TALIBANS : GARDIENS D’UNE PRISON A CIEL OUVERT
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La guerre en UKRAINE a mobilisé les attentions occidentales et accaparé nos indignations. Et nous avons oublié les millions de femmes et filles afghanes qui, depuis le retour des talibans au pouvoir le 15 août 2021, ont vu leur espace de liberté s'amenuiser de jour en jour !.
Elles sont plus de 20.000.000 ! Partout dans le pays, les décrets font disparaître les Afghanes de la vie sociale. Peu à peu, les Afghanes qui avaient au cours des vingt dernières années reconquis une place dans l'espace public en sont écartées.
Après vingt années d’occupation par les Etats-Unis et leurs alliés, qui les avaient chassés en 2001, les talibans avaient promis plus de souplesse. Promesses qu’ils ont rapidement reniées, érodant progressivement les droits et balayant deux décennies de libertés conquises par les femmes, conformément à leur interprétation extrêmement rigide de la charia.
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Le mode de vie des femmes est l'objet d'une campagne répressive menée par les talibans contre leurs droits fondamentaux. « Amnesty International » le dénonce dans un rapport publié le 27 juillet de cette année. Rapport intitulé « Death in Slow Motion: Women and Girls Under Taliban Rule. »
Dès leur prise de pouvoir en août 2021, les talibans s'en sont pris aux droits des femmes et des filles à l’éducation, au travail et à la liberté de mouvement. Le système de protection et de soutien pour les personnes fuyant la violence domestique a été anéanti. Des femmes et des filles ont été arrêtées pour des infractions mineures à des règles discriminatoires. Les mariages précoces, même des mariages d'enfants, et les mariages forcés ont connu une forte augmentation.
Exemples de règles politiques discriminatoires : la règle leur interdisant d’apparaître en public sans un mahram [chaperon de sexe masculin] ou d'apparaître avec un homme ne remplissant pas les conditions pour un être un mahram. Les femmes arrêtées sont généralement inculpées du « crime » ambigu de « corruption morale ».
Si une femme enfreint une règle ou est accusée de l'avoir fait, elle peut être humiliée, mutilée et, dans le pire des cas, tuée avec l'approbation de l'État islamique, selon divers analystes et médias.
Depuis peu, alors que la situation humanitaire s’aggrave, les femmes afghanes ne sont plus autorisées à voyager à plus de 72 km de leur foyer sans être accompagnées par un proche parent masculin, ce fameux mahram.
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Le pays s’enfonce dans une crise économique et humanitaire sans précédent. Mais les les talibans, ont une priorité absolue: contrôler la vie des femmes. Des affiches menacent les femmes qui refuseraient de porter la burqa. Des sanctions peuvent être prises à l’encontre des maris dont l’épouse ne porterait pas la burqa.
Le 23 mars 2022, les talibans ont ordonné la fermeture des collèges et des lycées pour filles.
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Des femmes ayant manifesté de manière pacifique contre ces règles oppressantes ont été menacées, arrêtées, incarcérées, torturées et victimes de disparitions forcées.
Amnesty International a recueilli les propos d’une manifestante qui a été arrêtée et incarcérée pendant plusieurs jours en 2022. Décrivant son traitement en détention, elle a déclaré :
« [Les gardiens talibans] n’arrêtaient pas de venir dans ma cellule pour me montrer des images de ma famille. Ils répétaient sans cesse […] “Nous pouvons les tuer tous, et tu ne seras pas capable de faire quoi que ce soit […] Ne pleure pas, ne fais pas de scène. Après avoir manifesté, tu aurais dû t’attendre à connaître des journées comme celle-ci”. »
Elle a également dit avoir été sauvagement frappée :
« Ils ont fermé la porte à clé. Ils se sont mis à me hurler dessus […] [Un membre des talibans] a dit : “Mauvaise femme […] Les États-Unis ne nous donnent pas d’argent à cause de vous, bande de salopes” […] Et puis il m’a donné un coup de pied. Le coup était si fort que j’ai eu une blessure au dos, et il m’a aussi mis un coup de pied dans le menton […] Je sens encore la douleur dans ma bouche. J’ai mal dès que je veux parler. »
Le tableau actuel dressé par l'ONU est très sombre :
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La faim et l'insécurité alimentaire touchent plus de 90% des ménages dirigés par des femmes.
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Les violences domestiques et du harcèlement sont en hausse.
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Les attaques contre les défenseurs des droits humains, les journalistes, les juges, les avocats et les procureurs se multiplient.
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Le chômage des femmes est massif, dans un contexte économique au bord de l'effondrement total.
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Les restrictions de la liberté de mouvement, d'habillement, et leur impact sur l'accès aux services de base, ainsi qu'une anxiété et une dépression croissantes.
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Les fermetures d'entreprises détenues et gérées par des femmes.
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L’arrêt de la scolarité secondaire pour 1,2 million de filles.
Les femmes afghanes ont été exclues de la plupart des emplois publics. Ou bien elles ont vu leur salaire amputé et ont été sommées de rester à la maison.
Malgré tout, certaines afghanes continuent à travailler sous les talibans. Elles sont pourtant souvent les premières à être licenciées des entreprises privées en difficulté, en particulier des entreprises qui ne sont pas en mesure d'assurer la ségrégation sur le lieu de travail comme l'exigent les talibans.
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Au début du mois de mai, le chef suprême des talibans a émis un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public, y compris le visage, idéalement avec la burqa, un voile intégral doté d’une grille en tissu au niveau des yeux.
Ce décret stipule :
« Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles doivent voiler leur visage, à l’exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d’éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme qui n’est pas un proche membre de leur famille »
Et si elles n’ont pas de raison d’aller à l’extérieur, il est « mieux pour elles de rester à la maison ».
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Le régime taliban a depuis interdit la pratique du sport aux femmes du pays car c’est contraire, selon eux, à leur pratique religieuse. Le chef adjoint de la Commission culturelle des talibans a affirmé que la pratique du sport pour les femmes n’était « ni nécessaire, ni appropriée »