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Au tournant de 1943/1944, la situation a clairement évolué. Et dans le bon sens.
Certes, l'occupant est toujours là. Certes, les collaborateurs sont toujours là aussi, notamment les bourgmestres rexistes, usurpateurs.
Mais pour eux tous, les temps commencent à se faire durs. On peut commencer à faire des projets pour la libération que l'on sent proche !
C'est ce qu'expriment les journaux clandestins, dans leurs bilans de 1943.
Nous avons d'abord, l'article du journal clandestin La Résistance, dans son n° de décembre 1943, intitulé « Voici l'année du châtiment ».
Qu'on en juge :
« Déjà des traîtres sont tombés par dizaines. Ce n'est qu'un hors d'oeuvre. »...
« Le sang appelle le sang. Nous n'hésitons pas à proclamer bien haut que nous voulons des cadavres. Nous ne tolérerons pas que survivent à la Victoire ceux qui nous ont trahi, vendu, traqué. »
VOICI L'ANNEE DU CHÂTIMENT.
Cette lutte de tous les instants, menée par la Nation entière contre le plus odieux régime de despotisme que l'Histoire ait connu, nous la continuerons à travers tout, contre vents et marées et malgré l'indifférence, l'ironie, voire le mépris de certains attentistes dont le scepticisme criminel a failli précipiter le pays au fond du gouffre.
Quelques mois à peine nous séparent du jour où, dans la glorieuse liesse de la patrie libérée, nous verrons fuir l'ennemi exécré et sa séquelle de crapuleux laquais.
Alors sonnera pour nous l'heure que nous avons attendue patiemment, dans l'ombre en aiguisant nos armes.
Déjà des traîtres sont tombés par dizaines. Ce n'est qu'un hors d'oeuvre. Mais nous pourléchons les babines en songeant au plat de résistance. Nous n'aurons vraiment le droit de parler de victoire et de libération que le jour où tous nos morts seront vengés.
Le sang appelle le sang. Nous n'hésitons pas à proclamer bien haut que nous voulons des cadavres. Nous ne tolérerons pas que survivent à la Victoire ceux qui nous ont trahi, vendu, traqué. Ceux qui ont tendu la main à l'ennemi, ceux qui ont encouragé ses entreprises et fait tourner sa machine de guerre.
L'année qui vient doit être celle de notre libération, mais aussi, mais surtout celle de leur châtiment ! Par charrettes entières, il faudra les mener à la potence ou à la guillotine.
Et surtout, qu'on ne leur fasse pas l'honneur du poteau. La hache ou la corde. Qu'on ne dérange pas pour eux des pelotons d'exécution ! On ne mobilisera pas la troupe pour achever une bête.
Pour nous, 1944 ne signifie pas seulement victoire, libération, fin de la guerre, mais aussi, mais surtout justice, vengeance et liberté, FANTOMAS |
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Nous trouvons aussi un bilan 1943 accompagné de voeux 1944 du journal clandestin Le Peuple, organe du Parti Socialiste reconstitué. Voir son n° de décembre 1943.
Relevons :
« L'Allemand est encore chez nous. Il est toujours le maître plein de morgue et de brutalité, mais un maître qui n'ose plus dormir que d'un œil tant il craint la révolte des opprimés. »
...
« 1943 ne nous a pas apporté la délivrance, mais nous avons acquis la certitude d'une fin prochaine. »
Logiquement, le journal fait surtout le bilan d'une guerre qui a appauvri la population. Il fait aussi référence à tous les prisonniers et déportés.
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Nos Vœux
L'année 1943 se termine sans que la délivrance soit venue. L'Allemand abhorré foule toujours notre sol, exerce sa répression sauvage, tyrannise notre population ouvrière, prélève sa large part sur les médiocres produits alimentaires dont nous pourrions disposer.
L'Allemand est encore chez nous. Il est toujours le maître plein de morgue et de brutalité, mais un maître qui n'ose plus dormir que d'un œil tant il craint la révolte des opprimés. L'année 1943 a vu se développer la politique de résistance contre l'occupant. Le peuple tout entier s'est levé contre ses tyrans. L'année 1943 a vu s'accroître la misère du peuple, les souffrances de tous, mais elle a vu aussi l'Allemand perdre pied en Russie, en Afrique et en Italie.
1943 ne nous a pas apporté la délivrance, mais nous avons acquis la certitude d'une fin prochaine. L'Allemand sera vaincu, et compte tenu du potentiel de force qui lui reste encore, il le sera à bref délai. Il est temps d'ailleurs. Le peuple arrive à l'extrême limite de ses possibilités de résistance physique.
Les prisonniers militaires s'accrochent à leurs barbelés et regardent la route qui les sépare de la patrie. Les prisonniers politiques qui dépérissent lentement dans les camps de concentration, demandent si l'on arrivera à temps. Les travailleurs, transportés de force en Allemagne, attendent le moment d'agir pour frapper l'ennemi dans sa propre maison. Les réfractaires, les illégaux, cachés dans les forêts, hébergés chez des amis, toute cette armée de l'intérieur qui lutte et qui attend l'heure propice pour prendre les armes et frapper fort, à tous ceux là nous disons : l'heure vient inexorablement, l'année 1944 vous donnera l'occasion d'agir.
Outre les vœux que notre journal formule pour que nos rédacteurs, nos imprimeurs, nos distributeurs puissent rester en dehors de la répression teutonne, celui que nous formulons avec le plus de ferveur est de voir toute la population entrer en lutte ouverte pour chasser l'occupant. Le Cœur de la résistance doit encore se fortifier. Nos espérances déçues en 1943 doivent renforcer notre volonté de vaincre en 1944. Nous devons multiplier les actes de sabotage, travailler de plus en plus au ralenti, arrêter par tous les moyens possibles le fonctionnement de la machine de guerre de l'Allemand.
Les Travailleurs des usines, des mines, des bureaux, des services publics ont, dans cette guerre montré un esprit vraiment héroïque. Mais il faut faire plus encore.
LA LIBERTE NE SE MENDIE PAS, ELLE SE GAGNE..
Nos vœux ne seront pleinement exaucés que si le front de l'intérieur de plus en plus compact, de plus en plus décidé, de plus en plus farouche dans sa volonté de lutte forme cette armée silencieuse mais invincible que l'Allemand, jamais, ne parviendra à abattre.
Et, lorsque les Prussiens seront chassés de chez nous, lorsque dans une joie sans borne nous aurons vu revenir tous nos prisonniers, tous nos travailleurs, nous aurons à refaire nos vies dans un Etat nouveau, jeune, vaillant, dynamique.
Nos vœux, pour alors, seront que le Peuple travailleur qui a tant souffert dans la guerre, qui s'est trouvé au premier rang pour lutter et pour mourir, soit aussi aux premières places pour faire la Paix et pour réorganiser l'Etat.
1944 nous donnera la Victoire, un régime politique, économique et social qui mettra au premier plan les valeurs morales, la justice, l'honneur et la liberté.
1944 SE LEVE SOUS LE SIGNE DE LA VICTOIRE. COURAGE, CONFIANCE ET SURTOUT AU TRAVAIL. DANS L'ETAT DE DEMAIN, LE PEUPLE SERA VRAIMENT SOUVERAIN. |
Citons aussi les voeux du journal clandestin L'Invisible Saint-Georges, dans son n° de janvier 1944.
Message triomphaliste :
« Jour et nuit, les avions alliés bombardent les usines, les voies ferrées ( les résistants leur envoient les plans nécessaires pour les attaques des gares ), les aérodromes ennemis en Allemagne et en territoire occupé, les objectifs du Pas-de-Calais, Hambourg, Francfort, Brème, Berlin. »
....
Et menaçant :
« Les traîtres ont aussi leur tour. Ils commencent à trembler mais ils sont encore arrogants. Patience : embochés, le jour n'est plus loin où vous serez chassés comme vos maîtres d'Outre-Rhin, »
L'INVISIBLE St GEORGES.
La fin de la guerre est proche, les sabotages se multiplient de plus en plus la grande bataille est engagée. « Tout vient à point à qui sait attendre » disait Mr CHURCHIL.
Jour et nuit, les avions alliés bombardent les usines, les voies ferrées ( les résistants leur envoient les plans nécessaires pour les attaques des gares ), les aérodromes ennemis en Allemagne et en territoire occupé, les objectifs du Pas-de-Calais, Hambourg, Francfort, Brème, Berlin.
L'année 1944 sera celle de la libération. Comme St-George a terrassé le le dragon, ensemble avec nos Alliés nous chasserons les barbares de chez nous. Il faut venger nos Héros. Avant de les conduire au poteau, ils subissent les sévices de ces brutes, on veut les faire parler. Ils préfèrent mourir plutôt que trahir.
Un brave de la résistance incarcéré à la prison de Mons a su faire parvenir un billet clandestin où il dit qu'il est frappé chaque jour à chaque interrogatoire. Il a subi des tortures jusqu'à épuisement.
Il réclamait des douceurs et des médicaments. Les boches ont refusé les médicaments apportés de l'extérieur. Voilà comment on traite nos braves. Ne l'oublions jamais, traquons la bête. Elle fléchit, ce monstre odieux va enfin payer tous ces crimes.
Les traîtres ont aussi leur tour. Ils commencent à trembler mais ils sont encore arrogants. Patience : embochés, le jour n'est plus loin où vous serez chassés comme vos maîtres d'Outre-Rhin, le régime du Furher agonise, bientôt il aura vécu.
Groupons-nous, unissons-nous sans défaillance. Le jour va sonner et tous en avant pour assister à la mort du monstre nazi. Et le monde aura cessé de trembler P-S N'oubliez pas d'aider et de cacher les enfants des juifs . L'INVISIBLE ST GEORGES. |
Le déroulement des événements pendant le mois de janvier 1944 donne raison aux optimistes.
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1°janvier
L'Armée Rouge reprend l'Ukraine et arrive aux anciennes frontières de la Pologne
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4 janvier
Début de la bataille du Mont Cassin.
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8 janvier
Premier vol du prototype d'avion à réaction
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11 janvier
Ciano et d’autres dirigeants fascistes italiens sont arrêtés, condamnés à mort et exécutés.
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12 janvier
Conférence Churchill-De Gaulle à Marrakech
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22 janvier
Débarquement anglo-américain à 55 km au sud de Rome.
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27 janvier
Leningrad fête la levée du blocus allemand en place depuis deux ans et demi.