Marguerite BERVOETS.
Résistante belge, détenue "Nacht und Nebel".
« Il est beau de savoir se sacrifier lorsque le sacrifice apporte le bonheur aux autres hommes ».
(Maurice Maeterlinck)
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1. La personnalité de Marguerite BERVOETS.
Marguerite BERVOETS est née à La Louvière, 6 mars 1914, dans l'hôtel géré par son père, Jules Bervoets. Elle était un enfant unique et ses parents menaient une vie très active. Sa maman, Oliva Blondiaux, était enseignante à l'école moyenne de La Louvière. Elle acquit, très jeune, une relative indépendance, à la faveur de laquelle elle se forma une personnalité qui demeura par la suite la marque essentielle de son caractère.
Ses premiers souvenirs se rapportaient aux liesses qui marquèrent l’Armistice de 1918.
Elle fréquenta les classes primaires à l’Ecole moyenne de La Louvière. A peine sut-elle former les lettres qu’elle tentait d'écrire en vers. Elle a voué sa vie à la littérature.
Elle fit ses études secondaires au Lycée Royal de Mons, en gréco-latine. Après ses humanités, elle entra à l’Université Libre de Bruxelles, en 1932. Elle fit, logiquement ses études à la Faculté de Philosophie et Lettres, en philologie romane. Elle obtint le grade de Licenciée en Philosophie et Lettres, avec grande distinction, et celui de Candidate en droit. Elle obtint aussi, en 1937, des certificats en Histoire de la musique et en Histoire de la peinture.
Elle partit pour l’Angleterre, en vue d’y acquérir une connaissance vivante de la langue anglaise. Pendant un an, elle suivit les cours de l’Université de Cambridge, qui lui délivra un certificat de connaissance de la langue anglaise contemporaine.
Rentrée en Belgique, elle fut nommée, en 1937, professeur à l’Ecole Normale Primaire de Tournai et professeur de littérature française à la section des Régentes annexée à cette école.
En 1939, elle reprend une inscription à l’ULB pour mener un doctorat sur l'œuvre d'André Fontainas (qui était déjà le sujet de son mémoire de Licence).
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Maison natale
2. Le tournant de 1940.
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Dès les premiers mois de l'occupation, après avoir pensé quitter la Belgique, Marguerite BERVOETS délaisse la thèse de doctorat ainsi que son activité littéraire pour s’engager dans la Résistance. Nous sommes à l'été 1941.
Elle rejoint la Résistance, avec le Groupe des cinq clochers, d'Henri Deneubourg. Elle participe à des missions d'observation de convois militaires, fait connaissance avec Cécile Detournay, une autre résistante, et crée un journal clandestin, La Délivrance, dont elle fut la principale rédactrice.
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"Une" du journal clandestin "La Délivrance"
Il est certain qu’elle collecte des informations de type militaire (plan, photos, descriptifs), qu’elle détient des armes à son domicile.
En avril 1942, elle intègre La Légion belge avec son groupe tournaisien devenu la section 803, et se met à son service. Elle a mission de mettre en place une antenne sanitaire.
La Légion belge, groupant des militaires belges ayant échappé à la captivité, fut mise sur pied par le capitaine-commandant Charles Claser et le colonel Robert Lentz à l'été 1940. Il sera la base de la future armée secrète.
Tandis qu’elle recrutait de nouveaux membres pour la Légion Belge, elle se consacrait à placer en lieux sûrs les parachutistes alliés, qui étaient chargés d’établir un réseau serré et efficace d’espionnage en vue du débarquement. Il lui parvint tout un arsenal d’armes de guerre, dont elle pourvoyait ceux qui se chargeaient de supprimer les traîtres particulièrement dangereux. Elle dépensa sans compter sa vie et ses ressources, et même elle eut recours, lorsqu’il le fallut, à l’argent de ses parents, à qui elle signait des reçus en règle et exigeait qu’ils les gardassent.
3. L'arrestation et le début du martyre.
Le 8 août 1942, elle est surprise en compagnie de son amie Cécile DETOURNAY alors qu'elles tentaient de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres. Elles sont arrêtées toutes deux. Elles ont fait preuve de beaucoup trop d’insouciance, et commis des imprudences dans cette entreprise.
Les jeunes filles tentèrent de donner le change. Montrant leur sac, elles disent qu'elles se rendent à une ferme voisine pour se ravitailler et affirment qu'elles voulaient juste faire quelques photos du paysage pour terminer leurs pellicules.
Malheureusement, le lieutenant allemand ordonne une enquête. Une femme, témoin à charge, conduira à l'inculpation de Marguerite Bervoets et de ses principaux dirigeants.
Un officier allemand, Müller, lui avait, au cours d’un interrogatoire, posé cette question : « Si on vous fusillait, que dirait-on à Tournai ? » A quoi elle avait répondu sans sourciller : « On penserait de moi ce qu’on a pensé de Gabrielle Petit, et de vous ce qu’on continue de penser des officiers allemands qui l’ont fait exécuter ! »
Après quelques mois d'incarcération aux prisons d’Ath, Tournai et Mons, elles sont déportées en Allemagne pour y être jugées par le Volksgericht de Leer (Saxe). Marguerite BERVOETS est condamnée à mort; Cécile DETOURNAY à huit années de travaux forcés.
Détenue à la prison nazie de Wolfenbüttel, Marguerite Bervoets est jugée le 26 mars 1944 et condamnée à mort. Elle est décapitée à la hache le 7 août 1944 à 18H34 presque en même temps qu'une autre figure de la Résistance belge : Fernande Volral. « Je suis tombée pour que le ciel de Belgique soit plus pur », écrit-elle dans une lettre d'adieu.
Durant sa captivité, elle écrivit plusieurs poésies où il n’était question que de liberté reconquise et de la vie sereine et constructive que connaîtrait l’humanité après la défaite de l’Allemagne.
Quant à Cécile Detournay, elle sera libérée par les troupes américaines le 29 avril 1945.
Les chefs directs de Marguerite et de Cécile, Henri Deneubourg et Edouard Sourdeau, également arrêtés en août 1942, furent aussi guillotinés à la prison de Wolfenbüttel le 1er juin 1944.
A la Libération, Marguerite Bervoets devient une icône de la Résistance belge.
La Croix Rouge rapatria les corps en 1947.
4. Son souvenir.
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Le 13 novembre 1941, consciente du danger qui la guettait, Marguerite écrivitt un testament confié à une amie qui ne devrait l’ouvrir qu’une fois sa mort confirmée :
"Mon amie,
Je vous ai élue entre toutes, pour recueillir mes dernières volontés. Je sais en effet que vous m’aimez assez pour les faire respecter de tous. On vous dira que je suis morte inutilement, bêtement, en exaltée. Ce sera la vérité… historique. Il y en aura une autre. J’ai péri pour attester que l’on peut à la fois aimer follement la vie et consentir à une mort nécessaire.
À vous incombera la tâche d’adoucir la douleur de ma mère. Dites-lui que je suis tombée pour que le ciel de Belgique soit plus pur, pour que ceux qui me suivent, puissent vivre libres comme je l’ai tant voulu moi-même ; que je ne regrette rien malgré tout.
À l’heure où je vous écris, j’attends calmement les ordres qui me seront donnés. Que seront-ils ? Je ne le sais pas et c’est pourquoi je vous écris l’adieu que ma mort doit vous livrer. C’est à des êtres tels que vous qu’elle est tout entière dédiée, à des êtres qui pourront renaître et réédifier. Et je songe à vos enfants qui seront libres demain. Adieu."
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Sa signature
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En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise le Lycée de Mons à porter son nom. Cet établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. Actuellement, c'est l'Athénée Royal de Mons.
À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale.
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Dans diverses localités, des rues portent son nom: à Mons, à Forest, à Frameries, à Guyancourt.
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A un moment où l'on cherche à féminiser l'espace public, voici un nom de femme que l'on devrait penser à utiliser...