1941/1942. Bilans et voeux présentés par la presse clandestine.

Dans la presse clandestine :

Quelques bilans de fin d’année et vœux pour l’an qui arrive.

Nous débuterons d’abord par le passage de l’an 1941 à l’an 1942.

Nous avons un article puisé dans le Journal clandestin L’Insoumis, dans son numéro de janvier 1942.

BILAN DE 1941 - ANNEE NOUVELLE

L'année 1941 touche à sa fin. Elle se meurt de sa belle mort et -faut-il le dire, elle ne laissera aucun regret à personne. Le moment est venu d'établir le bilan de notre activité clandestine.

Nos lecteurs constateront d'abord que L'INSOUMIS ne se porte pas trop mal, malgré les difficultés qu'il a connues. Il a paru pour ainsi dire régulièrement, son tirage n'a fait que progresser, sa diffusion s'est étendue dans tous les sens, en largeur dans les diverses régions du pays, en profondeur dans les diverses classes de la société; la collaboration qu'il a gracieusement obtenue s'est enrichie de personnalités particulièrement compétentes; son matériel s'est modernisé, bien modestement il est vrai.

Seules ses ressources ne se sont pas développées, et c'est peut-être la son titre le plus précieux, puisqu'il a su malgré tout prospérer pour le plus grand bien de ses lecteurs, dont le nombre a sérieusement augmenté.

Cette dernière constatation nous remplit d'aise, car elle satisfait notre but essentiel : soutenir le moral et le patriotisme de nos concitoyens en répandant la bonne parole et surtout la vérité, en mettant à nu le cynisme de certains collaborateurs, en dévoilant les manoeuvres de l'occupant, en citant les trahisons et les lâchetés de certains de nos compatriotes, en décelant les faiblesses de nos oppresseurs, en mettant en lumière nos raisons d'espérer en l'avenir, en un avenir meilleur, plus rapproché qu'on ne le soupçonne.

Nous nous sentons récompensés de nos efforts lorsque, comme cela arrive fréquemment, nous apprenons que notre publication a pu intéresser tel ou tel hésitant, dont les convictions ont été ébranlées par nos informations ou nos considérations pertinentes.

Bref, nos soldons l'année 1941 avec un compte moralement bénéficiaire, qui nous encouragera à poursuivre notre but pendant l'année qui va commencer.

Certains croiront peut-être que nous établissons déjà des projets pour l'année 1942 et pleins d'amertume, ils en déduiront que nous n'envisageons la fin de nos misères actuelles que pour une échéance encore fort lointaine.

Qu'ils se rassurent. Notre plus grand désir est de cesser de paraître le plus tôt possible, c'est-à-dire aussitôt que notre raison d'être aura cessé d'exister. Contrairement à tant d'autres, nous ne demandons qu'à mourir sans tarder !!!

Mais aussi, nous sommes décidés à persévérer aussi longtemps que les circonstances l'exigeront. C'est pourquoi nous devons poursuivre inlassablement notre action, et nous nous efforcerons de le faire dans la mesure où les événements nous le permettront.

Nous ne pouvons terminer ce bref aperçu de notre activité, sans adresser à nos fidèles lecteurs, au nom de L'INSOUMIS les voeux ardents que nous formons pour eux et leurs familles.

Ces voeux sont multiples mais nous les résumerons en un seul qui s'il est comblé, réalisera par lui-même les autres :

QUE 1942 NOUS RENDE NOTRE CHERE LIBERTE ET QUE LE B0CHE VAINCU SOIT POUR TOUJOURS MIS HORS D'ETAT DE NUIRE.

LA REDACTION

Comme on peut le lire, c’est un message à la fois de volonté et d’espoir mais aussi de lucidité.

La rédaction est déjà tellement heureuse lorsqu’elle apprend qu’elle a pu conforter l’un ou l’autre hésitant.

Même son de cloche de la part du journal clandestin chrétien La Cité Nouvelle.

Ce journal ne cache pas les mauvaises nouvelles ( les succès militaires du Japon ) et termine par des vœux.

SAINTE ET HEUREUSE ANNEE 1942 !

Cher ami lecteur, acceptez ces voeux que nous faisons ci de tout coeur. I94I fut une année de dures épreuves mais aussi une année où L'espoir refleurit dans nos coeurs.

Alors que 1940 vit les victoires ininterrompues des hordes germaniques, 1941 a marqué un arrêt à la marche ascendante d'Hitler, les derniers mois virent même les premiers reculs sur tous les fronts où il s'était engagé, préludes d'autres reculs plus importants qui amèneront son inévitable défaite.

Le début de 1942 nous apporte encore de mauvaises nouvelles. Le Japon. suivant les traces de l'Allemagne, marche de victoire en victoire, mais comme pour l'Allemagne, aucune victoire décisive ne vient couronner ses efforts.

Soyez persuadés que comme pour l'Allemagne, viendra pour le Japon, et cela peut-être plus tôt que l'espérons, la période d'arrêt précédant le recul et la défaite.

Nous doutons encore cependant que 1942 verra cette défaite des compères de l'Axe, mais nous sommes sûrs qu'elle en marquera plus nettement les signes précurseurs.

Certains nous accuseront peut-être de manquer d'optimisme, mais nous avons pris pour règle de regarder les difficultés en face et de ne cultiver aucune illusion.

Nous souhaitons cependant que nos prévisions se réalisent plus tôt et que 1942 soit l'année de la Victoire, de notre victoire et de la fin de nos calamités.