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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Paul ELUARD: Ancien Combattant, grand Résistant et militant pacifiste.

Publié le 3 Juin 2023, 18:14pm

ELUARD par DALI

Un poème datant de 1942

« Que voulez-vous la porte était gardée

Que voulez-vous nous étions enfermés

Que voulez-vous la rue était barrée

Que voulez-vous la ville était matée

Que voulez-vous elle était affamée

Que voulez-vous nous étions désarmés

Que voulez-vous la nuit était tombée

Que voulez-vous nous nous sommes aimés. »


 

Ce poème de Paul Éluard est un message d’espoir et d’amour écrit durant l'occupation.

L’oppression de l’Allemagne nazie  y est mentionnée par les termes « porte gardée », « rue barrée », « désarmés » et « (Nous) étions enfermés, désarmés ».

Dès le début de l’occupation de la capitale française le 14 juin 1940, un couvre-feu a été instauré de 20 heures à 6 heures par les Nazis. C'est à cela qu'il fait référence.

La répétition de « Que voulez-vous » est un aveu de faiblesse, d'impuissance et de résignation.

C'est à la même époque,en 1942, qu'il a composé, en vingt et une strophes le poème « Liberté » qui sera lu et partagé pendant toute la période de la Seconde Guerre Mondiale.

Mais le poème de Résistance le plus connu est, sans conteste « LIBERTE ». Ce poème est un chant d'espoir destiné à célébrer la liberté en la nommant, à travers le pouvoir magique des mots. C'est une ode à la liberté face à l'occupation allemande.

Il s'agit d'une longue énumération de tous les lieux, réels ou imaginaires, sur lesquels on pourrait écrifre le mot « liberté ».

Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable, sur la neige

J’écris ton nom…


 

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom


 

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J’écris ton nom


 

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J’écris ton nom


 

Sur les champs de l’horizon,

Sur les ailes oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J’écris ton nom


 

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l’orage

Sur la pluie épaisse et fade

J’écris ton nom


 

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J’écris ton nom


 

Sur la lampe qui s’allume

Sur la lampe qui s’éteint

Sur mes maisons réunies

J’écris ton nom


 

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J’écris ton nom


 

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J’écris ton nom


 

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir

J’écris ton nom


 

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer : LIBERTÉ


 

« Liberté » parut en 1942, pendant l’occupation de l’Allemagne nazie, dans le recueil clandestin Poésie et Vérité. Ce poème devint un véritable acte de résistance et d’espoir.


 

Il fut diffusé dans toute l’Europe, par radio ou parachutage.

On doit aussi à ELUARD, ce poème, poème de la Résistance : « La dernière nuit. », publié dans le recueil Poésie et vérité.

Ce petit monde meurtrier

Est orienté vers l'innocent

Lui ôte le pain de la bouche

Et donne sa maison au feu

Lui prend sa veste et ses souliers

Lui prend son temps et ses enfants.

Ce petit monde meurtrier

Confonde les morts et les vivants

Blanchit la boue, gracie les traîtres,

Transforme le paroles en bruit.

Merci minuit douze fusils

Rendent la paix à l'innocent

Et c'est aux foules de comprendre

La faiblesse des meurtriers

 


 

Grand Résistant durant la seconde guerre mondiale, Eluard avait été mobilisé en 1914. Il fut envoyé au front comme infirmier militaire. Mais, en raison d’une bronchite aiguë, il fut éloigné des combats.

Cette expérience de la guerre et de ses champs de bataille le traumatisa. Cette expérience lui inspira Poèmes pour la Paix (publiés en 1918). En voici un extrait

 

Monde ébloui,
Monde étourdi.

I

Toutes les femmes heureuses ont
Retrouvé leur mari – il revient du soleil
Tant il apporte de chaleur.
Il rit et dit bonjour tout doucement
Avant d’embrasser sa merveille.

II

Splendide, la poitrine cambrée légèrement,
Sainte ma femme, tu es à moi bien mieux qu’au temps


Où avec lui, et lui, et lui, et lui, et lui,
Je tenais un fusil, un bidon – notre vie!

III

Tous les camarades du monde,
O! mes amis!
Ne valent pas à ma table ronde
Ma femme et mes enfants assis,
O! mes amis!

IV

Après le combat dans la foule,
Tu t’endormais dans la foule.
Maintenant, tu n’auras qu’un souffle près de toi,
Et ta femme partageant ta couche
T’inquiétera bien plus que les mille autres bouches.

V

Mon enfant est capricieux –
Tous ces caprices sont faits.
J’ai un bel enfant coquet
Qui me fait rire et rire.

VI

Travaille.
Travail de mes dix doigts et travail de ma tête,
Travail de Dieu, travail de bête,
Ma vie et notre espoir de tous les jours,
La nourriture et notre amour.
Travaille.

VII

Ma belle, il nous faut voir fleurir
La rose blanche de ton lait.
Ma belle, il faut vite être mère,
Fais un enfant à mon image…

VIII

J’ai eu longtemps un visage inutile,
Mais maintenant
J’ai un visage pour être aimé,
J’ai un visage pour être heureux.

IX

Il me faut une amoureuse,
Une vierge amoureuse,
Une vierge à la robe légère.

X

Je rêve de toutes les belles
Qui se promènent dans la nuit,
Très calmes,
Avec la lune qui voyage.

XI

Toute la fleur des fruits éclaire mon jardin,
Les arbres de beauté et les arbres fruitiers.
Et je travaille et je suis seul dans mon jardin.
Et le soleil brûle en feu sombre sur mes mains.

1918

Poèmes pour la paix

Paul Éluard


 


 

 

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