LE PARLEMENT FLAMAND GLORIFIE DES COLLABOS NAZIS.
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Pour célébrer son cinquantième anniversaire, le Parlement flamand a parrainé une édition spéciale de Newsweek. Quelque 90.000 euros ont été dépensés par la Flandre pour cette édition tirée à 20.000 exemplaires et censée rester dans les annales.
Sous l’égide de sa présidente Liesbeth Homans (N-VA), il a décidé de mettre à l'honneur 14 personnalités ayant « contribué à l’émancipation du peuple et de sa langue ».
Parmi ces quatorze personnalités triées sur le volet ( écrivains, journalistes, érudits, militants, enseignants, politiciens ayant servi la cause culturelle flamande ) figurent deux collaborateurs notoires : August Borms et Staf De Clerck.
Deux noms qui font grincer des dents, pas seulement de ce côté-ci de la frontière linguistique. Les deux hommes dont il est question figurent parmi les collaborateurs les plus redoutés que la Belgique ait connus.
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Le choix de ces deux “représentants” du mouvement flamand dans un numéro financé par le parlement passe mal. Le fait qu'ils soient mis à égalité avec d’autres Flamands comme l’ex-Premier ministre (1946-1947) Camille Huysmans, qui a lutté contre le nazisme durant la Seconde guerre est encore plus gênant.
La lutte pour l’amnistie, devenue superflue, aurait-elle fait place à une lutte en faveur de l’amnésie, de la banalisation ?
Avant la Première Guerre Mondiale, Staf De Clercq (1884-1942) fut un militant actif pour la cause flamande. Il fut l’un des premiers soutiens des mouvements nazis depuis les années 1930 et jusqu’à sa mort en 1942. Il devint Leider ( chef ) du Vlaams Nationaal Verbond qu'il a fondé en 1933. Le VNV décrocha 15% des voix flamandes. Il défendait l’idée d’une réunion au sein d’un Etat de type fasciste des populations de la Flandre belge, de la Flandre française et des Pays-Bas.
En 1940, Staf De Clerq choisit le camp de l’Allemagne nazie. Dans son dernier discours du 20 septembre 1942, à Anvers, il réaffirma sa confiance en Adolf Hitler en ces termes : "L'Allemagne doit gagner la guerre" et il ajouta qu'il était le «Fürher aller Germanen ».
Pour bien dépeindre l’individu, voici un extrait du journal du VNV de Staf De Clercq en octobre 1942, suite au départ du premier convoi de Malines à Auschwitz. Il approuve clairement le génocide juif :
« Les mesures d’épuration contre les juifs se suivent, de plus en plus près et sont appliquées chaque jour avec plus de sévérité. Il semble que, petit à petit, nous pouvons respirer plus librement autour de notre bureau de rédaction et que de semaine en semaine, des maisons et des appartements du quartier se vident, ce qui fait que nous pouvons au moins nous promener tranquillement de la maison au bureau et du bureau à la maison ».
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Quant à August Borms (1878-1946), il fut, durant la Première guerre mondiale la figure de proue de l’activisme flamand. Durant l'occupation de la Belgique de 1914 à 1918, il devint, en 1917, membre du Conseil de Flandre, dont il avait participé à la création. Ce Conseil collabora avec les Allemands et proclama le 22 décembre 1917 l'autonomie de la Flandre. Le 6 septembre 1919, il fut condamné à mort par la Cour d'assises de Bruxelles. Sa peine de mort a été commuée en peine de prison à perpétuité et il est devenu le symbole de l’amnistie de l’entre deux guerres. Borms a à nouveau collaboré lors de la Seconde guerre et est décédé en 1946 sur le peloton d’exécution”. Auguste Borms refusa, jusqu’au moment d’être fusillé en 1946, de renier le nazisme.
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Le Forum des organisations juives (FJO), l’homologue flamand du CCOJB, se dit consterné d'apprendre que ces deux sympathisants nazis aient été dépeints comme des icônes du mouvement flamand par le Parlement flamand. Son président, Yohan Benizri, juge qu’«on ne peut lutter efficacement contre les discours de haine lorsque l’on célèbre un héritage honteux. Ce double message est totalement délétère.»
Le Forum estime que leur mention jette une ombre sur la Flandre et constitue un coup de poignard dans le dos pour les victimes de l'occupation nazie. « Quelle aurait été la réaction en Belgique si le Parlement français avait présenté le maréchal Pétain et Pierre Laval dans une brochure comme des icônes du peuple français ? » se demande le Forum.
La réprobation ne se limite pas à ce Forum. A titre d’exemple, le quotidien flamand DE STANDAARD y a consacré un article réprobateur. Il rappelait que « si Borms et De Clercq étaient parvenus à leurs fins, il n’aurait jamais été question d’un parlement flamand, ni même d’une démocratie en général ». De STANDAARD juge « Est-il convenable de mettre à l’honneur deux sympathisants nazis, collaborateurs avec l’occupant allemand, dont un (Borms) pendant les deux guerres mondiales de surcroît ? »
Le Soir et la RTBF y ont fait écho. De même que plusieurs réseaux sociaux.
La presse étrangère y a aussi fait écho ( Le Monde, Luxemburger Wort...)
Ebranlé, le Parlement flamand, manifestement gêné, a fini par réagir, de façon un peu tortueuse :
« Le parlement flamand regrette l’émoi qui s’en est suivi et que des personnes aient pu involontairement se sentir blessées »
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« Même si une explication se trouve sous leurs photos, ils n’auraient pas dû figurer dans cet aperçu »
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« En tant qu’institution adulte, le parlement flamand continue à regarder le passé droit dans les yeux et est conscient des fautes du passé afin de veiller à ce qu’elles ne soient plus commises à l’avenir »