Bientôt, le 19 juin, la Journée Internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit.

19 juin : journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit

Comment lutter contre les violences sexuelles en temps de conflit ?

Comment éradiquer cette « arme de guerre ».

Demain, allons-nous continuer de regarder sans rien dire, sans rien faire ?

1. La Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit.

Le 19 juin 2015, l'Assemblée générale des Nations unies (ONU) proclamait le 19 juin Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit.

Cette date a été choisie pour commémorer l’adoption, le 19 juin 2008, de la résolution 1820 du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil condamnait les violences sexuelles en tant que tactique de guerre et obstacle à la consolidation de la paix.

Cette Journée n’est associée à aucun conflit en particulier mais fait référence à "une tragédie pour l’humanité".

Les Conventions de Genève de 1949 d’abord, et leurs Protocoles additionnels de 1977, ont, tantôt explicitement, tantôt implicitement, interdit le viol et toutes les autres formes de violences sexuelles lors des conflits armés internationaux et non internationaux. Déjà en 1863, le Code Lieber avait interdit le viol et sanctionnait les auteurs d’une peine de mort (art. 44 et 47).

2. La violence sexuelle durant les conflits.

Ces faits ne sont pas nouveaux, loin de là, mais ils sont devenus depuis les années 90 de véritables armes de guerre dans les conflits armés qu'ils soient intérieurs ou internationaux.

Viennent de suite à l'esprit, la Bosnie, la Syrie, la RDC, les atrocités perpétrées en Ouganda par le Gouvernement ( Atrocités qui ont provoqué la révolte populaire contre ce Gouvernement ). Souvenons-nous aussi des Yézidis et autres minorités en Syrie aux mains de Daech. Des enlèvements et des viols de jeunes étudiantes commis par Boko Haram. Enfin, aujourd’hui, ce sont les Rohingyas et ces femmes qui accouchent de dizaines d’enfants issus du viol que dont nous avons connaissance via nos écrans. Selon un rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Colombie, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, la Lybie, la Birmanie, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan (Darfour) sont des pays en conflit où des violences sexuelles sont régulièrement perpétrées. On évalue à plus de 60.000 le nombre de femmes qui ont été violées durant la guerre civile en Sierra Leone (1991-2002) et 40.000 au Liberia (1989-2003). Entre 250.000 et 500.000 femmes ont été violées au cours du génocide du Rwanda de 1994.

Dans un article pour l’ONG « We Are Not Weapons Of War », on peut lire comment dans le cas du Rwanda, des « bataillons de violeurs », porteurs du VIH étaient formés pour commettre ces violences sexuelles.

Pas un conflit contemporain n’existe sans que le viol soit utilisé de façon systématique et endémique. La violence sexuelle est massive dans les camps de réfugiés alors qu’ils devraient être le lieu où les victimes trouvent un peu de sécurité.

Le dernier prix Nobel de la Paix a été attribué à deux personnalités, Nadia Murad et Denis Mukwege qui se battent contre ce fléau. Mais, le chemin est encore long.

La pandémie de COVID-19 a rendu la situation encore plus compliquée. Dans de nombreux endroits, la crise a entraîné une réduction du contrôle social et un accès plus difficile à l'assistance ou aux autorités judiciaires.

Nous sommes nombreux à avoir entendu l’expression du « viol comme arme de guerre ». Nous savons, plus ou moins, ce que le viol de guerre implique : des stratégies de conflit pensées, répondant à des objectifs précis, des viols systématiques commis avec extrême violence, souvent avec des objets, en public, devant les enfants, les familles… L'utilisation du viol comme arme de guerre doit être combattue par tous les moyens et les violeurs et leurs supérieurs traduits en justice.

2 victimes sur 3 n’ont toujours pas, ou pas eu, accès aux soins nécessaires, parce que les services n’identifient pas ces victimes qui se terrent.

1 victime sur 3 se suicide dans les 3 jours de la commission du crime, parce qu’elle n’a eu personne vers qui se tourner.

On estime que 9 migrants sur 10 sont violés sur la route des migrations (hommes, femmes et enfants confondus) ou que le viol dans leur pays d’origine est la cause de leur migration.

Les enfants issus du viol ne disposent d’aucun statut : ils ne sont pas considérés comme victime indirecte des viols de guerre mais sont pourtant stigmatisés dans les sociétés dans lesquels ils grandissent, souvent abandonnés par leur mère et sans accès à l’éducation.

3. Ne stigmatisons pas ! Balayons aussi devant notre propre porte !

Le passé des pays « civilisés » d'Occident doit nous inviter à ne pas stigmatiser les pays pauvres ou non européens. Après tout, l'ex-Yougoslavie se trouve en Europe.

La dernière guerre a connu de telles monstruosités.

Les viols commis par des soldats allemands restent un sujet largement méconnu et non étudiés. Souvent, les femmes victimes de ces viols ont été, durant la guerre, mais aussi, surtout, à la Libération accusée de comportement complaisant avec les occupants. Les viols de femmes par les soldats allemands, honteux pour les victimes, ne furent pas qualifiés formellement de crimes de guerre à la Libératio

3.1. Faits commis par l'Armée Allemande.

Les viols commis par des soldats allemands restent un sujet largement méconnu et non étudiés. Souvent, les femmes victimes de ces viols ont été, durant la guerre, mais aussi, surtout, à la Libération accusée de comportement complaisant avec les occupants. Les viols de femmes par les soldats allemands, honteux pour les victimes, ne furent pas qualifiés formellement de crimes de guerre à la Libération.

En Octobre 1943, la SS estima que dans la France occupée 85000 enfants étaient nés de mères françaises et de pères allemands.

En France, le 10 juin 1945, à Paris, au Grand Palais, se tint l’exposition « Les crimes hitlériens ». Parmi les clichés exposés, quatre clichés montraient un viol perpétré par plusieurs soldats. Sans être une scène de combat, c’était bien une scène de guerre, perçue ainsi en tout cas par les organisateurs de l’exposition.

3.2. La violence sexuelle la plus monstrueuse: les Lebensborn.

Ce fut un projet terrifiant, invraisemblable, inédit dans l'histoire de l'humanité. Nom de code: Lebensborn, "Fontaines de vie" en vieil allemand. Entre 1935 et 1945, les nazis ont tenté de créer une "race supérieure de germains nordiques". Pour cela, la SS avait ouvert des maternités très particulières. Après avoir subi une "sélection raciale", des femmes, enceintes d'un SS ou d'un soldat allemand, y donnaient le jour à des enfants "parfaits", blonds, aux yeux bleus.

Après l'occupation de l'ouest et du nord de l'Europe, l’organisation « Lebensborn » s’est étendue au-delà des frontières du Reich.

A partir de 1941, le « Lebensborn » créa, en Norvège, 10 maternités et foyers. Environ 250 de ces enfants furent transférés en Allemagne sans l’accord de leurs mères pour y être adoptés.

De plus, l’organisation ouvrit une maternité en Belgique et une en France ainsi qu’un foyer pour enfants au Luxembourg.

Environ 20000 enfants sont nés dans ces maternités SS: 10000 en Norvège, 9000 en Allemagne, quelques centaines dans d'autres pays occupés, dont plusieurs dizaines... en France et en Belgique. 

Dans les Lebensborn, lorsque naissaient des enfants handicapés, ils étaient transférés vers des institutions spéciales de soins où ils étaient tués après une certaine période d’observation.

A partir de 1942, le « Lebensborn » eut une autre mission : la germanisation de 350 enfants, âgés de quelques mois à 17 ans, qui, à la suite de tests de sélection raciale conduits par les SS, avaient été transférés de l’ancienne Yougoslavie (Croatie, Slovénie), de Pologne ou de l’ancienne Tchécoslovaquie en Allemagne contre la volonté ou bien à l’insu de leurs parents ou de leurs responsables légaux. Le « Lebensborn » leur donna des noms allemands, les éduqua à l’allemande dans ses foyers ou bien les confia à des familles d’accueil allemandes en vue d’une adoption ultérieure.

3.3. Les violences sexuelles commises par les soldats alliés à la Libération.

Dans un ouvrage intitulé « Quand les soldats sont arrivés » (« Als die Soldaten kamen »), l'historienne allemande Miriam Gebhardt a estimé que 860000 viols avaient été commis par des militaires alliés (soviétiques, américains, français, britanniques). À eux seuls, les membres de l'Armée rouge seraient responsables de 590000, les Américains de 190000, les Français de 50000 et les Britanniques de 30000. Cette estimation varie selon les historiens mais le principe n'est pas nié.

Le nombre de vils de femmes allemandes a atteint son niveau le plus élevé en 1945 mais ce taux élevé a pratiquement cessé dans la première moitié de 1946.

Les viols de masse commis au printemps 1944 par les troupes françaises restent une plaie ouverte dans le cœur des Italiens du Latium. La France ne s’est jamais excusée et les victimes n’ont pas oublié.

Après la victoire au Monte Cassino, des milliers de soldats du CEF déferlent sur les villages du Latium. Les civils croient accueillir une armée de libérateur. Entre le 15 mai 1944 et le début du mois de juillet, des milliers de viols sont commis par les soldats de l'Armée française.