à la formation du « groupe Manouchian », un groupe de résistants étrangers proches du Parti communiste, l’un des mouvements armés les plus actifs de la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale.
D'aucuns insistent sur familiarité de la famille MANOUCHIAN avec les parents de Charles AZNAVOUR, sympathisants communistes, engagés dans la Résistance. Ils y menaient une activité très importante dénommée, le « Travail allemand ». Cette activité visait la démoralisation des soldats allemands et l'assistance à leur désertion ainsi que le recrutement d'agents allemands pour le renseignement. Activité extrêment risquée...
On doit mettre à l'actif de son groupe l'exécution, le 28 septembre 1943, du général Julius RITTER, chargé pour la France de la mobilisation de la main-d'œuvre ( STO ).
Les groupes de Manouchian accomplirent près de trente opérations dans Paris du mois d'août à la mi-novembre 1943
Arrêté le 16 novembre 1943, Missak MANOUCHIAN a été fusillé par les Allemands quelques mois plus tard avec 21 de ses camarades dau Mont Valérien à Suresnes (Hauts-de-Seine), dans une petite clairière du fort.
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Son épouse, cachée par les AZNAVOURIAN, échappa à la police.
En février 1944, la propagande allemande placarde la fameuse et célèbre « Affiche rouge » à 15 000 exemplaires, complète un tract, une brochure, un film pour les actualités cinématographiques et des passages à la radio et à la presse écrite, notamment un reportage du journal collabo « Signal ». Cette affiche porte en médaillons noirs les visages de dix des condamnés à mort. Celle de MANOUCHIAN a cette inscription : « Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés ».
Pour discréditer la Résistance aux yeux de la population, l'affiche jouait sur les pires ressorts de la peur et de la xénophobie.
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L'affiche rouge
Rien n'était laissé au hasard : la couleur rouge de l'affiche évoquait l'appartenance au parti communiste et aussi le sang versé. Sept des dix des fusillés y sont présentés comme Juifs, alors que pour la plupart ils avaient rejeté lejudaïsme.
Cette propagande produit l'effet contraire à celui escompté : elle transforma un personnage jusque là obscur en héros, qui devint pour la Résistance l'emblème du martyre.
Voici le texte de la dernière lettre de MANOUCHIA à son épouse :
« 21 février 1944, Fresnes.
Ma chère Méline, ma petite orpheline bien aimée,
[…] je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand […] Bonheur ! à tous ! J’ai un regret profond de ne pas t’avoir rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse [...]
Tu apporteras mes souvenirs, si possible, à mes parents en Arménie. Je mourrai avec 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant au soleil et à la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie […]
Manouchian Michel. »
Pendant 80 ans, il a reposé au « carré des fusillés » du cimetière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) où sa femme l’a rejoint en 1989.
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Poème de Paul ELUARD