Belgique occupée. La chasse aux juifs est dénoncée par la Résistance dès 1941.

Dès 1941, la chasse aux Juifs est dénoncée dans la Presse clandestine.

L'ordonnance du 1er décembre 1941 interdit aux enfants juifs de fréquenter des écoles non-juives.

Il ne peut pas être dit que les mouvements de résistance soient restés indifférents, voire comme certains le disent, vaguement complices de la traque aux juifs.

Ainsi dans le Journal clandestin Enseignement de décembre 1941, nous trouvons cet article qui démontre que le sort réservé aux juifs dépasse de très loin l'antisémitisme traditionnel.

On y trouve la dénonciation du décret expulsant les juifs de l'enseignement, tant des enseignants que des élèves, même très jeunes.

INIQUITE RACISTE.

Une nouvelle mesure de l'Oberfeldkommandantur tente de mettre les juifs au ban de la société.

Après le décret honteux qui, il y a un an, chassait des écoles les membres juifs du personnel enseignant, voici que l'on s'en prend aux enfants. Les petits israélites n'auront plus le droit de s'asseoir sur les bancs de nos écoles. Les jeunes gens et jeunes filles âgés de plus de 16 ans devront sur l'heure interrompre leurs études. Les écoliers de moins de 16 ans pourront attendre que l'on ait improvisé des perspectives d'avenir pour les punir d'avoir commis un crime d'une extrême gravité: être juifs. Quant à nous, nous verrons disparaître de nos classes quantité d'enfants charmants, intelligents et travailleurs.

Il faut que ces victimes innocentes quittent nos écoles entourées de l'affection de leurs maîtres et de leurs condisciples. Il faut qu'ils se sentent encouragés à persévérer malgré tout dans leurs études.

Le jour arrivera où toutes les forces saines de notre jeunesse seront nécessaires pour reconstruire les ruines que l'occupant accumule dans notre pays. Les jeunes Israélites devront alors être aussi bien armés que les autres pour participer à la tâche commune.

Dans le Journal Les Temps Nouveaux de avril 1942, nous trouvons cet autre article dénonçant l’expulsion des enfants juifs des écoles officielles et libres et leur regroupement dans des écoles spéciales.

C’était le sinistre début de la ségrégation et une mesure qui facilitera plus tard les rafles et les déportations.

Notons ici que le Journal Les Temps Nouveaux est d’obédience communiste et qu’il en profite pour lancer une attaque anti-trotskyste.

Il y a aussi une attaque contre le rôle trouble de l’Association Juive. l’AJB est fondée fin 1941 par une ordonnance militaire. Elle est directement placée sous la coupe des Allemands: le commandement militaire de Bruxelles et, concurremment, le service des Affaires juives de la SS, le premier faisant capoter le projet du second de créer un commissariat royal aux Questions juives.

On peut dénoncer certes la politique de cécité des dirigeants de l’AJB pratiquant une « politique du moindre mal ». En Belgique comme en France, après la libération, les débats publics furent rapidement circonscrits et toute tentation d’épuration interne abandonnée.

L'ECOLE JUIVE

Le 1er décembre dernier, l'occupant décrétait que les élèves juifs, jeunes gens et jeunes filles, qui n'étaient plus soumis à l'obligation scolaire, devraient quitter les écoles moyennes, athénées, lycées, écoles techniques, etc..tant officielles que privées, le 15 janvier au plus tard. Il avait au préalable, par ordonnance du 25 novembre, constitué l'Association juive, dont la fonction était de s'occuper de l'instruction des juifs, notamment en créant des écoles pour l'enseignement moyen et pour l'enseignement technique, ainsi que des écoles primaires.

*

Cet organisme officiel s'est mis à l'oeuvre. Il vient d'ouvrir une école. Or nous relevons, parmi les dirigeants et les professeurs, beaucoup d'éléments troubles. Les premiers professeurs recrutés forment un groupe d'amis parmi les quels figure un jeune trotskyste connu pour son excentricité, et le recrutement du personnel semble se faire sur la base des recommandations de ce groupe.

*

Certes, il n'y a rien d'étonnant à trouver des trotskystes en odeur de sainteté auprès des autorités allemandes. Mais le rôle de l'Association Juive était de défendre et servir au maximum les intérêts de l'enseignement, et non de chercher à plaire aux nazis.

*

L'Association juive ne peut donc avoir la confiance de la population. Professeurs, parents et élèves s'uniront pour résoudre le problème posé. Au lieu de faire le jeu des nazis en favorisant l'éclosion de barrières artificielles entre Juifs et non-juifs, ils multiplieront les contacts et organiseront un enseignement digne pour ceux que frappe la récente mesure raciste.