AWANS: Discours prononcé le 11 novembre au nom de la FNC "AWANS-BIERSET et ENVIRONS"

Discours du 11 novembre 2022 au nom de la FNC.

par le secrétaire Pierre BEAUJEAN

Nous avons eu la chance, au sein de l’Union européenne, de ne plus avoir vécu de guerre depuis près de 80 ans. Cela constitue la plus longue période sans conflits que nos pays aient jamais connue. Nous avons su tirer parti des leçons de l’Histoire.

Hélas, notre réussite ne s’étend pas à l’ensemble des régions du globe. Non seulement des conflits sont en cours un peu partout dans le monde mais nous n’aurions jamais cru qu’une guerre fratricide allait bouleverser notre continent. L’agression de l’Ukraine, aux portes de l’Europe, nous a montré le contraire: un conflit qui nous impacte tous, un conflit où l’agresseur n’hésite pas à menacer de l’arme nucléaire.

La paix commence par le respect mutuel. L’Histoire n’est utile que si on l’étudie pour mieux interpréter le présent. Les combattants des deux guerres, que nous honorons aujourd’hui, ne seront pas morts pour rien si nous continuons à profiter de leurs enseignements. S’il fallait tirer une leçon en nous recueillant devant les Monuments aux Morts, c’est bien que la paix n’est jamais acquise.

Notre rassemblement témoigne de notre reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui sont morts pour la patrie, pour la liberté. Unis bien que venus d’horizons différents ou éduqués différemment : « Celui qui croyait au ciel [et] Celui qui n'y croyait pas »  comme l’écrivit le poète Louis Aragon.

Les grandes dates de notre Histoire ne donnent pas seulement matière à commémoration. Elles éclairent, continuellement, et à chaque fois de façon différente, l’actualité. Le 11 novembre comme le 8 mai comptent assurément au nombre de ces dates-là.

Celles et ceux qui sont nés à la fin ou après la seconde guerre doivent maintenir le souvenir de cette époque. Nous n’avons pas été les témoins directs de cette tragédie. Nous n’avons pas vu les camps ni les champs de bataille ni les actes de résistance. Ni non plus la part d’ombre qui exista aussi : la honte de la collaboration, de la délation, du marché noir. Pourquoi évoquer cette part obscure de notre passé si ce n’est pour rappeler que rien n’est jamais ni défini, ni acquis, ni « gravé dans le marbre » !

C’est à nous qu’il appartient maintenant d’entretenir le souvenir de toutes les victimes et de leurs familles. Et, pour cela, nous savons bien qu’il ne suffit pas de lire les longues listes de noms gravés sur les Monuments aux Morts. Il nous faut, en permanence, aller plus loin, associer le souvenir des victimes et la connaissance des causes, des circonstances et des conséquences de ces guerres…

Mais les commémorations ne pourront perdurer que si la relève est assurée. Aucun d’entre nous n’a connu aucune des deux guerres mondiales. C’est pour cette raison qu’il nous appartient encore plus que par le passé de célébrer la paix. Si ce jour est important par le devoir de mémoire qui s’impose, il est aussi l’occasion de lancer un message, un appel. Un appel au passage du relai.

Ce souvenir, nous l’avons assuré jusqu’à présent. Mais, si le passage de témoin ne se fait pas avec les générations suivantes, nous courrons le risque de voir ces cérémonies devenir obsolètes. Depuis plusieurs années, on constate que les cérémonies patriotiques ne rassemblent plus grand monde. Dans certaines communes, elles n’ont même plus lieu. Or le message que nous nous efforçons de diffuser à chaque fois est en faveur d’une démocratie vivante et d’un appel à la vigilance contre les extrémismes et les fanatismes de tous bords.

Dans un célèbre pamphlet, paru en 2010, Stéphane Hessel, exhortait les jeunes générations à savoir « s’indigner ». Il rappelait combien l’indifférence est la pire des attitudes. Il démontrait que la faculté d’indignation, avec l’engagement qui va de pair, est l’une des composantes clés de l’Humain. Notre démocratie a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes engagés, pour affirmer haut et fort, avec conviction et constance, les valeurs qu’ils défendent.