AWANS :
Discours prononcé au nom de la FNC le 11 novembre 2021.
au Monument aux Morts, Place Communale à AWANS.
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Le 11 novembre a une signification historique mais, surtout, une signification symbolique.
Historiquement, il rappelle la signature de l’Armistice. Une victoire alliée à laquelle notre pays a contribué. Victoire chèrement payée : près de 43000 soldats morts ; environ 64000 victimes civiles ; et des décès dus aux conditions de vie. La Belgique a perdu 129465 habitants en quatre ans. Le nombre de naissances a baissé de 156389 en 1914 à 85056 en 1918. Elle sort affaiblie et ruinée. Et elle va bientôt connaître la célèbre grippe espagnole.
Symboliquement, le 11 novembre nous dit bien d’autres choses.
Il nous rappelle d’abord qu’il fut difficile aux associations d’anciens combattants d’imposer cette journée.
Il faut savoir que le 11 novembre 1918, tout le territoire belge était loin d’être libéré. Ce jour-là, des obus tombèrent encore sur des villages proches du front. La Belgique ne sera officiellement libérée que le 28 novembre. Ce jour-là, cinquante coups de canon sont tirés du parc du Cinquantenaire pour marquer l’événement. Durant ces 17 jours, les troupes allemandes, livrées sans discipline, commirent encore des exactions ; nous avons ici, à Awans, l’assassinat de Blanche D’ANS. Le 11 novembre ne signifiait pas le retour des soldats. Retour qui n’interviendra que bien plus tard.
Les Parlementaires voulaient une date symbolique. Ce fut d’abord la date du 4 août. On ne s’aligna sur les autres pays, qui, eux, avaient retenu le 11 novembre, qu’en 1922.
La date du 4 août, ne fut pas le premier choix. Dès le 17 décembre 1918, une proposition de loi est déposée au Sénat pour que l’on choisisse le 22 novembre en souvenir de la Joyeuse Rentrée du Roi et de ses troupes à Bruxelles : journée « d’apothéose de la patrie délivrée ».
Cette date ne plaisait au Roi Albert qui estimait qu’elle le mettait trop en valeur. Il aurait préféré le 11 novembre, date officielle de l’Armistice. En février 1919, le Gouvernement se rallia à cette idée.
Finalement, la date du 4 août fut choisie pour commémorer l’élan patriotique qui étreignit les Belges au moment de l’agression allemande. 4 août, jour d’honneur qui fit l’admiration du monde entier, jour qui symbolisa l’attitude d’un petit pays innocent au sein du conflit. Le 10 juillet 1919, la loi instituant le 4 août en tant que « fête nationale » est votée à l’unanimité. Malgré des réticences de certains sénateurs.
Réticences justifiées : les célébrations du 4 août 1919 n’eurent guère de succès auprès de la population, tandis que le 11 novembre 1919 fut spontanément fêté çà et là et les maisons pavoisées.
Mais la façon dont le 11 novembre devait être fêté était encore contestée. Dans le Journal des Combattants, la FNC se présentait comme le « symbole de la paix », « une digue contre toutes les guerres ».
C’était là, déjà, la spécificité de la FNC. Une attitude difficile : en même temps honorer l’héroïsme des combattants tout en se voulant « combattant pour la paix ». S’élever contre les guerres tout en valorisant le comportement des combattants. Cela fit grincer des dents. Certains auraient surtout voulu une manifestation plus martiale. D’autres, une attitude résolument pacifiste, voire antimilitariste.
D’emblée, la FNC s’ouvrit à tous comme le disait son Journal « Sous le drapeau de la FNC, il y a de la place pour tous. ». « Tous », c’est-à-dire tous ceux qui avaient été mobilisés quel que soit l’endroit où ils s’étaient trouvés. Soucieux de recruter à la base plutôt qu’au sommet, les dirigeants de la FNC avaient décidé de se positionner dans une stricte neutralité philosophique.
En plus d’être le jour anniversaire de l’armistice de 1918, sans que cela ait été décidé officiellement, l’hommage s’étend à tous les "morts pour la patrie ». Cela s’est fait tout naturellement dès 1945. Les combattants des deux guerres sont confondus dans le même hommage. Cela avait été préparé par la Presse clandestine qui lançait des appels chaque année pour que le 11 novembre soit célébré malgré l’interdit.
Pierre BEAUJEAN
Secrétaire de la section FNC
AWANS.
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