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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


SONNENBURG, camp mouroir.

Publié le 17 Janvier 2023, 19:16pm

 

SONNENBURG

Camp de concentration

Mouroir pour des nationalistes français et belges


 

1. Localisation.

C’est un bagne de Prusse-Occidentale où, pendant la Seconde Guerre mondiale, furent incarcérés des résistants et des prisonniers politiques originaires de pays occupés par le Troisième Reich.

Aujourd'hui, cette localité fait partie de la Pologne et s’appelle Słońsk.

Du temps de la Prusse, cet endroit avait une longue histoire comme bagne. C’était une forteresse, un ancien fort des chevaliers de Saint Jean. Une Région assez déserte où la Vistule forme son delta. C'est une région marécageuse, malsaine.

En 1832 l’administration du royaume de Prusse y avait fait ériger une prison d’état, une Zuchthaus (maison de travaux forcés), trois bâtiments de briques rouges reliés entre eux.

En 1932, on la ferma pour vétusté. Elle était infestée de vermine.


 

2. Remise en route par les nazis.


 

Après l’incendie du Reichstag en février 1933, elle fut remise en service bien que quasiment en ruines. Les prisons SA de Berlin ne suffisaient plus.

Du 3 avril 1933 au 23 avril 1934 Sonnenburg fonctionna comme camp de concentration de « première génération », appartenant à la SA.

« De première génération » signifie qu’il fait partie des premiers camps de concentration créés peu après la nomination d'Hitler au poste de chancelier en janvier 1933. Il était attribué à la SA (Sturmabteilung ou Section d'assaut)


 

Il devient lieu de détention d’opposants politiques, surtout des communistes, mais d’autres aussi. Sonnenburg acquiert la réputation d’un « enfer de torture » (« Folterhölle »).

Les 200 premiers prisonniers ont été amenés le 3 avril 1933. Il était sous le contrôle de la SA.

Par après, la gestapo a ordonné la déportation des prisonniers de Gollnow à Sonnenburg, de sorte que le nombre de prisonniers est passé à 1000.

La première alarme date de 1934. Rudolf Bernstein (1896–1977) dénonça dans un écrit anonyme de trente-deux pages paru à Zurich et Paris l’enfer de Sonnenburg et y décrivit les mauvais traitements, tortures, brutalités et sévices sexuels dont étaient victimes les détenus.

Ces persécutions sur « seulement » quelques centaines de militants communistes, si tôt dans le régime nazi, n’était qu’une sinistre prophétie. Cela ne faisait que refléter les expériences de millions de personnes subies durant la guerre.

Début 1934, lorsque les camps sont réorganisés, Sonnenburg redevient maison de travaux forcés sous l'autorité de l'administration pénitentiaire classique.

3. Sonnenburg durant la seconde guerre mondiale.

La forteresse redevint un camp de concentration lors de la seconde guerre mondiale. Camp apparemment destiné aux résistants « NN » de toute l’Europe occupée.

Fin août 1934, les SA éliminés, il était passé sous le contrôle de la SS, comme pour les autres camps de concentration.

Les détenus étaient des condamnés aux travaux forcés par les tribunaux allemands et des condamnés à mort en attente d'exécution : principalement des Français, des Belges, des Luxembourgeois, mais aussi des Néerlandais et des Norvégiens, mélangés à des détenus de droit commun.

« NN », ces personnes auraient dû "disparaître". Elles avaient cessé d'exister administrativement. 

A Sonnenburg, les prisonniers ont été contraints de travailler dans l'industrie de l'armement dans des conditions épouvantables.


 

La vermine, le froid, l'humidité, la disette, les conditions de travail et les mauvais traitements provoquent de mortelles épidémies de grippe, de typhus et de tuberculose.

Les gardiens sont des civils, des matons de métier trop vieux pour être mobilisés, des rebuts de conseil de révision, plus une douzaine de mutilés et de gelés du front russe, qui se distinguent par leur brutalité.

Le rôle du « Zuchthaus Sonnenburg » dans le système de juridiction militaire d'occupation et dans l'application de la procédure « Nuit et Brouillard » mérite qu'on lui consacre une attention particulière.

A partir du mois de mai 1943, arrivent aussi des déportés de la prison de Hameln et, le 26 mai, le premier convoi de convois de Belges.

Les prisonniers Belges et les Français représentaient 43,4 %  de tout l'effectif de Sonnenburg et au 31  décembre ce taux monta à 57,7%.

A titre comparatif, fin septembre 1939, il n'y avait que 386 prisonniers à Sonnenburg. En octobre 1943 leur nombre s'est élevé à 1000, pour monter encore à la fin du mois de juillet 1944 jusqu'à 1310 personnes (effectif le plus élevé).

Au moment de la suspension de l'action « Nuit et Brouillard » et du transfert de tous les prisonniers de la Wehrmacht aux mains de la Gestapo, une partie d'étrangers détenus à Sonnenburg fut transférée : le 14 novembre 1944, un convoi de 600 personnes a été transporté dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Mais 730 prisonniers restèrent encore sur place.

 

4. Témoignages des conditions de détention.

Un Belge, A. Momaerts, relate :

« Zuchthaus Sonnenburg » : « De toutes les prisons où j'étais détenu, celle de Sonnenburg où je suis arrivé le 24 mai 1942, me paraissait la plus sale, la plus dure et la plus cruelle. Je ne connaissais pas encore les camps de concentration. La vermine nous dévorait littéralement. Le linge que nous recevions rarement était couvert de vermine exactement comme le linge sale que nous rendions. »

Oscar Magnusson, auteur du livre « Je veux vivre  », arrivé  à  Sonnenburg le 20 décembre 1943 avec le premier groupe de déportés NN norvégiens, ajoute de son côté :

« Pendant 8 mois à peu près, je devais vivre dans une porcherie. Il n'y avait pas de grabats, mais au pied du mur un peu de paille et c'est là que nous étions obligés de dormir. La cellule était équipée de 5 cruches et de 4 timbales pour 66 personnes. On nous a donné en plus un gobelet en aluminium et une seule cuillère, c'était tout. Nous avons baptisé notre cellule : le grenier pouilleux. Il était interdit de se laver. Nous portions nuit et jour les mêmes vêtements qui devenaient raides de saleté et de sueur. C'était un véritable paradis pour des kyrielles de poux. Le soir, la lumière éteinte, les punaises sortaient de leurs cachettes pour nous attaquer. Le directeur de la prison s'amenait dans la salle où on travaillait. A n'importe quelle occasion il se jetait sur les prisonniers, leur administrait des coups de pied et les rouait de coups. De cette manière-là, sous mes yeux, il a tué plusieurs hommes... L'assistance médicale n'existait pas à Sonnenburg. Pour les prisonniers n'existaient que deux diagnostics : la phtysie et la gale... Les soins médicaux se réduisaient à l'application d'un liquide de couleur jaune dont nous devions nous enduire la peau à l'aide d'un pinceau. On  nous  apportait ce liquide, deux fois par jour,  dans  un seau... »

Un chercheur polonais, Dr Przemyslaw Mnichowski, auteur d'une thèse en doctorat consacrée à la prison de Sonnenburg, a démontré que de 1942 à 1945 au moins 69 Belges et 25 Français sont décédés dans cet établissement pénitentiaire, victimes de cruels sévices.

Résistant français, le Général Ernest Laurent, livre ses souvenirs :

« Les conditions de vie étaient terribles ; si nous demandions une visite à l'infirmerie nous devions attendre des heures debout dans un couloir glacial dont toutes les fenêtres et les portes étaient ouvertes, nous grelottions. J'ai vu en cette circonstance des déportés, marins norvégiens récemment arrivés à Sonnenburg. encore solides et en bien meilleure condition physique que nous, qui claquaient des dents. N'ayant pas encore acquis notre endurance à la vie carcérale, ils ne résistèrent pas et moururent rapidement. De retour à notre « cellule » plus mal en point qu'en la quittant nous n'avions pas droit à notre soupe. Aussi ne demandions-nous plus de visite à l'infirmerie ! »

Les prisonniers « Nuit et brouillard », sont placés dans des cellules froides et humides et ne peuvent avoir aucun contact avec leur famille et leurs proches. Ils sont isolés des autres prisonniers, sont soumis au travail forcé et reçoivent moins de nourriture. Sur la porte de leurs cellules figurent seulement le numéro du prisonnier, le travail qui lui est attribué et la mention « Pas de courrier, pas de livres, pas d’assistance religieuse ».

5. Derniers actes du camp, dernières exactions...

Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945, 91 jeunes Luxembourgeois ont été fusillés par un commando SS au camp de Sonnenburg. Ces 91 jeunes avaient été condamnés à mort par l'armée allemande comme réfractaires et déserteurs. Ils furent d'abord internés dans les camps d'Emsland. Mais lorsque les allemands constatent en novembre 1944 l'avancée à travers les Pays-Bas des troupes britanniques, ils les ont transférés à Sonnenburg.

Au lieu de capituler, les nazis font le choix d'effacer les traces de leurs actes en écartant tous les témoins gênants. Dans la nuit du 30 au 31, 823 détenus sont fusillés par groupes de dix par 20 SS. Ils ont touis reçu une balle dans la nuque.

4 détenus en réchappèrent par miracle.

Parmi les prisonniers morts le 31 janvier se trouvaient 29 prisonniers NN, jugés par le Volksgericht de Leipzig , arrivés dans un convoi le 4 août 1943.

Deux jours plus tard, l'armée russe a libéré Sonnenburg, trouvant quatre survivants gisant parmi les cadavres entassés. Ils enregistrent des séquences vidéo, qui ont ensuite été utilisées dans les procès de Nuremberg pour prouver les crimes de guerre du régime nazi.

Sur l'emplacement du sinistre bagne de Sonnenburg
30 ans après, on exhumait encore des squelettes d'hommes exécutés.

6. Le procès du massacre.


 

Le médecin du bagne se suicida dans sa cellule.

Le gardien-chef et l'inspecteur du Sipo chargé du fichier meurent en captivité avant le procès.

Le sous-directeur (qui avait sélectionné les hommes à abattre) est exécuté.

En 1971, les deux officiers de police SS venus expressément de Francfort pour perpétrer ce massacre: Wilheim Nickel(† après1971) et son supérieur Heintz Richter(† 27 juillet 1974 à Kiel) furent traduits devant le tribunal de Kiel. Le président prononça la relaxe, prétextant que les deux accusés sont trop vieux pour être jugés et que le témoignage des survivants n'est pas recevable. Les preuves sur la culpabilité des accusés n'ont pas suffi à convaincre la cour et les deux complices furent acquittés.

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