"Comme toi" de Goldman

Comme toi

Parolier : Jean-Jacques Goldman

Elle avait les yeux clairs et la robe en velours
À côté de sa mère et la famille autour
Elle pose un peu distraite au doux soleil
De la fin du jour

La photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir
Le bonheur en personne et la douceur d'un soir
Elle aimait la musique, surtout Schumann
Et puis Mozart

Comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi
Comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi
Comme toi que je regarde tout bas
Comme toi qui dort en rêvant à quoi, comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi

Elle allait à l'école au village d'en bas
Elle apprenait les livres, elle apprenait les lois
Elle chantait les grenouilles et les princesses
Qui dorment au bois

Elle aimait sa poupée, elle aimait ses amis
Surtout Ruth et Anna et surtout Jérémie
Et ils se marieraient un jour peut-être à Varsovie

Comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi
Comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi
Comme toi que je regarde tout bas
Comme toi qui dort en rêvant à quoi, comme toi
Comme toi, comme toi, comme toi

Elle s'appelait Sarah elle n'avait pas huit ans
Sa vie, c'était douceur, rêves et nuages blancs
Mais d'autres gens en avaient décidé autrement

Elle avait tes yeux clairs et elle avait ton âge

Une chanson à apprendre dans les écoles !

Goldman évoque la vie d'une petite fille juive enfermée dans le ghetto de Varsovie lors de la Seconde Guerre mondiale, avant d'être emmenée dans les camps d'extermination de Pologne (Auschwitz, Treblinka…).

Il s’est inspiré d'une photo dans un album de famille de ma mère.

« Comme toi » a été inspirée à Jean-Jacques Goldman en feuilletant l'un des albums photos de sa mère. Le mot « déporté » était inscrit sous chacun des membres figurant sur une photo. Parmi eux, une petite fille retient l'attention de l'artiste. Il la baptise Sarah et dans sa chanson, raconte son histoire à Caroline sa fille aînée…

Il n’évoque pas explicitement le sort de Sarah, il suggère une tragédie sans la nommer : la shoah. Ce qui lui arrive est seulement suggéré. L’auteur montre à la génération qui l’écoute qu’il ne faut pas oublier ce qui s’est passé.

Jean-Jacques Goldman raconte que des gens ont mis fin aux doux rêves d'une petite fille, juive et d'origine polonaise. Ces gens, ce sont les nazis, appliquant ainsi les principes raciaux. A cause d’eux, des vies ont été brisées.

Les premiers couplets décrivent l’existence heureuse et banale de Sarah, 8 ans, juive d’après l’allusion à la Torah (elle apprenait les lois).

Cette petite fille mène d’abord une vie normale comme tous les enfants de son âge. Elle va en classe, joue aux mêmes jeux que tous les enfants de son âge. L’histoire raconte la mort injuste d’une petite fille innocente.

Goldman s’adresse, fictivement, à une fillette d’ici et de maintenant qui ressemble à Sarah. Mais les deux fillettes n’auront pas le même destin. En effet, la vie de Sarah faite de « douceur, Rêves et nuages blancs » sera brisée par une intervention extérieure (« d’autres gens » ).

Le single sera certifié disque d'or en 1983 pour plus de 500 000 exemplaires vendus.

Le roman de Tatiana de Rosnay Elle s'appelait Sarah (2008), qui raconte l'histoire d'une fillette victime de la rafle du Vélodrome d'Hiver, emprunte son titre à un passage de la chanson de Goldman. Donc, nous sommes toujours dans le même sujet.

En revanche, ne pas confondre avec la chanson de Clara Luciani "Comme toi". Clara Luciani nous parle de sa rupture amoureuse et des différentes épreuves qu’elle a dû traverser pour s’en remettre. Son "Comme toi" se présente comme une ode à la femme forte.

Certains ont parfois aussi pensé à tort que cette chanson avait un rapport avec cette photo extraite de la liste de Schindler. Bien que le sujet soit identique !