Boris Romantschenko

"La construction d'un nouveau monde de paix et de liberté est notre idéal ! »

C’est ainsi que s’exprimait Boris Romanchenko le 12 avril 2015, sur l’ancienne zone d’appel du camp de concentration de BUCHENWALD.

C’est le serment de Buchenwald qu’il a prononcé en russe : "Наш идеал — построить новый мир мира и свободы." ("La construction d'un nouveau monde de paix et de liberté est notre idéal ! »)

Pendant de nombreuses années, Boris Romanchenko a été vice-président pour l'Ukraine au sein du Comité international de Buchenwald-Dora.

Boris Romantschenko était né le 20 janvier 1926 à Bondari près de Soumy. Il avait donc seulement 16 ans en 1942 lorsqu'il fut déporté en Allemagne comme travailleur forcé. Il a été déporté à Dortmund.

Il tenta de s'échapper mais il fut rattrapé et envoyé au camp de concentration de Buchenwald en janvier 1943.

Ce ne fut pas le seul camp, la seule étape d’un long calvaire.

Une autre étape fut Peenemünde, où il dut participer à la construction de la fusée V2, le premier missile balistique à longue portée au monde.

Une autre étape fut le camp de concentration de Mittelbau-Dora, à l’origine un appendice de Buchenwald. Nous avons rédigé, sur ce site, un article sur ce camp ( où Werner Von Braun officia ).

La dernière étape fut le camp de concentration de Bergen-Belsen, un camp du nord de l’Allemagne qui a commencé comme un site de détention de prisonniers de guerre et est devenu en 1943 un camp de concentration. Un articler détaillé figure aussi sur ce blog.

À la fin de la guerre, il fut enrôlé dans l'armée soviétique stationnée en Allemagne de l'Est jusqu’en 1950. Il a ensuite pu retourner dans son pays natal, en Ukraine, où il a étudié à l'Académie minière de Kharkiv, puis a travaillé comme ingénieur principal.

Après la guerre, pendant de nombreuses années, il a été vice-président pour l’Ukraine au sein d’un comité international pour les survivants de Buchenwald. Romanchenko était l'un des rares témoins survivants de première main des crimes de l'Allemagne nazie dans les camps de concentration.

Il a participé à de nombreuses commémorations des persécutions nazies, au cours desquelles il portait l'uniforme rayé avec le triangle rouge cousu qui distinguait les prisonniers politiques.

C'est avec horreur que nous avons appris sa mort violente dans la guerre en Ukraine.

Lui qui avait survécu à la Seconde Guerre mondiale et à l'enfer des camps nazis a finalement été tué dans une frappe russe, au 22e jour de l'opération militaire lancée par la Russie en Ukraine. « Opération militaire », euphémisme utilisé par Vladilir Poutine qui ne veut pas parler de guerre !

Ayant survécu à la page la plus noire de l'histoire du siècle dernier, comme dans un cruel jeu du destin que personne n’aurait jamais prédit, Romanchenko est mort dans la plus horrible crise du siècle actuel. Son histoire est là pour prouver que l'on n'apprend jamais du passé. .

La mort horrible de Boris Romantschenko montre à quel point la guerre en Ukraine est menaçante pour les survivants des camps de concentration. C’est aussi un démenti cinglant apporté à Vladimir Poutine lorsqu’il prétend agir pour « dénazifier » l’Ukraine !

En raison de la pandémie de COVID-19, Romanchenko n'avait pas quitté son appartement, à Kharkiv, pendant de longs mois. Le 18 mars 2022, lors d'un bombardement, un missile russe a touché le bâtiment où il vivait.

Romanchenko est mort, son appartement incendié.

Le parlement allemand a organisé une cérémonie en son honneur.

Avec 30 autres mémoriaux, la Fondation des mémoriaux de Buchenwald et Mittelbau-Dora a mis en place un réseau d'aide aux anciennes victimes des persécutions nazies en Ukraine. Les médicaments et la nourriture doivent être organisés avec des dons. De plus, une aide pratique pour les rescapés des camps de concentration doit être organisée (prise en charge à la frontière ukrainienne, aide au logement en Allemagne).

DORA