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FNC « AWANS-BIERSET » : Discours 11 novembre 2023.
Quel sens doit-on donner, en 2023, à ce jour férié ? Le monde était convaincu en 1918 que la guerre mondiale, qui n’était pas encore qualifiée de « Première », allait être la « Der des der». Nous savons ce qu'il est advenu de cet espoir.
N'aurions-nous rien compris ? La guerre est de retour en Europe, une guerre ouverte entre deux états. Le Proche-Orient flambe. Mais le monde connait d'autres formes de guerres, entraînant des actes barbares de plus en plus violents, dans les lieux de culte, dans les rues, dans les écoles. Elles touchent les plus vulnérables : les civils, les femmes, les enfants, les vieillards, les malades …
Il y a 2 500 ans, Hérodote résumait en ces termes toute la tragédie de la guerre : "En temps de paix, ce sont les fils qui enterrent leurs pères. En temps de guerre, ce sont les pères qui enterrent leurs fils."
Le terrorisme, les harcèlements, les cyberattaques, les conflits, les replis identitaires, voilà autant de combats qu’il convient de mener. C’est bien sûr le rôle des Etats. Mais pas seulement, nous avons notre rôle à jouer. Restons vigilants et solidaires comme nos prédécesseurs l’ont été pour leur pays.
Serions-nous condamnés à répéter les mêmes errements comme se le demandait Romain Rolland, en 1914, six semaines après le déclenchement de la boucherie : « N’y a-t-il pas de meilleur emploi au dévouement d’un peuple que la ruine des autres peuples ? Faut-il que le plus fort rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpétuellement s’unissent pour l’abattre ? À ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n’y aura-t-il jamais de fin, jusqu’à l’épuisement total de l’humanité ? ». On pourrait, mot à mot, reprendre cette déclaration.
Comment dès lors ne pas céder au découragement ? Pourquoi continuer à célébrer cet Armistice ? Pourquoi rester, envers et contre tout – et parfois contre tous - pacifistes ?
On doit s’interroger sur ce paradoxe : bien que, par essence, toute guerre soit effroyable, les hommes n’ont cessé tout au long de l’histoire de guerroyer. La guerre exercerait-elle une fascination ? Toute guerre est par nature extrême et de longue durée. Elle est toujours l’expression d’un pouvoir qui veut s’imposer par tous les moyens. Elle ne fait aucune distinction entre la destruction de la société, la destruction de vies humaines et celle de biens. Et, on doit y ajouter, la destruction de la nature, l’écocide qui devrait être ajouté à la liste des crimes de guerre.
Nous devons, quotidiennement et sans relâche, combattre, pourchasser vigoureusement, ce qui divise : l'indifférence, l'intolérance, la xénophobie, le racisme, l'individualisme, le repli sur soi, le complotisme, tout ce qui valorise l’aura de l’individu plutôt que le « vivre- ensemble ». Le « vivre-ensemble » n’implique pas l’uniformité des pensées ou des comportements. Le « vivre-ensemble » signifie que l’on peut s’opposer, parfois vertement, mais en demeurant capable de respect mutuel, d'accepter la diversité des opinions. On peut rester des adversaires sans devenir des ennemis.
En 2023, nous devons fortifier la mémoire collective. N'oublions pas le sacrifice des Anciens Combattants, leur combat pour la Paix. Soulignons qui ils étaient réellement.
Théo LEFEVRE, Premier Ministre et éternel gaffeur, a un jour déclaré que, en 14-18, le pays avait été défendu par des soldats aux « poitrines creuses ». Ce qui avait indigné les Anciens Combattants.
Propos exagérés mais qui révélaient une certaine vérité. L'armée belge de 1914 était essentiellement constituée d'ouvriers et de paysans, conséquence du tirage au sort en usage jusqu’en 1909 et du système du remplacement. La majorité des mobilisés de 1914 étaient issus du tirage au sort.
En 1909, le tirage au sort fut remplacé par le principe « un fils par famille ». Le service militaire universel fut seulement instauré en 1913. Cela n’influa guère. Contrairement aux autres belligérants, aucun enrôlement ne put se faire durant la guerre. 80 % des hommes belges en âge de combattre ne furent jamais mobilisés. Et très peu de volontaires purent rejoindre l’armée. Un rideau de fer électrifié nous séparait des Pays-Bas, seule possibilité de rejoindre l’armée après un long périple ! Cela explique l’état d’esprit des combattants à leur retour. Ils avaient l’impression de s’être sacrifiés non seulement « pour les autres » mais aussi « à la place des autres ».
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