HOMMAGE AUX POSTIERS DE LA PROVINCE DE LIEGE MORTS POUR LA PATRIE.
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L'OEUVRE DES POSTIERS LIEGEOIS
va cesser ses activités.
Le flambeau va être transmis à une autre associations,
les VETERANS POSTIERS.
Ceux-ci reprendront, dès 2022, l'organisation de cette manifestation.
Cette dernière manifestation fut l'occasion de retracer l'ambiance dans laquelle l'Oeuvre des Postiers Liégeois fut créée, en 1945
Occasion aussi pour rappeler les actions accomplies, dans l'ombre, durant les cinq ans de guerre.
Cette dernière commémoration s'est déroulée au Château de PERALTA, mairie de quartier d'ANGLEUR.
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En présence d'un représentant de la Ville de LIEGE et de Daniel PROTACIEWICZ, qui a pris la parole au nom de la FNC nationale.
Voici, ci-après, le discours prononcé par le Président de l'Oeuvre,
Pierre BEAUJEAN
Oeuvre des Postiers Liégeois : Discours du 6 novembre 2021.
Mesdames, Messieurs, Chers anciens collègues,
Pour la dernière fois l’Oeuvre des Postiers Liégeois organise cette commémoration. Mais ce ne sera pas la dernière. Dès l’an prochain, elle sera reprise par les « Vétérans Postiers Liégeois », association bien représentative et non menacée d’extinction.
Notre association a subi les outrages du temps. Dans le tournant des années 70, le recrutement de nouveaux membres est devenu difficile voire inexistant. La mentalité qui avait prévalu lors de sa création n’y était plus.
L’Oeuvre des Postiers Liégeois fut fondée en 1945 dans la foulée de la Libération. Elle résultait de la fusion de plusieurs groupements qui avaient concouru au soutien moral et matériel du personnel. Elle était aussi poussée par l’esprit qui avait animé Liège 1 durant les 5 cinq ans de la guerre.
Elle était une émanation de l’âme du bureau de Liège 1. Liège 1 d’avant la scission entre les deux rives (4000 et 4020). Liège 1, d’avant la centralisation du tri à Liège X, qui disposait d’un service de tri à l’expédition. C’était le port d’attache des intérimaires. La Direction Régionale occupait tout l’étage. Pour les postiers, Liège 1 était considéré comme le bureau chef-lieu.
Liège 1 fut un haut lieu de la Résistance. Comme dans toutes les localités siéges d’une Kommandantur, les postiers accomplirent une tâche qui sauva la vie à des milliers de personnes. Tâche très risquée et qui causa la perte de nombre d’entre eux ou, en tout cas, l’expédition en camps de concentration. Il s’agissait d’intercepter le maximum de courrier possible, de prévenir les personnes dénoncées et d’en réintroduire dans le circuit une partie pour éviter les soupçons.
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Au Fort de Huy, une salle est réservée à l’exposition de ce courrier. A Waremme, les mémoires d’Edmond Leburton sont aussi très élogieuses à ce sujet. Les facteurs lui amenaient les lettres et passaient les reprendre en fin de tournée. Cela lui laissait le temps d’ouvir, de refermer et d’agir.
Il s’agissait aussi de repérer les personnes suspectes : les destinataires du courrier rexiste ou d’autres mouvances pro-nazies, les abonnés au Pays Réel…D’où cet article dans la Presse clandestine :
« Dans nos milieux PTT, on peut découvrir [les collabos] en surveillant les correspondances de ceux qui sont soupçonnés, on peut vérifier la provenance des lettres qu’ils reçoivent des services allemands. Cela nous permettra certainement d’arracher le masque de certains individus qui ont l’habileté de ne pas travailler au grand jour, qui ont su passer jusqu’à présent pour des indifférents ou pour des patriotes passifs. » |
Pour donner un aperçu de la vie postale en 40-45, ily a cet appel dans la Presse clandestine :
« Une circulaire incite le personnel des bureaux de poste à alerter immédiatement la feldgendarmerie en cas de vols à main armée. Il faut pour cela téléphoner au n° ….Aussi n'hésitez pas à sonner ce n° dès que vous en avez l'occasion. Cherchez chaque jour, un ou deux bureaux de poste soit-disant attaqués et surtout n'envoyez pas les boches là où ils le sont véritablement. » |
Un autre appel :
« POSTIERS ! SABOTEZ LES DEPORTATIONS ! Pour organiser la déportation des Jeunes Belges, les Allemands ont absolument besoin des services postaux du pays. Il leur est impossible de s'en passer. Que les services postaux soient désorganisés et c'est toute la machine négrière qui est en panne !
Camarades de la poste, au combat ! Vous savez ce que vous pouvez faire ! Avec intelligence et prudence, agissez et agissez tout de suite. Les plis des Werbestelle sont aisément reconnaissables. Postiers, au travail ! » |
Et encore, cet appel qui s’adresse à tous les fonctionnaires, et donc aussi aux postiers :
« Fonctionnaires ,vous connaissez tous les rouages de votre Administration; vous avez la possibilité de saboter vos nouveaux chefs, qui, pour la plupart, sont absolument ignorants des ficelles que vous pouvez tirer. Nourris dans le sérail, vous en connaissez les détours. Multipliez les entraves en négligeant l'application de certaines circulaires, en les interprétant mal. Commettez des erreurs, faites disparaître le courrier ; retardez-en l'envoi. Il y a tant d'éléments qui peuvent à l'heure actuelle justifier l'arrivée tardive d'une correspondance. Un dossier « urgent »peut être oublié dans un tiroir ». |
Et cet article de février 1943 :
« Au mépris de la convention de La Haye, l'occupant vient d'aggraver la censure des correspondances postales. La censure existait déjà partiellement, L'occupant ouvrait à tour de rôle toutes les lettres d'une rue, puis d'une autre rue, et puis les refermait sans laisser de traces.
C'était le système du "cabinet noir". Aujourd'hui, les Allemands viennent de donner des ordres à l'Administration belge des Postes pour que toutes les correspondances sous enveloppe adressées en série à des juges d'instruction, avocats, instituteurs, bourgmestres, échevins, conseillers, receveurs communaux, garde-champêtres, curés, vicaires ou autres agents appartenant à des services publics ou occupant des fonctions libérales et qui ne portent pas extérieurement l'adresse de l'expéditeur soient soumises à la censure. » |
Directives qu’il fallait contrer du mieux que l’on pouvait.
Mais, là était le danger, haut-lieu de la Résistance signifait aussi nid de la collaboration. Dans la Presse clandestine, on trouve des articles qui mettent en garde contre des chefs, des ageents, dont on cite les noms et dont il faut se méfier. Voici, tiré d’un journal clandestin :
« A Liège-Centre, notamment, un certain M. L…., n'a-t-il pas, après avoir assisté à une réunion à laquelle se trouvaient également un certain nombre de facteurs surnuméraires, adressé une demande d'explication à ceux-ci sur leur absence à leur travail à l'heure de la réunion.
Comme jésuitisme, on ne fait pas mieux. Il est vrai que l'exemple vient d'en haut, c'est-à-dire du nouveau percepteur. Ce dernier vient d'arriver de la région hutoise. On explique que sa nomination serait due au fait qu'il serait un pur de l'Ordre Nouveau. Mais, il l'a démenti. Toujours est-il qu'il s'est distingué, à l'occasion de la St-Nicolas, par une démonstration de plat-ventrisme devant l'occupant. ….. [les facteurts]refusèrent de diffuser [un tract]hitlérien [irrégulier]et envoyèrent une délégation au percepteur lequel la mit à la porte en disant qu'il ne voulait pas aller en prison pour des bêtises pareilles. » |
Après la Libération, l’intéressé eut des ennnuis avec la Commission d’épuration. Suspendu, il fut réintégré, mais ailleurs, après examen de son cas. A part une nomination contestable et un comportement ambigu, on ne lui reprochait aucun zèle particulier en faveur de la collaboration. On ne lui reprochait non plus aucune dénonciation. Seulement du plat-ventrisme !