LA PRESSE CLANDESTINE S'EST ADRESSEE AUSSI
AUX FEMMES.
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L'approche est diverse. Alors que l'on sait la place importante prise par les femmes dans la résistance, il n'existe quasiment aucune place spécifique dans la presse clandestine.
Les femmes n'ont jamais hésiter ( comme on l'expose dans les extraits qui suivent ) à manifester leur patriotisme ou leurs mécontentements dans des manifestations publiques en 1940 et 1941. Dans cette période, elles semblent avoir été peu nombreuses à s'engager dans les groupements et réseaux clandestins.
Nous avons bien « La Voix des femmes ». Il s'agit surtout d'un journal s'adressant aux femmes en général en mettant en exergue des actions menées par des femmes. Le but du journal est d'encourager les femmes à des actions. Nous en avons l'exemple dans l'extrait ci-après :
Extrait du Journal Clandestin La Voix des Femmes de mai 1941
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PARTOUT LES FEMMES LUTTENT.
A MOUSCRON Le 26 mars, plusieurs centaines de femmes manifestèrent devant l'Hôtel de Ville, pour un meilleur ravitaillement.
A GAND Drapeau noir en tête, un important cortège de femmes se rend auprès des autorités et réclame une distribution de pommes de terre. Elles obtiennent un commencement de satisfaction et des promesses.
A BRUXELLES Une centaine de femmes se rend au siège central du Secours d'Hiver, réclamant des repas gratuits dans les écoles, des secours gratuits. Elles se rendent ensuite au Ministère du Ravitaillement, où elles arrachent la promesse d'une distribution de 10 kilos de patates pour le Grand-Bruxelles, au cours d'avril.
Des résultats sont atteints : à ANDERLECHT (Bon-Air) où une tasse de lait est distribuée gratuitement dans les écoles, tous les deux jours, et où la soupe populaire s'est sensiblement améliorée.
Dans d'autres communes, le Secours d'Hiver a invité des ménagères à faire partie de Comités de Contrôle auprès des cuisines populaires.
A TUBIZE et à NINOVE Les ménagères manifestent pour la distribution immédiate des rations auxquelles elles ont droit.
AU BORINAGE (HORNU) Les femmes envahissent les locaux de la Maison Communale et s'y installent jusqu'à ce qu'elles obtiennent des vivres en échange de leurs timbres.
A ANVERS (HOBOKEN. DEURNE) Les femmes vont en délégation pour des pommes de terre.
A AUVELAIS Privées de patates depuis deux mois, le mécontentement est grand et les ménagères manifestent pour une distribution immédiate.
A CHATELINEAU Alors que 200 ménagères font file pour de la viande, la nouvelle se répand que celle-ci est réquisitionnée pour l'occupant. Les ménagères, par leur action énergique et unie, forcent les boucheries à débiter la viande qui leur était destinée.
A MONTEGNEE Les femmes travaillant dans les charbonnages réclament avec raison : au GOSSON n°I, elles ont droit aux timbres supplémentaires comme les hommes. Au GOSSON n°2 et 3, elles formulent la même réclamation. Les patrons refusent les timbres supplémentaires aux femmes de la lampisterie, métier particulièrement malsain et malpropre; même des timbres de savon leur sont refusés. Aussi sont-elles décidées à lutter jusqu'à ce que satisfaction leur soit donnée.
A LIEGE Le I7avril, plusieurs centaines de femmes, épouses et mamans de prisonniers ont déposé à la Kommandantur des pétitions signées de milliers de noms, pour la libération des prisonniers. A l'annonce d'une aussi importante manifestations, le Bourgmestre de Liège fut contraint de s'y joindre et d'appuyer les légitimes demandes. Les manifestantes se rendent alors en ville; la population a réservé un accueil plein d'admiration à,ces femmes, à ces vieilles mamans qui, de toutes leurs forces criaient : "Libérez les prisonniers, Libérez nos maris, nos fils, Libérez les Wallons".
FEMMES Continuons la lutte pour la réalisation des promesses qui nous sont faites. Exigeons : LA LIBERATION DES PRISONNIERS, L'AMELIORATION IMMEDIATE DU RAVITAILLEMENT, DU TRAVAIL POUR TOUS ET EN BELGIQUER
Et dans celui-ci :
Extrait du Journal Clandestin Journal LA VOIX DES FEMMES. Date de publication: 01-06-1941 - 30-06-1941
Au BORINAGE ( HORNU, FRAMERIES, QUAREGNON, QUIEVRAIN ) Les femmes ont manifesté à plusieurs reprises pour obtenir du pain et des pommes de terre. Elles ont défilé drapeaux rouges largement déployés; attaquées par la gendarmerie, elles se sont serrées autour de leurs drapeaux qu'elles ont sauvés. Elles sont ensuite allées exiger la libération immédiate de leurs compagnes arrêtées, et l'ont obtenue. Dans certaines communes, elles ont obtenu de pouvoir acheter du pain sans timbre,
A CHATELET ET A HUY Le 15 mai, les femmes de prisonniers ont déposé des pétitions pour la libération des prisonniers à leurs Kommandanturs respectives. A HUY et à MARCHIN, les bourgmestres ont appuyé leur demande de timbres supplémentaires pour les colis aux prisonniers.
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A partir de 1942, on verra les femmes davantage impliquées et les appels plus pressants.
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Extrait du journal clandestin La Voix des Femmes n°3 de 1942 ( date exacte non précisée )
Ci-après, un appel lancé aux femmes : venir au secours des femmes emprisonnées.
Pour nos soeurs en prison
Femmes,manifestez pour la libération de vos soeurs emprisonnées !
C'est en luttant pour vous,pour vos enfants, qu'elles ont perdu la liberté. Elles souffrent du froid et de la faim; notre amie Nadia, déjà affaiblie par les privations de toute une vie de misère et ébranlée par la séparation d'avec son bébé, est gravement malade en prison.
Des femmes comme Fanny Jacquemotte,Hachel, Félicie Mertens, sont retenues prisonnières depuis de très longs mois sans aucun jugement. Il faut libérer ces femmes, les rendre à leurs familles.
Donnez à Solidarité pour l'envoi de colis aux emprisonnées et pour l'aide à leurs familles. Versez à celle qui vous a remis ce journal. Les femmes d'Herstal nous montrent l'exemple. Elles sont en tête pour la récolte de fonds et viennent de prendre l'engagement d'augmenter encore leurs recettes.
Elles comptent parmi elles plusieurs femmes et mères d'emprisonnés qui ont admirablement compris leur rôle, et qui, loin de se replier sur leur peine sont les premières à la tâche, entraînant les autres, créant l'émulation par leur belle attitude.
C'est ainsi qu'une femme chrétienne, dont le fils chrétien est également prisonnier de la Gestapo, récolte chaque mois une somme importante.Elle trouve dans cette activité un réconfort et une satisfaction que de stériles larmes et l'inertie n'auraient pu lui apporter, car elle sait que son fils l'approuvera, la remerciera, et elle sait aussi qu'en agissant ainsi elle poursuit la tâche que son enfant a commencée.
Nous connaissons l'attitude ferme et courageuse de nos prisonnières et prisonniers; ni les menaces ni les mauvais traitements ne peuvent les troubler. Comme eux, faisons échec à la Gestapo en accomplissant notre part de la tâche commune ! |
Pour information, la Voix des Femmes est un journal ouvertement communiste. La lecture complète d'un seul exemplaire le démontre suffisamment. En plus des articles tels que ceux-ci, on trouve des articles vantant la vie en Union Soviétique, dans les kolkhozes...Intéressants pour des études dans un autre contexte...mais sans intérêt pour la résistance. Comment ces articles ont-ils été perçus à l'époque ? Faute de témoins encore vivants, nous ne le saurons jamais.
Pour faire bonne mesure, abordons à présent un journal clandestin de la mouvance catholique. Le journal Le Beau Combat de juin 1943.
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Nos amies d'une école professionnelle s'adressent par l'intermédiaire de notre journal aux jeunes filles d'autres établissements scolaires:
Jeunes Pilles, qui avez lu le premier numéro du "Beau Combat" ne sentez- vous pas naître en vous le besoin de vous rendre utile, de soulager par votre action les victimes de l'occupant, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour chasser les boches du pays ?
N'avez vous pas senti vibrer en votre coeur les cordes de la haine et de la vengeance. Si telles ont été vos réactions qu'attendez-vous pour manifester vos sentiments ?
Groupez-vous autour de votre comité qui travaille dans votre école. Créez les comités, recherchez vivres, vêtements, logements pour vos amis patriotes. Propagez vos idées, faites vous aider par vos amies. C'est ainsi que vous hâterez la Libération de la Belgique Votre Patrie.
Extraits d'une autre lettre:
Toutes nous voulons que notre mot d'ordre soit "Servir" , "Servir" contre Hitler et ses satellites, en union avec les autres jeunes Bruxelloises. « Servir » dans l'intendance pour nos frères menacés par les horreurs de la déportation . "Servir" pour que notre patrie meurtrie redevienne un beau pays libre . "Servir" pour que librement nous puissions pratiquer la religion du Christ.
Nous vous proposons d'organiser par l'intermédiaire de notre journal un échange de vue entre les diverses sections existantes.
En ayant un aperçu des diverses méthodes de travail, des résultats auxquels nous sommes arrivées nous profiterons de l'expérience de nos compagnes inconnues et nous vivrons intensément notre mouvement R.N.J. en connaissant un peu plus le travail de ces divers comités de lutte.
Une jeune catholique . |
Extrait du journal clandestin Passe-Partout de juin 1941.
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Les services dépendant des Secrétaires Généraux se mettent à dicter des conduites et à s'immiscer dans la vie privée. L'article ci-après s'en prend à la « semaine de propagande en faveur de l'allaitement maternel ».
UNE SEMAINE DE PROPAGANDE.
L'Administration de la Santé Publique organise du 1er au 7 juin "une semaine de propagande en faveur de l'allaitement maternel"...
Faut-il rire ? L'allaitement des mères débilitées par le régime spartiate que vaut à tous l'occupation ! Allons, de qui se moque-t-on ?
Autant que le professeur Dr.Libbrecht, inventeur de cette propagande, nous souhaitons que toutes les mères allaitent leurs bébés. Mais ne conviendrait-il pas de commencer par ne pas débiliter les futures mamans à qui il ne suffit tout de même pas ne donner quelques timbres en supplément pour leur assurer les forces nécessaires.
Mais cette "semaine de propagande" doit, dans la pensée de ses auteurs, faire illusion. Cela fait partie d'un plan d'ensemble destiné à faire croire que nos dirigeants (dits belges) provisoirement en place, étendent leur sollicitude à tous les domaines jusque, y compris, celui de l'avenir de la race. Soyons sérieux, s'il vous plaît et ne nous payons pas la tête des gens.
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Plus surprenant, dans le journal clandestin Vers l'Avenir, de décembre 1942, cet appel aux jeunes filles. On leur demande de devenir « marraines de guerre » des résistants. Vers l'Avenir était le journal du Rassemblement National de la Jeunesse.
MARRAINES DE GUERRE.
Jeunes filles, votre place comme celle de vos frères, de vos fiancés et de vos amis est au sein du Rassemblement national de la Jeunesse.
Vous n'êtes pas moins menacées qu'eux, le travail obligatoire et la déportation. Vous devez donc lutter avec eux, résister pour hâter la défaite de Hitler.
Créez partout des groupes de « marraines de guerre » pour procurer des vivres, des vêtements, un logement à ceux d'entre nous qui luttons dans l'illégalité.