GROSS ROSEN : La folie meurtrière n'épargnait pas les malades.
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Le Revier.
« Revier » peut être traduit par « infirmerie ». En principe, un lieu de soins, de convalescence. Mais également un lieu de sélection. Ce mot est en fait l'abréviation de Krankenrevier, en allemand le “quartier des malades”.
Les prisonniers malades s’y présentaient dans l’espoir d’être soigné, En fait la promiscuité, la faim, le froid y régnait. Dans la plupart des camps les Revier étaient dirigées par des droits communs.
Au Revier, la ration de nourriture est réduite, les médicaments fort rares sont en quantités insuffisantes. Sans se préoccuper des risques de contagion les déportés sont entassés sur des paillasses infectées.
Le Revier de Gross Rosen, comme les autres, ne fut pas épargné par la folie meurtrière. Une véritable usine d’assassinat fonctionnait à l’intérieur de l’infirmerie du camp en quarantaine; les malheureux qui s’y faisaient admettre, malgré et contre toutes recommandations, étaient retrouvés le lendemain morts devant la sortie (On suppose qu’on y opérait avec des piqûres intraveineuses de substance toxiques). Comme seule moyen de couchage pour les malades, il y avait une litière de foin par terre.
Voici le témoignage d'un détenu ( Jean Cormont ) :
« Au Revier, la place manque, on allonge ces misérables n’importe où à même le sol, les bouches qui bavent, les visages qui se tournent pour mourir, des cris que rien n’arrête : à boire, pitié à boire !… Le terre plein du Revier est encombré, les cadavres s’entassent en bas des marches, comblent les fossés en un énorme tas qui monte toujours. Un enchevêtrement de bras, de jambes. La neige, pitoyable, vient les vêtir. »
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Heureusement, il y avait des médecins parmi les déportés. Ceux-ci aidaient du mieux qu'ils pouvaient leurs codétenus. Mais ils n'avaient aucun pouvoir ni aucvun moyen réels de soigner véritablement les malades. Voici un extrait du long récit de l'un d'entre eux, le Dr Romuald Sztaba, médecin polonais :
« L'hôpital Gross-Rosen n'avait pas beaucoup de médicaments à offrir aux patients. Nous avions un très petit stock de sulfamides, de charbon médicinal, d'argile blanche et d'isticine à notre disposition. Nous avions de la gaze non stérile, de la lignine, des pansements en papier et de la pommade pour les pansements. Chaque fois que le problème de la gale s'intensifiait, nous recevions une quantité suffisante de pommade de Wilkinson. Il y avait une grande demande pour cette pommade au soufre. Nous n'avions pas de verre de laboratoire ni de réactifs, ni d'appareil à rayons X ou de pneumothorax. Tout ce que le bloc hospitalier pouvait offrir aux prisonniers, c'était du repos, le maintien au lit et des portions complètes de nourriture, parfois de la soupe diététique. Les conditions de travail pour nous, le personnel de l'hôpital, étaient bien meilleures que dans les commandos de travail du camp, mais pas un moment de solitude et d'être constamment avec des patients et en compagnie de collègues, ce qui rendait notre vie automatique et superficielle. Il n'y avait pas de temps pour les souvenirs, les pensées personnelles ou un moment de réflexion. Néanmoins, de tels moments sont arrivés, souvent aux moments les moins attendus. »
On doit surtout parler des médecins officiels, dont le sinistre Karl Babor. Il était un expert de l'assassinat à la seringue de phénol. C'était un nazi authentique, médecin SS, officiant à GROSS ROSEN avec le grade de Hauptsturmführer.
En novembre 1941, il devient médecin au camp de Gross Rosen, chargé de l'exécution des détenus atteints de typhus par injection de phénol et d’acide prussique.
En 1945, il est arrêté et emprisonné par des Français. Après quelques mois passés dans un camp, il regagne Vienne. On n'avait, curieusement, rien retenu de grave contre lui !
Il y termine ses études sans être inquiété jusqu'en 1952, date à laquelle il est reconnu par d'anciens déportés de Gross-Rosen. Préférant fuir, il quitte Vienne et l'Autriche et on le retrouve plus tard en Éthiopie.
Entre-temps, sa femme, retournée en Allemagne, décide de le dénoncer. Elle contacte Simon Wiesenthal, qui alerte la presse mondiale (1963).
Il meurt sans avoir été poursuivi par la justice : tué par balle, son cadavre sera retrouvé en janvier 1964 dans une rivière infestée de crocodiles. Il fut inhumé à Addis-Abeba. Juste retour des choses !
Un autre médecin maudit ( Friedrich Entress ) y passa aussi quelque temps, oeuvrant en commun avec Karl Babor. Il commença sa carrière au camp de concentration de Gross Rosen en 1941. Puis il partit vers divers camps de concentration.
Il était au camp principal d'Auschwitz entre le 11 décembre 1941 et le 21 octobre 1943. Au cours des sept dernières Pendant huit mois (mars 1943 au 20 octobre 1943), il devint médecin de camp au camp de travail de Buna-Morowitz, camp faisant partie du système de camps d'Auschwitz.
Par la suite, en octobre 1943, il devint médecin-chef à Mauthausen-Gusen . En 1945, il était chirurgien SS.
Il a mené des expériences médicales humaines à Auschwitz et y a introduit la procédure consistant à injecter des doses mortelles de phénol directement dans le cœur des prisonniers. Il a été capturé par les Alliés en 1945, condamné à mort lors des procès du camp de Mauthausen-Gusen et exécuté.
Un troisième, encore plus sinistre que les deux autres y séjourna quelque temps : Josef Mengele. Fait qui est très peu connu. Heureusement, il n'était que de passage. Il ne put donc y faire de dégâts. Il était surtout soucieux d'y préparer sa fuite.
Josef Mengele quitta Auschwitz pour le camp de Gross-Rosen en janvier 1945. En avril 1945, il fuit vers l'ouest en se déguisant en soldat de l'infanterie régulière. Il fut capturé comme prisonnier de guerre et retenu près de Nuremberg. Il fut relâché par les alliés qui ne l'avaient pas identifié car il n'avait pas le tatouage distinctif des S.S.. Après s'être caché comme garçon de ferme en Haute-Bavière, et, avec l'aide du réseau d'exfiltration de criminels nazis mis en place par l'évêque Alois Hudal, il put partir pour l'Argentine en 1949.
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