MAUTHAUSEN
Modèle des lieux nazis où des hommes moururent par milliers !
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1. Préambule.
Le camp de concentration de Mauthausen fut instauré non loin des villages de Mauthausen et de Gusen à une vingtaine de km au sud-est de Linz, sur la rive gauche du Danube.
Après l'été 1940, il fut dénommé Mauthausen-Gusen. Parmi les camps annexes se trouvaient des carrières, des fabriques de munitions, des mines, des usines d'armement et d'assemblage d'avions.
La présence de carrières de granit fut déterminante dans le choix de l’emplacement. Les détenus, tout d’abord affectés à la construction du camp, furent ensuite contraints de produire des matériaux de construction pour les travaux monumentaux et prestigieux du III° Reich au profit de l’entreprise « Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH » appartenant à la SS.
Les deux camps principaux, Mauthausen et Gusen, étaient des camps de concentration nazis classés « camps de niveau III ».
« Niveau III » signifiait les camps les plus durs à l'intention des «ennemis politiques incorrigibles du Reich ». Plus particulièrement destinés à l'élimination par le travail, par la persécution, des opposants intellectuels ( réels ou présumés ) des pays occupés. Cette fonction fut prioritaire jusqu’en 1943.
Le camp, perché au sommet une colline de granit ressemblait à une forteresse du Moyen-Âge aux hautes murailles dissimulant tout aux passants : un choc psychologique doublé d’une épreuve physique redoutable pour les arrivants affaiblis.
2. Historique du camp.
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Le 8 août 1938, cinq mois après l’Anschluss, les premiers détenus du camp de concentration de Dachau arrivèrent à Mauthausen. L’anschluss avait eu lieu du 11 au 13 mars 1938. Ce site semblait adapté à l'établissement d'un camp de concentration afin d'incarcérer les "traîtres à la population dans toute l'Autriche". Environ 300 prisonniers, pour la plupart autrichiens et pratiquement tous récidivistes ou classés comme "asociaux" par les nazis, furent transférés de Dachau vers Mauthausen afin de commencer la construction du nouveau camp.
En prévision, la SS avait fondé, fin avril 1938, l'entreprise Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH-DESt (Pierre et Terre) pour l'exploitation de la carrière.
Fin 1938, Mauthausen comptait 1000 prisonniers, encore presque tous des condamnés de droit commun et des "asociaux".
En décembre 1939, on ne comptait encore que 2600 prisonniers, principalement des condamnés de droit commun, des "asociaux", des opposants politiques, des objecteurs de conscience religieux et des Témoins de Jéhovah.
Après l’invasion fulgurante des pays européens, tout allait brutalement s’accélérer. Le nombre de prisonniers qui arrivèrent à Mauthausen augmenta considérablement et leur origine se diversifia.
En juin 1940, après la défaite de la France, les autorités de Vichy livrèrent des milliers de réfugiés espagnols dont l'immense majorité des républicains. Plus de 7000 d’entre eux, furent envoyés à Mauthausen. Ainsi que tous ceux qui avaient également combattu les forces de Franco : les membres des Brigades internationales et des combattants de diverses nationalités, des communistes pour la plupart. Ils représentaient 60 % des déportés de Mauthausen en mai 1941.
Mauthausen devint la destination principale des ennemis politiques « incorrigibles », classés pour la plupart « Nacht und Nebel » (« Nuit et brouillard ») et qui devaient disparaître sans laisser de trace : résistants ; intellectuels polonais; officiers soviétiques (notamment les commissaires politiques) ; aviateurs alliés, agents britanniques du SOE ou américains de l’OSS , juifs ; Roms... Soit une trentaine de nationalités.
Le camp n’a cessé de croître, devenant le centre surpeuplé d’un vaste complexe d’une soixantaine de camps ou de commandos annexes, répartis dans toute une moitié de l’Autriche.
Dès fin 1943, les détenus furent essentiellement affectés à la construction de sites de production souterrains, à l’abri des attaques aériennes. À cette fin, le camp de Gusen et d’autres camps furent agrandis et les camps annexes Ebensee et Melk virent le jour. Ces travaux se déroulèrent sans égard pour la santé et la vie des détenus avec un nombre de victimes particulièrement élevé.
A partir du milieu de l’année 1944, le camp recueillit des Juifs évacués des camps polonais ainsi que des milliers de détenus principalement issus des camps de concentration de l’est. Les camps de travaux forcés destinés aux Juifs hongrois furent fermés, et de véritables marches mortelles amenèrent les détenus à Mauthausen
On évalue à plus de 198.000 le nombre total des déportés passés par Mauthausen ( et ses kommandos ) et à 95.000 le nombre des morts dont plus de 14 000 Juifs. Mais l’évaluation est très aléatoire. Plus de 5.000 déportés furent assassinés dans les chambres à gaz de Mauthausen, Gusen, ainsi que dans des véhicules spécialement équipés pour asphyxier.
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4. Evaluation du nombre de prisonniers.
Le dernier numéro matricule, attribué le 3 mai 1945, est 139 317.
Toutefois, la détermination du nombre total de déportés se révèle plus compliquée, du fait que :
- jusqu’au 19 février 1942, les entrants recevaient les matricules des détenus décédés ;
- jusqu’au 23 janvier 1944 - date à laquelle la numérotation de Gusen est rattachée à celle de Mauthausen -, les détenus transférés de Mauthausen à Gusen ne doivent pas être comptés à nouveau ;
- de nombreux déportés ne furent pas immatriculés, en particulier :
• ceux amenés à Mauthausen pour y être exécutés, notamment dans le cadre de l’Aktion K.
• les décédés en cours de transport ou avant leur immatriculation ;
• les 21.000 Juifs (estimation), en majorité Hongrois du "Camp de toile”, et à Gunskirchen en 1945.
5. Libération du camp.
Ce fut le dernier des camps nazis libérés. Lorsque les soldats américains arrivèrent, ils trouvèrent partout des corps de détenus tombés sous la grêle des balles.
Dans la nuit du 2 au 3 mai, les SS s'étaient enfuis du camp. La garde avait été confiée à une unité des pompiers de Vienne et à des membres de la police locale. Ils se rendirent sans résistance.
A partir du 6 mai, le camp est placé sous l'autorité du lieutenant-colonel Richard R. Seibel et, le lendemain, les premières unités arrivèrent. Les armes des détenus libérés sont alors récupérées par les Américains. Le Comité international et l'A.M.I ont joué un rôle déterminant dans le maintien de l'ordre dans le camp et la préparation des rapatriements qui vont s’échelonner sur plusieurs semaines.
Les Américains découvrent une situation épouvantable : de très nombreux détenus sont malades et squelettiques, les cadavres s'entassent par centaines. Dès les premiers jours, les libérateurs obligent les habitants des environs à creuser des fosses communes et à y enterrer les morts.
Le camp sera mis en quarantaine par les autorités alliées. Les déportés durent attendre plusieurs semaines leur rapatriement. Beaucoup continuèrent à mourir alors que le monde entier fêtait la fin de la guerre et la capitulation de l’Allemagne.
7. Problème de vocabulaire : camp d’extermination ?
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Mauthausen n’a pas fait partie des camps destinés à mettre en pratique la Solution finale. Toutefois, de nombreux Juifs européens sont morts entre ses murs. Car ici, les nazis ont expérimenté d'autres méthodes, tout aussi inhumaines, afin d’éliminer massivement les prisonniers.
Le mot d’ordre était l'anéantissement par le travail. On faisait travailler les gens dans la carrière jusqu'à ce qu'ils en meurent ( les fameuses « 186 marches » ).
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Des milliers de détenus furent tués par fusillade, par injection ou par exposition à des températures glaciales. Au moins 10 200 détenus furent tués dans les chambres à gaz. La plupart moururent des suites de l’exploitation impitoyable de la main d’oeuvre, de mauvais traitements ainsi que de la sous-alimentation, du manque de vêtements et de l’absence de prise en charge médicale. La mortalité y fut l’une des plus élevées parmi les camps de concentration du Reich allemand.
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8. La Résistance.
Dans l’enfer de Mauthausen, encore plus qu’à Dachau, la survie d’un homme dépendait des relations qu’il avait établies avec d’autres.
En juin 1941, des prisonniers, dénudés et transis de froids dans la cour des garages, manifestent le désir de créer un Comité de résistance. Ce comité s’organisa autour de communistes espagnols. Il s’étoffa avec l’arrivée, dès le début de 1942, de prisonniers politiques, arrêtés dans toute l’Europe.
Ils parvinrent à garder en vie de nombreux détenus. Un coup d’éclat est la sauvegarde des milliers de négatifs photographiques appartenant aux SS. On put les utiliser comme preuves lors du procès de Nuremberg.
À partir de 1943, cette organisation fut à la base de l’Appareil Militaire International clandestin (AMI) qui regroupait des détenus de toutes nationalités. Ce Comité empêcha la liquidation du camp par les SS.
Un Comité international, relayé par des comités nationaux, est formé en mars 1944. Une tentative d’évasion d’officiers soviétiques a été réprimée en février 1945.
Quand la fin de la guerre parut imminente, une rumeur se propagea, selon laquelle les SS projetaient d’enfermer les prisonniers dans les tunnels qu’ils détruiraient ensuite à l’explosif. Les détenus prirent la résolution de résister quand on leur donnerait l’ordre de rejoindre les tunnels.
Après la fuite des SS, dans la crainte de leur retour, les membres de l'Action militaire internationale (A.M.I.) prirent les armes et organisèrent la défense du camp et des alentours. Des combats ont lieu avec des SS qui tentaient de repasser le Danube
Le comportement des Témoins de Jéhovah doit aussi être signalé. Ils étaient très liés et se prodiguaient mutuellement une assistance tant physique que morale. Le dimanche, ils se réunissaient clandestinement derrière la dernière baraque (car là, deux hommes seulement étaient nécessaires pour monter la garde) et ils lisaient ensemble des pages de la bible, interdite dans le camp. Ils se cachèrent dans une baraque pour prier quand le camp sombra dans l’anarchie.