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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Une histoire peu connue: les internés belges aux Pays-bas en 14-18.

Publié le 5 Décembre 2023, 19:04pm

INTERNES BELGES AUX PAYS-BAS EN 14-18.

En réalité, un régime de semi-captivité.

1. Les réfugiés belges en 1914.

Il y eut 140000 réfugiés belges aux PAYS-BAS qui y ont vécu dans des camps ou dans des conditions précaires.

Parmi ces 140000, il y avait environ 40000 soldats. Leur sort fut très différent de celui des civils.

Nous allons les traiter spécialement. Nous ne parlerons pas des civils.

 

La plupart des réfugiés civils revinrent bientôt au pays, encouragés par le gouvernement néerlandais. Il était débordé par cet afflux inattendu et préoccupé de conserver sa neutralité. C’est ce qui le guida tout au long du conflit.

Carte des camps d'internement.

2. Pourquoi un traitement particulier pour les militaires ?

A la Conférence de Paix de La Haye du 18 octobre 1907, il avait été décidé que les Pays-Bas resteraient un pays neutre en cas de guerre. Les soldats de tout bord qui se réfugieraient dans un pays neutre devraient être désarmés et internés.

 

Durant les premiers mois de la guerre, près de 40000 soldats belges se sont retrouvés aux Pays-Bas. Ces soldats,  qui pour beaucoup avaient connu les combats à LIEGE, résistèrent trois mois à Anvers avant d’y être piégés.

 

Il n’avaient plus qu’une alternative: se laisser capturer par les Allemands ou franchir la frontière néerlandaise pour se retrouver en pays neutre. Dans ce contexte très difficile, des soldats belges vont passer la frontière, certains sans même s'en rendre compte.

 

Ce ne fut pas les seuls. Les Hollandais internèrent  33.105 Belges dont 406 officiers, des Anglais dont 139 officiers, 1.461 Allemands dont 68 officiers, 8 Français dont 5 officiers et 4 officiers américains.

 

Il y eut d’ailleurs des heurts entre les internés belges et les allemands. On dut déménager ces derniers.

Un groupe d'internés.

3. En réalité, un régime de semi-captivité.

 

Après avoir été désarmés, les soldats belges furent conduits manu militari vers des camps d’internement, au départ des agglomérats de tentes puis de baraquements. La plupart des casernes étant trop petites pour accueillir tous les soldats, des camps de tentes avaient rapidement montés à proximité

Camp de ZEIST

La plupart de ces réfugiés furent regroupés à Amersfoort, à une trentaine de kilomètres au nord d'Utrecht et, dans la même région, à Harderwijk et à Zeist.

 

Les internés purent suivre le déroulement de la guerre. Des nouvelles du front leur parvenaient régulièrement via les journaux locaux ou les revues de propagande provenant des deux camps.

 

Ils apprirent ainsi que dans les tranchées de l'Yser leur réputation de planqués, voire de déserteurs, faisait l'objet d'une véritable campagne de dénigrement. Ils étaient ainsi prévenus de l’accueil qui les attendait après la guerre.

 

Par rapport aux prisonniers de guerre détenus en Allemagne, les internés ont bénéficié d'un meilleur traitement. Les Pays-Bas n’étaient  soumis à aucun blocus, contrairement à l'Allemagne et à la Belgique.

 

Ils furent mieux nourris que les prisonniers de guerre en Allemagne et même que la population civile en Belgique.


Outre l'alimentation, d'autres éléments rendirent les conditions d'internement plus faciles à supporter. Les gardiens néerlandais ne manifestèrent pas d'hostilité à leur égard. Certains soldats flamands vivant à côté de la frontière purent même faire venir leur famille.

 

Certains arrivèrent, sans trop de difficultés, à s'évader. Pour éviter l'internement, certains militaires tentèrent d'embarquer pour la Grande-Bretagne revêtus d'effets civils.

 

 

4. Leur comportement au cours de la guerre.

 

Le régime fut, dans les premiers temps très rigoureux. Les suicides furent anormalement nombreux de même que les évasions.

 

En décembre 1914, un groupe d'internés militaires belges attaqua ses gardiens à coups de pierres. Des soldats néerlandais ouvrirent le feu sur les mutins. Neuf furent tués et une vingtaine blessés.

 

À partir de 1917, des camps séparés furent établis pour les déserteurs. Des villages spéciaux (Alberts’ Dorp, Elizabeth-Dorp, Nieuwdorp, Leopold’s Dorp, Heidekamp, Boschkant et Moensdorp) furent également construits près des camps pour accueillir les familles des soldats.

 

Par ailleurs, la réalité mena le plus grand nombre à s'adapter. Des réfugiés belges acceptèrent de travailler dans les entreprises néerlandaises. Ils remplaçaient souvent les néerlandais mobilisés dans l'armée.

 

Le premier septembre 1918, sur 31.256 militaires internés on   comptait  11.432  travailleurs en équipe dans des dépôts (port de Rotterdam et mines du Limbourg) et 3.012 travailleurs  isolés. Au total, 46,2 % des militaires furent donc mis au travail.

Des timbres-poste spéciaux furent créés, appelés timbres de franchise. Ils étaient destinés aux militaires belges internés aux Pays-Bas.

Timbres de franchise.

 

5. Le retour.

La guerre se termina le 11 novembre 1918, mais les soldats durent attendre que les Pays-Bas signent l'accord d'armistice avant de pouvoir retourner chez eux.

En novembre et décembre 1918 ainsi qu'en janvier 1919, les internés sont libérés. Le gouvernement néerlandais finança leur rapatriement, satisfait d'être délivré de ces obligations.

A leur retour, les anciens internés ne furent pas bien accueillis. Ils étaient considérés comme des fuyards, comme des planqués ayant trouvé une astuce plutôt que de continuer le combat.

D'autre part, le fait qu'ils aient été bien nourris alors que le reste de la population avait eu faim ne plaidait pas en leur faveur.

Aussi le fait que la majorité d’entre eux avaient « gagné leur vie ».

Au sortir du cataclysme, ils firent figures de revenants d'une autre planète, qui n'avaient pas joué le jeu sanglant de la guerre totale et universelle.

 

Il fallut plusieurs années pour que les distinctions s'amenuisent entre les combattants de l'Yser, ceux qui étaient derrière le front à Calais, les prisonniers de guerre en Allemagne et les internés. Dans l’esprit du public, il y avait donc quatre catégories. Dans les années 30, on ne parle plus que d'anciens combattants.

 

6. Le Monument d’Amersfoort.

Le Monument d'AMERSFOORT

Les soldats y internés commencèrent en 1916 l'érection d'un monument en reconnaissance de l'hospitalité reçue. Sous la direction de l'architecte belge Huib Hoste, ils construisirent le monument belge sur les hauteurs d'Amersfoort.

 

Ce « monument des Belges » devait être à la fois un signe de reconnaissance à l'égard de l'hospitalité néerlandaise et un instrument de mémoire pour les souffrances endurées par les réfugiés belges.

 

La Commission administrative signifia d'emblée à la municipalité d'Amersfoort sa volonté de transférer à celle-ci la propriété du monument. Cependant, les édiles locaux se firent tirer l'oreille! Une cérémonie solennelle de remise devait avoir lieu en 1922. elle fut décommandée car la Belgique tardait à payer les 53 millions de florins que les Pays-Bas réclamaient pour se dédommager d'avoir entretenu les internés militaires belges durant 4 ans. L'irritation à ce sujet ne s'éteignit qu'en 1938.

 

C'est en surface le plus grand monument des Pays-Bas.  Le bâtiment principal fait environ 18 mètres de long et est composé de 3 parties de 12 et 14 mètres de haut. Dans les parties latérales se trouvent des escaliers qui mènent vers 2 espaces. L'un est dédié aux internés belges décédés et l'autre à la reine Wilhelmina et au roi Léopold III.

 

 


 

 

 

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