Août 1914 :
Visé, ville des premiers combats
Visé, ville des premières destructions.
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1. L'invasion.
À l'aube du 4 août 1914, deux divisions d'active de 60 000 hommes quittent Aix-la-Chapelle sous les ordres du général Otto von Emmich, flanqué du général Ludendorff. Elles franchissent la frontière à Gemmenich.
Dès le matin, l’armée allemande chercha à s’emparer du pont de Visé.
Lorsque les Allemands arrivèrent à Visé, ils rencontrèrent de la part des soldats belges une résistance à laquelle ils ne s’attendaient pas.
Le génie belge ayant fait sauter le pont, les allemands durent en construire un plus au nord pour traverser le fleuve et tenter d'attaquer la ville de Liège par la rive gauche. Constamment sous le feu du fort de Pontisse, cet exercice se soldera par un échec cuisant lors de la première tentative.
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Ayant échoué, l’agresseur poursuivit son mouvement vers le nord, passa la Meuse à Lixhe et tenta de briser la résistance de la Place de Liège.
2. La résistance des forts.
Devant les forts de Barchon, d’Evegnée et de Fléron, les ennemis furent refoulés avec des pertes sanglantes. Entre le fort de Barchon et la Meuse, le VIIème corps força les lignes. Contre-attaqué à la baïonnette par la 11ème brigade, il fut rejeté vers la frontière hollandaise dans le désordre le plus complet.
Dans la couronne de forts, il en manquait manifestement un, celui de Lixhe. Des crédits insuffisants en avait empêché la construction. Brialmont dans ses mémoires avait écrit : « Un jour, on pleurera des larmes de sang pour n'avoir pas construit le fort de Lixhe. »
Quant aux autres forts, ils sont vieux, dépourvus d'aération. Ils peuvent seulement résister à des calibres de 200mm. Ils tirent à poudre noire alors que les allemands ont des canons modernes qui à calibre égal sont deux fois plus puissants.
Les assauts recommencèrent durant la nuit du 5 au 6 août. L’attaque s'étendit dans l’espace entre le fort de Liers et la Meuse, soit un front d'environ 35 kilomètres. Les forts résistèrent jusqu’au bout, le dernier jusqu'au le 17 août.
Le 12e de Ligne, affecté à la défense des espaces entre les forts, présenta une défense héroïque et subit ses premiers morts.
La bataille de Liège (les douze forts et la 3ème Division d'Armée commandée par le Lieutenant-Général Bertrand) fait partie de l'histoire. Ainsi, le Président français déclara : "Le retard que la résistance de Liège a imposé aux allemands nous a permis d'achever entièrement notre concentration, de faire venir dans le Nord des troupes d'Algérie et même d'être sur le point d'y recevoir une partie des troupes du Maroc. En même temps, ce délai a laissé aux Anglais la possibilité de se concentrer."
3. L'évolution de l'offensive et les excès.
Dès le 8 août, les troupes de cavalerie vont traverser la Meuse et se diriger vers la vallée du Geer, commettant aussi d'autres excès comme à Kanne.
Se déroulèrent des évènements tragiques. Les soldats allemands étaient obsédés par la peur d’éventuels francs-tireurs. Fusillades, prises d’otages, massacres avaient pour prétextes des tirs de civils. Ce qui était totalement faux, comme l’a amplement prouvé le rapport d’une commission créée en 1920.
4. Visé première ville martyre.
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La ville fut complètement détruite par un incendie, allumé les 15 et 16 août 1914, qui a duré une quinzaine de jours. Rien ne fut épargné : ni l' hôtel de ville du XVII° siècle, ni la collégiale Saint-Martin dont le clocher avait déjà été démoli sous le prétexte qu'il servait de repère aux artilleurs du fort de Pontisse.
Les habitants expulsés de leurs maisons furent regroupés, les femmes et les enfants d’un côté, les hommes de l’autre. Les hommes furent entassés dans des wagons et envoyés en Allemagne. Les femmes et les enfants chassés en Hollande. Quarante-deux civils visétois de 18 à 75 ans ont été torturés et mis à mort..
Le mois d'août 1914 fait de Visé la première ville martyre du conflit. L’occupation de Visé est violente : 585 maisons sont brûlées le 15 août, et 42 civils tués. Le centre historique de Visé était en fumée.
Nombre de villages environnants connurent un sort identique. Dans un village de Battice, les envahisseurs pillérent les magasins et mirent à sac les maisons. Déjà le 8 août 1914, au Pays deHerve, 38 civils avaient été assassinés et 300 maisons détruites.
Le 18 août, le village de Hallembaye est incendié. Le curé Thielen est tué alors qu'il portait secours à ses paroissiens. 15 civils seront massacrés. Quarante Haccourtois seront emmenés en captivité. Ceux parlant flamand furent libérés rapidement, les autres dont le bourgmestre Donnay furent déportés vers Munster.
La destruction systématique de Visé, la déportation ou l’exécution sommaire de ses habitants doivent être comptées parmi les crimes de guerre délibérés et inexcusables. L’incendie fut volontaire et confié à une unité spécialisée de « Pioniere » n’appartenant pas à la « Maasarmee » et venue dans ce but de la lointaine Prusse.
Francis Balace, ancien professeur à l'Université de Liège, pense pouvoir établir que la décision de détruire Visé fut provoquée par l’addition de trois facteurs : les récits fantaisistes de reporters de la presse maastrichtoise; les rapports, tout aussi fantaisistes, d’un agent de renseignements du ministère de la Guerre belge et la traversée de la Meuse au gué de Lixhe qui aurait écorné de quelques mètres le territoire des Pays-Bas neutres.
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4. La folie meurtrière à Visé et ailleurs.
Au cours de l'invasion allemande de la Belgique durant l'été 1914, la folie meurtrière qui frappa les «villes martyres» constitue certainement un des épisodes les plus tragiques du début de la Grande Guerre. Plusieurs localités flamandes et wallonnes ( Visé, Aarschot, Andenne, Tamines, Dinant, Leuven, Dendermonde) subirent de manière presque simultanée un sort identique traduisant l'extrême violence du conflit.
Les destructions subies par l'Europe entre 1914 et 1918 furent sans commune mesure avec les dommages causés par les conflits du passé. Visé n'y échappa pas.
5. La reconstruction.
La reconstruction prit du temps. A titre d'exemple, l'église détruite le 10 août 1914, lorsqu’elle fut incendiée par les Allemands: la reconstruction date de 1924.
La reconstruction du pays fut un des soucis du Gouvernement belge en exil, dès décembre 1914. Une commission internationale fut constituée pour aider les Belges à la reconstruction de leur pays.
Les intentions du Gouvernement belge en exil furent énoncées dans la loi du 25 août 1915. Cette loi marquait, pour la Belgique, la première intervention du pouvoir central auprès des villes en matière d'urbanisme et de construction et affirmait la nécessité d'une politique globale et coordonnée d'aménagement des villes.
A Visé, la ville a été détruite dans sa quasi-totalité. 1919, arrive l'heure de la reconstruction ; des rues entières, des quartiers sont à reconstruire. On en profite pour envisager la construction d'un nouveau pont, plus haut et permetant le passage de plus gros bateaux. Ces projets mirent du temps à se concrétiser.
Mais avant tout, on dut reloger les sinistrés qui réintègrent la ville dans des baraquements provisoires : on en construira 941 de 1919 à 1923, un peu partout. La reconstruction débutera dans les années 20.
On signale, entre autres, la construction, en 1915, du Temple Antoiniste comme exceptionnelle étant donné que ce serait une des seules constructions dans une ville morte. Rien d'étonnant pourtant, Deux quartiers avaient échappé au désastre : Souvré et Devant-le-Pont. Le Temple , actuellement désacralisé, se situe dans ce dernier quartier.
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