UN RAMASSIS DE COLLABOS, L'UTMI.
1. Mai 1940 : premier grand traumatisme.
L'invasion allemande du 10 mai 1940 a provoqué la dispersion des responsables syndicaux. Beaucoup se réfugièrent en France. Les forces syndicales belges furent anéanties à l'instar de toutes les forces vives du pays le 28 mai 1940.
Après quelques semaines, certains leaders syndicaux rentrèrent au pays. Ils ont poursuivi leurs activités, au moins minimales, comme le paiement des allocations de chômage.
2. Novembre 1940, la trahison de Henri DE MAN, second traumatisme.
En novembre 1940, Henri De Man, le dernier président du Parti ouvrier belge, patronne la création de l’Union des Travailleurs manuels et intellectuels (UTMI).
La trahison d’Henri DE MAN causa un véritable traumatisme. Henri DE MAN fut condamné en 1946 par un tribunal militaire belge à vingt ans de détention extraordinaire, dix millions de dommages-intérêts à l'État, la dégradation militaire, la destitution des grades, titres, fonctions, emplois, services publics, etc., la sentence entraînant en outre, en cas de non-exécution, la déchéance de la nationalité belge, « pour, étant militaire, avoir méchamment servi la politique et les desseins de l'ennemi ». Il s’était réfugié en SUISSE.
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HENRI DE MAN
3. UTMI, coquille vide mais nuisible.
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SIGLE DE l'UTMI
Cette organisation qui correspondait aux voeux de l’occupant regroupait, en théorie en tout cas, l’ensemble des organisations syndicales. Son siège se trouvait Rue Van Eyck 27-29 1050 Ixelles. L'UTMI faisait partie du projet nazi que l'occupant voulait imposer au pays.
Même si elle va rapidement s’étioler, l’UTMI sera quand même la première organisation de collaboration en termes de nombre d’affiliés. Début 1941, l'UTMI comptait 120000 membres, soit environ seulement 10 % des syndiqués d'avant-guerre.
Au milieu de l’année 1942, on dénombre encore 110000 membres dont 95000 en Flandre. Cette disproportion provoqua, le 23 décembre 1943, la scission entre la banche wallonne UTMI et la branche flamande UNIE.
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UNIE, le syndicat flamand, séparé de l'UTMI
Les anciens membres de l'Arbeidsorde ( syndicat nationaliste flamand ) obtinrent des postes-clefs. Leur emprise était complètement disproportionnée par rapport à leur importance d'avant-guerre.
Les syndicats ont été obligés de se défaire de leurs caisses de grève, de leurs moyens financiers et de leurs immeubles.
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Affiche du 1° mai de l'UTMI: tentative pathétique de s'emparer de l'esprit syndical.
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Un Journal clandestin dénonce une tentative de l'UTMI d'apparaître comme une vraie organisation syndicale.
4. L’honneur est sauf. La renaissance dans la clandestinité.
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Affiche anti-UTMI
Une résistance syndicale s’organisa rapidement tant du côté chrétien que du côté socialiste entraînant la création, dans la clandestinité, d’autres structures.
Deux sont importantes : les « Comités de Lutte syndicale », de tendance communiste et en province de Liège et aussi dans le Hainaut, le « Mouvement syndical unifié » créé par André RENARD.
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André RENARD
Ils furent à l’origine de nombreuses actions de grève et de sabotage dans les bassins industriels wallons. Ils éditèrent également de nombreux journaux clandestins.
On doit aussi souligner l'activité de Joseph BONDAS. Face à la trahison d’Henri DE MAN et d’autres leaders de moindre importance, il s’investit dans la Résistance. Dès novembre 1940, il publie des circulaires dénonçant les agissements d’Henri DE MAN et de la Nouvelle CGTB. En mai 1941, ces circulaires prennent le nom de Combattre, puis de Vaincre. Bondas collabora aussi au journal clandestin Le Monde du Travail.
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Joseph BONDAS
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Le Monde du Travail, Journal clandestin.
Plus particulièrement, pour la région liégeoise, outre bien sûr André RENARD, on doit bien parler de la région de HUY avec Edmond LEBURTON qui était au centre d'un noyau actif d'enseignants et André RESIMONT pour les postiers. A LIEGE, parmi le personnel des TT, Léopold ROS.
Les « Comités de lutte syndicales », connurent une forte présence à LIEGE, HUY-WAREMME, CHARLEROI, le CENTRE, le Borinage et TOURNAI.
Du côté chrétien, la résistance syndicale a surtout été une affaire interne. De ce côté-là, Henri Pauwels, président de la CSC d’avant-guerre a été la figure qui a su réunir autour de lui les opposants chrétiens à l’UTMI.
Voici un article d’une publication clandestine concernant l’UTMI.
ARRIÈRE LES TRAITRES ET LES RENÉGATS DE L'UTMI.
Ces salauds et plats-valets de l'occupant sentant la défaite venir voudrait faire croire qu'ils ont toujours défendu les intérêts des travailleurs.
L'U.T.M.I. est un organisme créé et contrôlé par l'occupant, les renégats qui attirés par les deniers de Judas que les nazis n'épargnent pas quand on les sert bien, se sont emparés de nos encaisses syndicales encore existantes ainsi que de notre mobilier de certains de nos locaux et mutuelles.
Leur première lâcheté envers les travailleurs fut de consentir au blocage des salaires au taux du 10 mai 40, qui n'était que l'organisation de la famine des travailleurs dans le but de fournir des bras à leur maître.
Ensuite par une campagne de propagande mensongère ils recrutèrent des travailleurs pour Hitler. Mais le Belge préférant mourir de faim que de servir nos bourreaux et les pertes subies au front de l'Est obligèrent l'occupant à déporter les travailleurs en Allemagne.
Les utmistes ont encore trempé dans ce crime contre les travailleurs et la nation, ils sont responsables de la mort de nombreux Belges ! lors du bombardement des usines allemandes.
Dans les usines et dans les mines ils continuent à tout faire pour essayer de saboter les mouvements revendicatifs.
Les utmistes ont créé un tas d'organismes soit disant pour soulager la misère et renseigner les familles sur le sort des déportés.
Lâches et hypocrites après avoir organisé le malheur de nombreuses familles, ils voudraient maintenant les soulager.
Traîtres envers la patrie, hypocrites vis-à-vis de vos victimes, renégats rétribués largement par l'ennemi fourbe « le fascisme hitlérien » d'aucuns parmi-vous ont déjà payé leur trahison, les autres suivront soyez en sûrs, car tous vous expierez.
Travailleurs, Patriotes, partout où qu'ils se trouvent il faut chasser ces vendus des administrations, mutuelles ou tout autre poste qu'ils occupent et les châtier comme ils le méritent.
Arrière les traîtres et les renégats de l'U.T.M.I.
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Publication clandestine d'un Comité de lutte syndicale