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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


PARIS juillet 1942: La rafle du Vél' d'hiv.

Publié le 19 Juillet 2022, 17:05pm

IL Y A EU QUATRE-VINGTS ANS :

LA RAFLE DU VEL’ D’HIV.


 

1. Pourquoi « Rafle du Vél’ d’hiv » ?


 

Il y a 80 ans, la police française arrêtait plus de 13.000 juifs pour les déporter. Sur ordre de Pétain. Les 16 et 17 juillet 1942 près de 8.000 Juifs, des enfants, des femmes et des hommes furent déportés au camp d'extermination à Auschwitz.


 

Le « vélodrome d'Hiver » avait été construit en 1909 par Henri DESGRANGE, le fondateur du Tour de France. Il se trouvait Boulevard de Grenelle, près de la Tour Eiffel. Il a été détruit en 1959 par un incendie. Il n’en reste plus aucune trace. Plusieurs milliers de Juifs arrêtés le 16 juillet 1942 furent emprisonnés dans ces bâtiments pendant cinq jours. Ils furent ensuite conduits dans le camp de transit de Drancy avant d'être déportés vers des camps d'extermination. C'est la raison pour laquelle cette rafle s'appelle la rafle du Vél' d'Hiv.


 

Initialement prévue à partir du 13 juillet, l'« action », selon l’expression nazie, fut postposée parce qu’elle coïncidait avec la fête nationale française. Cela aurait fait trop désordre ! C'est donc le 15 juillet que René BOUSQUET donna l'ordre au préfet de police de déclencher l'opération « Vent printanier ».


 

2. Les prémices.

Ce ne fut pas la seule rafle en France durant l'Occupation. Mais ce fut de loin la plus importante. Certains Juifs n'ont pas été arrêtés et ont été obligés de se cacher. Des rafles avaient déjà eu lieu les 14 mai, 20-23 août et 12 décembre 1941.


 

La rafle du Vel' d'hiv' fut la mise en pratique de la solution finale. C'est de loin la plus importante rafle organisée dans l'Europe de l'Ouest occupée. Elle fait partie du vaste plan de déportation des Juifs d'Europe, planifié par les Allemands à la conférence de Wannsee en janvier 1942.


 

Au début de juin 1942, on imposa aux Juifs le port de l’étoile jaune, afin de les identifier et de les priver d’accès à certains lieux et emplois dans la société et la fonction publique.


 

Début juillet 1942, des généraux SS et des commissaires français eurent divers entretiens. Le but : préparer une importante rafle sur Paris. Les SS réclamaient l'arrestation de 22.000 Juifs.


 

Malgré le secret, on ne put empêcher des fuites qui ont permis aux mouvements de Résistance de prévenir et de cacher plusieurs milliers de Juifs.


 

3. Qui est responsable de la rafle du Vél'd'hiv et comment fut-elle organisée ?


 

Émile HENNEQUIN, directeur de la police municipale à la préfecture de police. C’est lui qui signa la circulaire du 13 juillet 1942 organisant la rafle. Cette circulaire prévoyait l'arrestation de 27361 juifs d'origine étrangère, surtout dans les 11e, 18e et 19e arrondissements de Paris.


 

On visait d’abord les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes et apatrides. Contrairement aux rafles de 1941, on ne visait plus seulement les hommes mais aussi, pour la première fois, les femmes et les enfants qui n'avaient pas le réflexe de se cacher.


 

42.000 Juifs furent déportés durant l’année 1942. Durant cette année, plus de la moitié des 76.000 Juifs déportés de France furent expédiés vers les camps d’extermination. La rafle du Vél’ d’hiv’ a fait plus de 13.000 victimes à Paris et dans sa banlieue. Soit, en à peine plus de deux jours, environ le tiers des déportations de l’année !


 

Au total, au moins 7.000 fonctionnaires d'autorité semblent avoir été opérationnels le 16 juillet 1942 à 4 heures du matin. 50 autobus de la CTRP, la Compagnie des transports en commun de la région parisienne, et 10 autocars aux vitres fermées ont été réquisitionnés avec leur personnel.


 

Plus de 1.200 équipes d'arrestation furent organisées. On les affecta principalement aux arrondissements « à forte implantation juive » :

* le Marais (le 3e arrondissement, doté de 156 équipes, le 4e de 139) ;

* l'Est parisien (le 10e, 152 équipes, le 11e : 246, le 12e : 131) ;

* les quartiers populaires du nord de la capitale (18e : 121 équipes, le 20e : 255).

Les consignes d'arrestation étaient strictes : ne pas discuter, fermer les compteurs, confier les animaux et les clés au concierge, sinon au plus proche voisin, emmener les enfants, même de nationalité française, qui pourront être éventuellement relâchés dans les « centres de tri ».


 

Moins d’une centaine de juifs arrêtés lors de cette rafle ont survécu.


 


 


 

4. La reconnaissance de la responsabilité.


 

Lors d’un sondage de l’institut CSA à la question « Avez-vous déjà entendu parler de la rafle du Vél’ d’Hiv ? », une large majorité des Français de moins de 35 ans a répondu par la négative.


 

La responsabilité de la France est-elle bien engagée dans la rafle ? Cela fit discussion longtemps.


 

Certains disaient que le Gouvernement de Vichy ne représentait pas la France. En tout cas pas la République qui avait été abolie par le Maréchal PETAIN. D’ailleurs, les documents officiels de son gouvernement et de son administration émanaient de l’« État Français » et non plus de la République française.


 

Mais on leur oppose que le Maréchal Pétain n’a pas pris le pouvoir à l’occasion d’un coup d’état mais a reçu les pleins pouvoirs de la part du Parlement, à une très large majorité et que, au départ en tout cas, il disposait d’un large appui.


 

Dès 1946, les organisations juives commémorent la rafle du Vél’ d’Hiv. Au mois de juillet, des milliers de Juifs se rassemblent devant le Vél d’Hiv, des discours sont prononcés, des prières récitées dans l’émotion des survivants…


 

En 1992, le Comité Vél'd'Hiv adressa une pétition au Président de la République François Mitterrand. Elle avait demandé que, par un geste symbolique, l'État reconnaisse les responsabilités de la France dans le génocide.

 

Pour la première fois, François Mitterrand marqua de sa présence la cérémonie de commémoration de la rafle du Vél'd'Hiv. Aucun chef d'État n'y avait assisté depuis la fin de la guerre. Toutefois, il n'y prononça aucun discours. Pourtant, par la suite, il créa, par décret, une Journée nationale de commémoration des « persécutions racistes et antisémites commises sous l'autorité de fait dite "gouvernement de l'État français (1940-1944)" ». Elle a lieu le 16 juillet si ce jour est un dimanche, sinon le dimanche suivant.


 

En 1995, le président Jacques CHIRAC a officiellement reconnu la responsabilité de la France dans les rafles menées sur son territoire. Voici un extrait de son discours:

« Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.

On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France - jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la Préfecture de Police.

On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi quelques évasions.

Pour toutes ces personnes arrêtées, commence alors le long et douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles ne reverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont senties trahies ? Quelle a été leur détresse ?

La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.

Conduites au Vélodrome d'hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l'on sait, d'être dirigées sur l'un des camps de transit - Pithiviers ou Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorités de Vichy.

L'horreur, pourtant, ne faisait que commencer. »


 

Cette reconnaissance de responsabilité fut confirmée en 2012 par François Hollande.


 

5. Le souvenir.


 

 

Plusieurs monuments existent à Paris et en province. À Paris, au carrefour du quai de Grenelle, du quai Jacques-Chirac et du boulevard de Grenelle, se trouve d'un côté la place des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver, et de l'autre, au niveau du quai de Grenelle, est implanté le square de la place des Martyrs juifs du Vélodrome d‘Hiver avec une sculpture de Walter Spitzer et Mario Azagury intitulée "N'oublions jamais". C'est ce dernier lieu qui est utilisé lors des commémorations officielles.



Sur l'ancien emplacement du Vélodrome (aujourd'hui occupé par un bâtiment, propriété du groupe LVMH qui accueille entre autres le journal Le Parisien) on peut voir le Jardin mémorial des enfants du Vél' d'Hiv', inauguré le 16 juillet 2017.


 

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