8 mars : Mettons à l’honneur une jeune allemande résistante au nazisme :
SOPHIE SCHOLL.
La Journée internationale des droits des femmes, officialisée par les Nations unies en 1977, est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde le 8 mars. C’est une bonne occasion, pour nous, de rendre hommage aux femmes résistantes.
Rendons hommage à Sophie SCHOLL, une héroïne, discrète mais efficace, de la résistance allemande face au nazisme. Réhabilitons ainsi une héroïne de la résistance allemande et, à travers elle, toute la part de la population opposée à l’hégémonie nazie.
Lorsque l'on parle de résistance, on a tendance a oublier la résistance allemande.
/image%2F2782635%2F20210303%2Fob_513d55_1024px-sophie-scholl-bust.jpg)
1. Qui était Sophie SCHOLL ?
Sophie scholl qui tenta d'ouvrir les yeux au peuple allemand du haut de ses 21 ans mérite que l'on ne l'oublie pas !
Elle est née à Forchtenberg, le 09/05/1921 et Morte (assassinée) à Munich, le 22/02/1943. Elle était la fille du bourgmestre de Forchtenberg. Son frère, Hans, milita avec elle dans la résitance. Sa sœur, Inge, lui consacrera un ouvrage.
Ses humanités terminées en 1940, elle devient garde d’enfants. Ensuite, elle entreprit des études de biologie et de philosophie à Munich.
À partir de juin 1942, elle tient des réunions avec son frère Hans et Carl Muth. Elle les aide à imprimer et à diffuser les tracts hostiles au régime nazi et à la guerre. Dénoncée, elle sera guillotinée le 22 février 1943 à Munich à la prison de Stadelheim.
2. Avant 1942 : une jeunesse allemande.
Le régime nazi visait à endoctriner et encadrer la jeunesse allemande en créant des organisations réservées à celle-ci. Parmi ces organisations, on peut citer en particulier le Deutsches Jungvolk pour les enfants entre 10 et 14 ans et la Hitlerjugend pour les adolescents de 14 à 18 ans.
A partir de 1939, l’adhésion à ces organisations devint obligatoire.
Comme le tous les jeunes Allemands, elle y est embrigadée. Là, elle ressent très tôt la restriction des libertés, en particulier de pensée et de religion.
/image%2F2782635%2F20210303%2Fob_6276b8_p3.jpeg)
3. Les prémices de la résistance.
Elle est soumise à une triple influence :
* son éducation protestante ;
* l’attitude de son père, Robert Scholl, qui malgré son poste de bourgmestre est opposé au nazisme.
* par l’expérience vécue par son frère, infirmier dans les hôpitaux du front russe, et témoin des actes de barbarie à l'encontre des juifs et des populations russes.
Elle prend vite conscience de la vraie nature du régime nazi. Tout en participant aux jeunesses hitlériennes, Sophie et son frère Hans, deviennent membres d'une organisation interdite par le régime, la Bündische Jugend.
4. La Rose Blanche.
Malgré l’embrigadement de la jeunesse et l’emprise permanente du régime nazi, dans le milieu universitaire l'esprit critique subsiste. Des étudiants sont ainsi incités à remettre en cause les principes inculqués dans les organisations officielles.
À mesure que l'autoritarisme se renforce, les futurs membres de la Rose Blanche, issus majoritairement de la jeunesse étudiante de Munich, prennent conscience de la nécessité de réagir. Ils réfutent l'idée d'obéissance aveugle et mettent en avant la conscience morale des individus responsables.
Dès juin 1942, avec son frère Hans et un autre camarade, elle organise des réunions. Elle les aide à imprimer et à diffuser les tracts opposés au régime nazi et à la guerre.
Ne se contentant pas de ce travail de l’ombre, elle distribue des tracts en rue, glissant des feuillets sur les voitures en stationnement.
Alors que les combats s'enlisent sur le front Est, les militants de la Rose Blanche couvrent la ville de slogans dénonçant la folie meurtrière d'Hitler. Ils arriveront à fabriquer six tracts qui, en plus d’être distribués, sont envoyés par la poste à des destinataires susceptibles de relayer leur message et d'agir sur l'opinion publique.
Pour étendre le réseau à travers l’Allemagne, elle effectue quelques voyages à travers le pays pour promouvoir ces idées auprès d'étudiants sympathisants.
La philosophie de la Rose Blanche s’affirme résolument opposée au nazisme. Ils proclament la priorité de l'être humain sur la collectivité abstraite. Dans le premier tract, on peut lire : « Tout peut être sacrifié au plus grand bien de l'État, tout, sauf ce que l'État doit servir ».
Avec des moyens dérisoires, ils ont tout fait pour ébranler la mentalité ambiante et dénoncer l'horreur de la guerre et l'extermination des juifs qui était niée et cachée. Être fidèle à ses idéaux et les défendre durant la guerre dans l’Allamagne nazie c’était faire preuve d’un courage quasi suicidaire. En 1942, la majorité des Allemands soutenaient encore la politique nazie malgré l'ombre de la défaite de Stalingrad.
5. L’arrestation et le martyre.
Le 18 février 1943, lors de l’impresion du sixième tract, Sophie Scholl et son frère Hans, prtennent l’initiative de distribuer les exemplaires en surnombre à l'Université de Munich.
Dans ce dernier tract qui traite de la défaite allemande à Stalingrad, ils appellent la jeunesse à se mobiliser contre Hitler.
Ils lancent des tracts dans la cour intérieure de l'université. Le concierge les repère. Ils sont remis au rectorat où, après plusieurs heures d'interrogatoire par l'inspecteur Robert Mohr, le doyen et le président de l'université, ils sont livrés à la Gestapo.
Durant ces interrogatoires, Sophie Scholl montre un courage et une droiture exemplaires, refusant de livrer ses compagnons ou de renier ses idéaux.
Conduite devant le « Volksgerichtshof » (« Tribunal du peuple », elle est condamnée à mort après un procès expéditif ( trois heures seulement ). Le chef du Tribunal du peuple, venu spécialement de Berlin, prononce la sentence de mort pour faits de « haute trahison, propagande subversive, complicité avec l'ennemi et démoralisation des forces militaires ».
Elle est guillotinée le jour même ( 22 février 1943 ) à la prison de Munich. Pourtant la législation allemande imposait un délai de 99 jours avant l'exécution d'un condamné.
Elle est ensuite enterrée dans le cimetière proche de la forêt de Perlach aux côtés de son frère Hans et d’un autre camarade, Christoph Probst, exécutés le même jour.
Quelques temps après sa mort, Thomas Mann leur rendit hommage sur les ondes de la BBC : « Courageux, magnifiques jeunes gens ! Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés ».
/image%2F2782635%2F20210303%2Fob_80709a_ob-d63688-scholl-gravestones.jpg)
6. Quelques commentaires.
Hitler répétait constamment dans ses discours les mots «liberté et honneur», mais ce sont Sophie Scholl et ses quelques compagnons qui, pratiquement seuls, ont effectivement incarné ces valeurs en Allemagne durant ces années.
On peut se demander combien d'entre nous dans des circonstances similaires auraient eu le courage de s'opposer au poids du conformisme social renforcé par une atmosphère de peur, une application implacable de la force meurtrière et l’embrigadement de la société placée sous un contrôle absolu.
Qui mieux que sa sœur aînée Inge, témoin privilégié de la résistance, montre dans un livre la Rose Blanche la fascination que pouvaient générer sur les jeunes Allemands les mouvements de jeunesse du régime:
« Autre chose nous séduisit, qui revêtait pour nous une puissance mystérieuse : la jeunesse défilant en rangs serrés, drapeaux flottants, au son des roulements de tambour et des chants. Cette communauté n’avait-elle pas quelque chose d’invincible ? »
Cet article est aussi à mettre en opposition avec celui, publié sur ce site, relatif à la place de la femme dans le régime nazi.
Ils sont maintenant connus dans le monde entier, plusieurs ouvrages leur ont été consacrés ainsi qu’un film , sorti en 2005
/image%2F2782635%2F20210303%2Fob_ddbeb1_sophie-scholl-la-rose-de-la-liberte.jpg)
/image%2F2782635%2F20210303%2Fob_5b4e25_unnamed.jpg)