LIEGE en 1943: Ambiance malsaine pour les bourgmestres rexistes usurpateurs.

AMBIANCE A LIEGE EN NOVEMBRE 1943

Lu dans la presse clandestine

( Churchill Gazette, de Seraing )

Le rédacteur du journal clandestin profite de l’ambiance du 11 novembre, 11 novembre sous la férule allemande et rexiste, pour lancer un appel à une forme de justice populaire.

Cet appel sert aussi, et peut-être surtout, à effrayer les collaborateurs.

On note d’ailleurs, parmi les bourgmestres rexistes usurpateurs, plusieurs cas de maladie soudaine justifiant une démission, ou des déménagements dans une autre commune entraînant l’impossibilité d’exercer la fonction. Citons aussi l’une ou l’autre exécution de bourgmestres usurpateurs :

• comme celle de Ferdinand PAQUOT, bourgmestre rexiste usurpateur de Villers-le-Temple, à un arrêt de tram à Seraing, en septembre 1943 ;

• comme celle de Georges PETERBROECK, bourgmestre rexiste usurpateur de TIHANGE ;

• comme celle de Alphonse GRIMONT, bourgmestre rexiste usurpateur des AWIRS ;

• comme celle, déjà un an plus tôt, de Charles HENAULT, bourgmestre rexiste usurpateur de VERVIERS.

Un autre exemple, Maximilien JADOUL de MOHA, contraint par la frousse de terminer la guerre sous la protection permanente de gardes allemands !

Place à l'article :

A l'approche du 11 Novembre, XXV° anniversaire d'une première capitulation d'une race ivre d'orgueil et de carnage, tous les patriotes doivent prendre l'engagement de coopérer à la punition des coupables.

Certains affirmeront qu'il faut laisser aux Tribunaux le soin de punir tous les crimes contre la Patrie. Rien n'est moins logique, moins naturel. S'il fallait recourir à la Justice officielle, il en serait peut-être comme après l'autre guerre et beaucoup de criminels pourraient bénéficier d'une indulgence qui naîtra automatiquement de l'ivresse de la victoire et de la liberté retrouvée. Pareille manière de faire est tout au plus bonne pour le menu fretin, pour les accapareurs, les affameurs du marché noir, les mauvais fermiers, en un mot pour les coupables de moindre importance.

Il ne peut en être ainsi pour, ceux qui ont trahi, ceux qui ont aidé l'ennemi dans ses oeuvres, ceux qui ont renié leur Patrie. Pour ceux-là il faut une Justice expéditive, une Justice élémentaire puisque leurs crimes sont patents.

Pour ces cas, il faut la Justice du Peuple, naturelle et normale. Nous sommes en guerre et c'est la mort seule qui peut faire payer ces êtres vils, ces judas qui ont servi l'ennemi pour trente deniers.

Il n'y a plus place parmi nous pour ces vendus qui ont marché à la remorque d'un envahisseur sans scrupules et la mort seule permettra d'effacer les taches faites, par ces mauvais citoyens, sur notre beau drapeau.

La perte de la vie doit punir ceux-là qui ont endossé l'uniforme détesté d'un ennemi haï. Il n'est pas d'autre punition pour ces journalistes félons souvent sans talent et ambitieux à l'extrême, qui ont essayé de distiller dans le coeur et l'esprit de ceux de chez nous le venin mensonger de la propagande ennemie. C'est la mort seule qui pourra punir ceux qui par des dénonciations intéressées ont permis de tuer tant de nos compatriotes.

On trouvera peut- être que nous sommes durs, que nous oublions le pardon ! Mais tous ces traîtres n'ont-ils pas été plus durs que nous ?

N'est-ce-pas par leur faute que ceux qui depuis plus de quatre ans travaillent de leur mieux, dans l’ombre, pour la Cause, ont tremblé journellement pour leur vie et celles des êtres qui leur sont chers ?

Il faut dire que 1943 fut l'année de basculement du rapport de force entre les puissances ennemies, l’Allemagne nazie perdant du terrain, en particulier à l’Est suite à sa défaite à Stalingrad.

1943, l'année fut vécue positivement en raison des revers de l’armée allemande et de faits de résistance.

En revanche, ce fut aussi une année terrible à cause des conditions de vie et de travail pénibles. Le pouvoir d’achat ne s’élève plus qu’à 15 % de son niveau de l’avant-guerre.

En 1943, la Résistance devient plus nombreuse, en partie en raison des réfractaires au service du travail obligatoire en Allemagne qui viennent gonfler ses rangs. Cet élément est à la base de la création la même année du réseau Socrate destiné à financer les réfractaires et la Résistance.

1943 devint, pour la gestapo, une étape de radicalisation de ses actions par des démonstrations de force et l’introduction de l’interrogatoire renforcé.

Enfin, coup d'éclat, le Faux Soir paru le 9 novembre 1943 vers 16 heures, à la même heure que l’édition régulière. A cette occasion, des distributeurs sont recrutés pour déposer dans les kiosques les exemplaires destinés à la vente. Chaque distributeur dépose un lot de 100 exemplaires quelques minutes avant la distribution de l’édition quotidienne. Ils sont entourés d’une bandelette portant l’indication « par suite d’une panne, le reste du service à 18 heures ».