1940-1945: les tripots clandestins, cibles des résistants.

Les tripots clandestins durant la guerre,

leurs succès...mais aussi leurs ennuis.

Apparemment, tout le monde ne souffre pas des restrictions. Il y en a même qui ont l'air de faire de bonnes affaires. La guerre profite bien à certains.

Tellement bien que surgissent à gauche ou à droite des tripots clandestins.

Pas toujours si clandestins que cela. Les rumeurs se propagent vite et finissent par arriver aux oreilles groupements de résistance qui ont, elles, un grand besoin de fonds.

Des expéditions s'organisent et les « réquisitions » de fonds ont lieu. Le journal collaborateur La Légia en fait ses choux gras et parle, chaque fois, d'actes de banditisme.

Le journal clandestin La Voix des Liégeois répond à ces accusations dans un numéro de janvier 1944.

Ce journal en profite pour mettre en garde des participants modestes à ces parties ? Participants qui comptent peut-être tirer quelque profit pour se sortir de leur situation.

Le scandale des Tripots.

A peu près chaque jour notre " Légia nationale „ n'hésite pas à qualifier de bandits, de terroristes, de gredins, les patriotes qui opèrent des descentes dans les tripots clandestins. Nous tenons à nous élever contre ces protestations ridicules : on n'est pas un bandit quand on désire avant tout donner une leçon de morale aux gens qui gaspillent leur argent dans semblables lieux. Qui, à l'heure actuelle, pourrait se permette une telle dilapidation, sinon les professionnels du commerce noir et tous ceux qui gagnent de l'argent malhonnêtement.

On reste interdit quant au cours d'une saisie dans un jeu de quilles de campagne, on se trouve devant des mises capables de faire vivre une honnête famille pendant plusieurs semaines.

La visite des portefeuilles révèle que parmi les joueurs se sont fourvoyés - nous l'espérons - des poseurs de télégraphe, des employés du chemin de fer, des carriers, des mineurs, bref des gens qui devraient avant tout songer à la subsistance de leur famille.

La question la plus grave n'est pas de constater le fait en lui-même, mais de prévoir ce que cette habitude du jeu devient et deviendra dans les temps qui suivront.

C'est la guerre, d'accord, mais elle ne sera pas éternelle, et empruntant une voix qui s'est tue, celle de l'Abbé DESIRANT, fusillé le 31 août 1943, qui écrivait le 22 mai 1943, une semaine avant son arrestation :

" Disons-nous que nous rebâtissons l'Europe de demain et que tous nos actes ont leur valeur.... On est un peu comme la goupille d'un engrenage immense, perdue dans la machinerie. »

Mais qu'arrivera-t-il si la goupille est de mauvaise qualité ? Qu'arrivera-t-il si les hommes sur qui l'on compte pour relever le pays, sont gangrenés au point de ne pas réaliser que leur conduite est inqualifiable.

Nous espérons qu'il entre dans cette façon de vivre, beaucoup d'inconscience. Nous demandons à ces joueurs qu'ils réfléchissent si réellement leur conduite est digne de Belges. Qu'ils surmontent l'appât de l'argent et rendent au jeu de quilles son allure paisible et honnête de délassement d'autrefois. Qu'ils n'oublient pas qu'ils n'ont pas affaire à des bandits, mais à des patriotes et que le fait d'emporter la caisse est pleinement justifié par le nombre d'illégaux qu'il FAUT nourrir.