Région de HUY durant l'occupation. lutte entre la Résistance et la Collaboration.

Il est encore question de HUY-WAREMME.

Comme nous l’avons vu dans le dernier article, l’appétit des rexistes pour les petites communes rurales de l’arrondissement de HUY-WAREMME fut incommensurable. Des traîtres avaient trouvé place à peu près partout !

Rex se croyait, à HUY, en pays conquis. Malheureusement pour lui, il s’est heurté à deux mouvements de résistance très actifs dans la région : le Front de l’Indépendance et l’Armée Secrète.

Voici, dans La Résistance, de décembre 1943:

La terreur chez les traîtres

La campagne contre les traîtres de tous poils continue. Plusieurs noms se sont encore ajoutés au tableau noir des agents attitrés de l'ennemi.

D'autres suivront. Après l'exécution de PAQUOT, de TONGLET, les attaques contre JADOUL, PETITJEAN, FARDEAU, PLOMTEUX, les patriotes ont abattu CHÂTELAIN de Strée, GILSON, Directeur vendu de l'O. N. T., le sinistre POTT et sa femme, qui ne jouiront pas des profits scandaleux de la traite des blancs à laquelle se livrait depuis l'invention de la Werbestelle, le macabre proboche.

Le châtiment arrive à son heure, Messieurs les mouchards !

Et dans L’Espoir de janvier 1943 :

Echos d'ici et d'ailleurs.

Peterbrœck le kollaborateur fortifie la Kommandantur.

Depuis quand nos protecteurs doivent-ils être protégés ? Peterbrœck accumule les titres à la reconnaissance publique, comme on le voit.

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Poursuivons dans L’Insoumis du 9 juillet 1943 :

Le bourgmestre de Latinne, MOUSSET, Zénon, né à Latinne le 30-1-93, domicilié à Fallais, rue du Tombu, 131, a été tué de 3 coups de feu.

Dans le journal clandestin L’Insoumis de juin 1943 :

Le 18, vers 9 h, le bourgmestre rexiste et sa fille, FRANCK Alfred et Elise, de Ouffet, sont abattus par deux cyclistes.

Et la meilleure. Dans La Résistance Belge d’août 1943, les mésaventures du bourgmestre rexiste, usurpateur, de Moha, Maximilien JADOUL :

LA BALLADE DU PENDU DE MOHA.

Ce n'est point de la pitié qui accueillit la tragi-comique aventure du Bourgmestre rexiste de Moha, mais un énorme éclat de rire. Le vilain bonhomme, il avait bien mérité cela !

Présentons d'abord ce dangereux personnage. C'est un rexiste avéré. Certes, à l'heure actuelle, ce n'est pas une référence, mais ce n'est pas un crime méritant la peine capitale.

Mais le bonhomme ne se contente pas d'avoir des opinions politiques plutôt suspectes, il a des rapports réguliers avec l'occupant et il a une grande gueule ! Ceci c'est déjà beaucoup plus grave. Ce qui est impardonnable et ce qui justifie pleinement l'action de nos amis contre ce triste sire, c'est que ce bon maïeur allait raconter à ses copains de la Kommandantur tout ce qu'il apprenait sur le compte des patriotes. Et avec un beau cynisme, il se vantait de ses glorieux mouchardages..

Il ne s'en vantera plus ! Un groupe de patriotes est allé, fin juillet, lui rendre une visite nocturne dont notre traître accrédité se souviendra longtemps. Le mouchard fut déshabillé, déculotté. En chemise, sous la menace des revolvers, il n'en menait pas large ! Ce fut bien pis quand on lui passa la corde au cou, qu'on lui mit un écriteau sur le ventre et qu'on le promena, pans de chemise au vent, dans les rues habitées par ses administrés.

Sur la Place de Moha, les patriotes s'apprêtaient à pendre haut et court le bonhomme cramoisi de peur au plus bel arbre de l'endroit, quand la patrouille allemande survint. Mal à propos ! ces Boches n'ont aucun sens de l'opportunité ! Qu'ils nous laissent donc arranger nos petites affaires !

Les patriotes ripostèrent à coups de pistolets au feu ouvert par les nazis. Ces derniers s'étalèrent valeureusement dans le fossé et nos amis battirent en retraite, abandonnant le maïeur en chemise, les mains liées et la corde au cou.

A présent, ce bon Bourgmestre tient le lit. C'est ce qu'il a de mieux à faire. Car si les patriotes entendent encore parler de lui, ils trouveront bien un autre bout de corde pour pendre l'ami Jadoul.

L'avis est d'ailleurs valable pour tous les mouchards!

Il y eut aussi l’un ou l’autre bourgmestre rexiste, usurpateur, dans la région de Hannut. Voici l’article paru dans le journal clandestin Le Partisan du 2 mai 1944.

29/2/44. En visite à la maison communale de Bertrée, près de Landen, le sieur COLON, bourgmestre rexiste de Trognée. est abattu par les PA.

Mais les rexistes ne furent pas seulement des usurpateurs, ni des dénonciateurs mais aussi des prédateurs. Nous avons déjà eu l’exemple avec le premier bourgmestre rexiste de VERVIERS, Paul SIMON, qui s’était distingué pour vol de pommes de terre.

Voici, à Marchin, le cas du Secours d’Hiver, dirigé par des rexistes.

Voir le journal L’Espoir de janvier 1943 :

Que se passe-t-il au Secours d'Hiver de la Commune de MARCHIN ?

Des prélèvements importants ont été constatés parmi le charbon stocké par le Secours d'Hiver en vue d'être distribué cet hiver aux malheureux de la commune. Des milliers de kgs de charbon ont été volés.

De plus, il existe un trou important dans la caisse de cette section locale du S. H., gérée par le rexiste Germanus.

Cette scandaleuse affaire a été étouffée car, dénoncée, elle mettait en accusation des personnages aussi dévoués aux nazis que les sieurs Magery. Balthazar et Malherbe.

Des malheurs aussi pour un des comparses condruziens de Ferdinand PAQUOT, l’échevin rexiste DENEUMOSTIER Octave d’Abée-Scry.

Vers 0h.15, une bombe explose sur l'appui de fenêtre de la maison de l'échevin rexiste DENEUMOSTIER Octave, à Abée-Sery.

Un des fils est membre de la Garde Wallonne et un autre est membre de la Légion Wallonie.

On s’aperçoit, ici aussi, qu’on trahissait en famille, comme dans la famille PAQUOT dont les deux fils combattirent sur le Front de l’Est. Un d’entre y resta !

Il y eut aussi ce beau coup d’éclat de la Résistance : l’ attaque de la citadelle de HUY.

Cette attaque est relatée dans FRONT de janvier 1944.

UN EXPLOIT DES PARTISANS

Au nez et à la barbe des Boches, des patriotes armés ont délivré, le 31 décembre, 49 prisonniers de la citadelle de Huy.

Un sous-officier allemand a été tué par les partisans.

Pendant toute une journée, la ville de Huy a été cernée par les nazis et les Gardes Wallonnes qui voulaient à tout prix retrouver les évadés. Ce fut peine perdue.

La population hutoise a splendidement tenu le coup. Et les Fritz et leurs valets sont rentrés bredouilles de leur expédition.

Evidemment, tout cela ne laissa pas l’occupant indifférent. Les nazis durent bien venir au secours des rexistes complètement dépassés par les évènements.

C’est ce que relate La Résistance Belge de janvier 1944 qui met aussi en garde :

La Gestapo renforce ses effectifs.

Depuis septembre, la Gestapo renforce sans cesse ses effectifs dans la région de HUY et de COMBLAIN. Plusieurs quarterons de mouchards professionnels sont débarqués à HUY.

De faux prisonniers russes ont été lachés aux environs de MARCHE.

Patriotes, ouvrez l’oeil. Mettez à la porte tous les quémandeurs soit-disant de l’Armée blanche qui viennent vous solliciter en vue de vous faire coffrer.

N’accordez votre confiance qu’aux membres d’organisations clandestines connus de vous ou apportant la preuve de leur collaboration avec les groupements patriotiques.

Trop de méfiance ne peut nuire !

Ce renforcement de la Gestapo et l’esprit de rancune et de vengeance des rexistes fit bien d’autres dégâts. Nous en parlerons plus tard.

Le siège de la Kommandantur à HUY.