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1. Localisation et préambule.
Aucun nom sur la grille du camp, juste une inscription à l’insupportable ironie « Jedem das seine » (« à chacun selon son mérite »). Annonce différente des autres camps « Arbeit macht frei » ( « Le travail rend libre » ) tout aussi ironique. Jedem das Seine était une phrase de propagande typique de l'époque, comme aussi «Arbeit macht frei».
Gravée en 1938, la formule était placée pour être lue de l’intérieur du camp depuis la place d’appel.
Le camp est situé dans la province de Thuringe, à quelques kilomètres tout au plus de la ville de Weimar. Littéralement, Buchenwald signifie « Vallée de Hêtres ». Dénomination poétique démentie par les événements!
Avec Dachau et Sachsenhausen, Buchenwald fut l’un des premiers camps de concentration construits sur le sol allemand par le régime nazi. Buchenwald était le plus grand camp de concentration, après Auschwitz.
Ce n'était pas un camp d'extermination: il n'existait pas de chambres à gaz, juste un four à crématoire utilisé pour brûler les cadavres des prisonniers. Ce qui ne signifie nullement qu'il n'y eut pas des assassinats. Les SS ne se privèrent pas d’éliminer les malades et les faibles en les envoyant dans d’autres camps ou en les assassinant par injection de phénol, d’évipan ou d’air. La famine, les expérimentations médicales ( sur le typhus notamment ) et la dureté des conditions de travail firent mourir environ 60000 prisonniers.
2. Création.
Le 16 juillet 1937. Mais sa construction fut envisagée dès 1936. Les premiers internés étaient des criminels allemands. Mais près de 10000 Juifs allemands y furent temporairement internés après de la Nuit de Cristal.
En fait, il était destiné à recevoir les opposants au régime hitlérien. Ses premiers occupants étaient donc des allemands: communistes, francs-maçons, homosexuels, tziganes, sintis, roms, témoins de Jéhovah. catholiques, protestants et juifs. Le camp devait servir à exclure définitivement du « corps national » allemand les « étrangers à la communauté ». Par exemple, des chômeurs y furent internés car considérés comme saboteurs.
Les criminels de droit commun, porteurs des triangle verts furent chargés par les S.S. De faire régner l'ordre, donc aussi d’opérer les assassinats des personnes incarcérées.
Très vite, Buchenwald deviendra synonyme du système concentrationnaire nazi. Le camp comprenait un ensemble de plus de 80 camps de travail annexes.
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3. Particularité du camp de Buchenwald : les « Prisonniers d'honneur »
Des prisonniers de haut rang ( Plusieurs dizaines de personnalités - principalement des hommes politiques ) y furent emprisonnés. Ils étaient soumis à des traitements moins cruels que les déportés ordinaires. On les logèrent à l'écart des autres bâtiments des prisonniers.
Citons, entre autres : les Français Édouard Daladier (homme politique, figure du Parti Radical), Paul Reynaud (homme politique, plusieurs fois ministre et Président du Conseil), Léon Blum (l'une des grandes figures du socialisme français), Georges Mandel (homme politique français proche de Georges Clémenceau, ministre et journaliste), Léon Jouhaux (fondateur et président de la CGT-FO et Prix Nobel de la paix), et le belge Paul-Émile Janson (Ministre d'Etat) qui mourut à Buchenwald, le 3 mars 1944 à 71 ans.
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Les conditions de détention de ces « prisonniers d'honneur », souvent politiques, n'avaient rien à voir avec celles d'un camp de concentration.
4. Evolution du camp.
En septembre 1938, internement des Autrichiens opposés à l’Anschluss.
En décembre 1938, internement de 10000 juifs Allemands puis des Tchèques et des Polonais.
C’est en 1939 que commence la construction des fours crématoires.
Jusque là, les détenus étaient uniquement des germanophones, souvent des intellectuels (médecins, avocats, artistes, etc.). Mais au fur et à mesure des conquêtes de la Wehrmacht, la situation va évoluer avec l'arrivée d’abord des Tchèques, puis des Slovaques, ensuite des Polonais. Puis des pays occupés d'Europe occidentale : les Hollandais suivis des Belges, des Luxembourgeois, puis des Français. Les Italiens furent les derniers, soit transférés des camps mussoliniens, soit victimes de la répression frappant la Résistance, soit des militaires prisonniers de guerre après la chute de Mussolini.
Dès la fin de 1938, on comptait 2561 prisonniers. En 1939, 11807. Le chiffre tombe à 7440 en 1940, remonte à 9517 en 1942, 37319 en 1943, 63048 en 1944. Dans les premiers mois de 1945, 43823 prisonniers sont au camp même, les autres, à peu près autant, dans des Kommandos extérieurs. Cette comptabilité est difficile à établir correctement, elle diffère selon les sources, surtout pour les derniers mois de la guerre. De 1937 à 1945, 238980 détenus ont été immatriculés à Buchenwald. Le nombre officiel des morts dûment enregistrés est de 56545.
Un aspect fondamental de l’évolution de Buchenwald, comme des autres camps, fut la décision des plus hautes autorités de l’État et de l’industrie de mettre à la disposition de l’économie de guerre la main d’œuvre quasiment gratuite des camps. Des usines furent installées dans l’enceinte du camp (usine Gustloff, par exemple ou MIBAU SIEMENS). Une grande partie des détenus fut envoyée dans des Kommandos extérieurs (parfois fort éloignés de Buchenwald) où les industriels alléchés par cette masse de travailleurs corvéables à merci faisaient tourner leurs usines et grossir leurs bénéfices. Cela peut être qualifié d'esclavage.
Dora fut d'abord un de ces camps annexes avant de devenir un camp de concentration à part entière.
5. Organisation de la Résistance interne.
A Buchenwald, rien ne peut s’expliquer sans la Résistance. Les antifascistes allemands parvinrent à s’emparer de l’administration interne du camp. A partir de 1942, ils étaient parvenus à persuader les SS qu'ils feraient régner l'ordre mieux que les droits communs. Ils allèrent jusqu’à installer une sorte de police (Lagerschutz) qui, en fait, était une formation militaire clandestine entièrement dévouée à la survie des détenus.
Des déportés étrangers vinrent renforcer leurs rangs. Quand les menaces de bombardements devinrent plus sérieuses, ils purent renforcer le corps des pompiers et mirent sur pied des équipes de secouristes qui permirent de renforcer l’organisation de la Résistance.
Dans les camps annexes, se trouvaient également des Résistants. Ceux-ci mirent tout en oeuvre pour ralentir et saboter le travail. Tous firent le maximum pour ne pas se faire prendre et éviter la peine de mort.
6. Libération du camp.
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La population de Buchenwald dépasse 110000 personnes en février 1945, après l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de Juifs évacués des camps à l’Est. Un tiers des hommes et femmes détenus sont des Juifs.
Pris de panique et soucieux d'effacer les traces, les S.S. décidèrent l'évacuation du camp en plein hiver 1945.
En avril 1945, il restait quelque 47500 détenus dans le camp principal, dont plus de la moitié évacués dans des conditions dramatiques. Il y avait aussi un millier d’enfants et d’adolescents.
Le 11 avril 1945, les déportés de Buchenwald prennent les armes et délivrent le camp. Quelques heures plus tard, les soldats de l’armée américaine pénètrent dans l’enceinte du camp.
Dwight D. Eisenhower, écrira : « Rien ne m'aura jamais plus bouleversé que cette vue. »
Après avoir été, avec Dachau et Sachsenhausen, le premier à être ouvert, il fut le premier à être libéré.
Lorsqu’elle pénètre dans la carrière du camp de Buchenwald, l’armée américaine mit au jour deux caches secrètes, où les nazis entreposaient les objets de valeur dérobés aux prisonniers.
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7. Le cas, douloureux, des jeunes internés.
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Alors que les prisonniers politiques sont rapidement rapatriés, les Alliés ne savent que faire de ces jeunes qui n’ont plus ni parents ni famille. Dans la majorité des cas, leurs parents ont été massacrés.
Ils vont devoir attendre que l’on statue sur leur sort. Cette attente va durer deux mois, une attente difficilement supportable.