Un crime rexiste :
L’Assassinat de François BOVESSE.
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François BOVESSE est un vrai namurois. Il y est né le 10 juin 1890 et y fut assassiné le 1° février 1944, victime de la furie rexiste, payant de sa vie les valeurs démocratiques qu’il n’a cessé de privilégier.
Élève à l’Athénée Royal de Namur, il obtint son diplôme de gréco-latine en 1909, ses poèmes attirent déjà l’attention.
À 22 ans, en 1912, il lance l’hebdomadaire Sambre et Meuse qui fait la part belle à la littérature régionale. On ne compte pas les revues auxquelles il apporta sa collaboration ou son soutien.
Docteur en Droit au moment même où est déclenchée la Première Guerre mondiale, il est enrôlé dans l’armée belge. Dès les premiers jours de la guerre, il participe au combat du fort d’Évegnée où il est blessé. Ses blessures lui valent de multiples décorations.
Considéré comme inapte au combat, il est réformé (novembre 1914). Il rejoint Paris avant d’être affecté à Calais à l’auditorat militaire.
En janvier 1919, il est nommé substitut de l’auditeur militaire provincial à Namur. Il y traite toute une série de dossiers liés à la collaboration en temps de guerre.
Élu conseiller communal de Namur (1921-1937), il va représenter l’arrondissement de Namur à la Chambre de 1921 à 1925 pour le Parti Libéral.
Échevin de l’État civil et des Beaux-Arts à Namur, il revient au Parlement lors des élections de 1929 pour y siéger jusqu’en 1937.
Ministre des PTT (1931-1932), ministre de la Justice (1934-1935 et 1936-1937) et de l’Instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936), il fut le premier ministre en fonction à participer à un congrès wallon.
Ancien combattant de 1914 et francophile, il sensibilisa la population à la défense de notre frontière à l’Est, qu’il pressent menacée. Le Gouvernement lui refusant le portefeuille de la défense, il ira jusqu’à démissionner de son poste de ministre pour protester contre un amendement flamand visant à réduire les budgets de fortifications à l’Est.
Il fut considéré comme l’homme de la Wallonie dans les gouvernements auxquels il participa.
Resté ministre auprès de Paul Van Zeeland jusqu’à l’élection partielle du 11 avril 1937 qui voit le Premier ministre affronter Léon Degrelle, il marque ainsi sa volonté d’en finir avec le rexisme.
Le 16 avril, il démissionne de ses mandats pour être nommé Gouverneur de la province de Namur. A ce poste, il sera notamment très actif en matière de santé publique. Il contribue, par exemple, à généraliser la distribution d’eau potable.
A la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il tenta d’organiser le ravitaillement et l’approvisionnement des premiers réfugiés, à Namur d’abord, en France ensuite, où il est nommé Haut-commissaire du gouvernement belge en France (dans l’Hérault).
En septembre 1940, il rentra à Namur avec le dernier train des rapatriés. Il fut démis de ses fonctions par l’occupant qui le considère comme un chef wallon en contact avec le 2e bureau français. Selon les règles établies par Romsée, il devait aussi être considéré comme ayant abndonné son poste.
Redevenu avocat, il est dans la ligne de mire des rexistes. Ceux-ci ne lui pardonnent pas son action contre eux lorsqu’il était ministre de la Justice. Il se montre sans concession pour l’occupant et les collaborateurs, ce qui ne fait que renforcer la haine que lui vouent les rexistes.
Dénoncé par des membres de la Légion Wallonie et arrêté en décembre 1941, il est emprisonné six mois à Saint-Gilles, dont il sort très affaibli.
Le 1er février 1944, François Bovesse est assassiné par des collaborateurs qu’il n’a jamais cessé de dénoncer.. Malgré les interdictions, son enterrement donnera lieu à un impressionnant rassemblement de citoyens qui manifestent ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et surtout leur admiration à un homme qui a défendu son pays et ses libertés.
François Bovesse fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Vous trouverez un article concernant son assassinat dans le journal clandestin socialiste Le Peuple, de février 1944.
Les tueurs de la Gestapo ont assassiné François Bovesse .
François Bovesse, gouverneur de Namur, mis en disponibilité par les Allemands, vient d'être lâchement assassiné par les tueurs de la Gestapo.
Bovesse incarnait l'âme de la résistance des Namurois contre les oppresseurs teutons.
Les rexistes avaient pour lui une haine farouche. Sa maison fut lapidée et un illuminé du nom de Jamouton alla jusqu'à le frapper. Les Allemands secondèrent les rexistes ; ils arrêtèrent Bovesse et le retinrent six mois à la prison de Saint Gilles.
L'amitié, la considération que la population namuroise portait à son gouverneur furent illustrées, il y a à peine deux mois, lors du mariage de son fils : des milliers de Namurois manifestèrent par leur présence les sentiments qu'ils éprouvaient pour François Bovesse. Les Allemands et les traîtres à leur solde en ragèrent de dépit.
Mardi 1° février, à 7 heures du matin, trois rexistes, dont deux en costume militaire, se présentent chez le gouverneur comme des représentants de la Gestapo venus pour l'arrêter. Au moment de franchir le seuil de sa demeure, François Bovesse, qui a des doutes sur la qualité des individus, refuse de sortir et s'arc-boute pour ne pas être entraîné.C'est à ce moment que l'un des bandits le tue de deux coups de revolver.
La Gestapo a fait tuer par des rexistes camouflés en soldats allemands le Gouverneur de la Province de Namur. Les dirigeants nazis n'auraient pas osé faire fusiller Bovesse. Ils ont fait faire leur abominable besogne par des tueurs à gage.
La haine de l'allemand, la haine des rexistes monte, monte. La mort de François Bovesse sera vengée cent fois.
« Le Peuple » présente à Madame Bovesse et à ses enfants ses sentiments de condoléances très émues. ....................................................................................
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La Maison où on l'arrêta pour l'assassiner.
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