LES REXISTES FURENT BIEN DES USURPATEURS.



Ce tableau démontre bien que les rexistes, déjà dès 1939, ne pouvaient prétendre à se dire représentatifs. Aux législatives de 1939, c’est la débandade: Rex n’a plus que quatre élus, contre 21 en 1936 !
La chute fut brutale. Souvent, les rexistes ont perdu, en 1939, jusqu'à 2/3 de leur électorat de 1936. Les élections communales de 1938 annonçaient déjà ce déclin..
Dans les provinces flamandes, il ne représentait plus rien. En 1936, déjà, à l'exception de la Flandre occidentale ( 9,59% pour le province avec une pointe de +/- 11% à Roulers et Courtrai ). En 1939, en Flandre, c'est dans cette province que la défaite fut la plus cinglante. Pour l'extrême-droite, en Flandre, Rex ne pouvait lutter contre le VNV.
Dans les provinces wallonnes, c'était la chute partout, à l'exception de la province du Luxembourg où il obtenait encore 12,74%. Et, curieusement, dans la de second ordre.
DEGRELLE avait déjà subi un premier revers en 1937 après sa tenative matamoresque de s'opposer à un candidat unique des partis traditionnels. Suite à l’échec électoral contre Van Zeeland, de nombreux soutiens se retirèrent.
Cela prouve, sans davantage de démonstration, que les rexistes n'avaient aucune légitimité à remplacer des bourgmestres légitimes durant l'occupation. C'était des usurpateurs.
Les militants rexistes qui ont pris le pouvoir dans les communes durant la guerre étaient, psychologiquement, des gens frustrés. Ils avaient vécu les heures de gloire de Rex, avaient personnellement nourri de grandes espérances dans des victoires électorales futures et s'étaient retrouvés dans une impasse. La collaboration leur offrait une voie royale de revanche !
On estime généralement que la collaboration eut deux causes : l'une psychologique ( l’ambition, la revanche ) et le lucre. C’est peut-être simplifier les choses, quoique ces facteurs aient joué leur rôle. Ce fut manifeste chez quelques usurpateurs dont on a déjà parlé sur ce site : Max JADOUL de MOHA qui était intellectuellement un faible et un pleutre et Désiré ISTASSE de BIEVRE. L’ambition a aussi joué son rôle. Elle intervint ceux qui acceptèrent de devenir bourgmestres, qui grâce à leur collaboration acquirent un poste qu’ils ne possédaient pas jusque là, qu'ils ne pouvaient jamais obtenir électoralement et pour lequel il n'avaient souvent aucune disposition.
Jusque 1940, Rex paraissait surtout comme un mouvement nationaliste, l'équivalent des maurrassiens en France. La Belgique occupée par l’Allemagne, Rex va passer de la fierté nationaliste à l’affirmation de l’appartenance des Wallons à la « race germanique », les Wallons étant « des Germains de langue latine » !
C’est en janvier 1941 que DEGRELLE se découvrit ouvertement, en clôturant un discours ainsi:
« Hitler a sauvé l’Europe, et, pour cette raison, les rexistes ont le courage de crier : Heil Hitler ! »
Puis, il ne cessa de s'enfoncer. S’ouvre alors le chapitre de la collaboration. DEGRELLE n’a nullement renoncé à ses rêves de pouvoir. Il rencontre les autorités allemandes d’Occupation. Demande audience au roi (qui décline), au cardinal Van Roey (qui le reçoit mais se montre réservé). À l’été 1941, après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne, il obtint la création et la direction de la légion Wallonie, devenue SS Sturmbrigade Wallonie en 1943. Ses actions, ainsi que les nombreuses exécutions de rexistes par la Résistance belge, achèvent de liquéfier le parti.
Dès lors, s'ensuivit une véritable désertion dans les rangs rexistes. Ne restaient plus que ceux qui partageaient entièrement l'idée de la collaboration active avec l'occupant. Le dernier âge du rexisme fut incontestablement nazi.
Tous les prétextes, vains et idiots sont utilisés pour tenter de galvaniser et réunir autour de lui les wallons. Des notions contradictoires sont utilisées, les volontaires wallons sont aussi appelés bourguignons, en référence à l’espoir chimérique de restaurer « la grande Bourgogne », qui connut son apogée sous Philippe le Bon. Ce qui est contradictoire avec la notion de « wallon = peuple germanique » !
Autre signal de la perte d'influence dans la population, l'évolution de son journal « Le Pays Réel ». En 1940, Le Pays réel reparaît, proclamant d’abord son indépendance, son patriotisme, mais bientôt son allégeance à Hitler, « ce conducteur de peuples, si extraordinairement complet : homme d’État, stratège, poète grandiose… ».
Dès 1940, la diffusion baisse, reflétant l’évolution de l’opinion publique par rapport à Rex. De 50.000 exemplaires fin 1937 et environ 18.000 dans l’été 1939, il ne dépassera jamais 9000 exemplaires durant la guerre. Certains, en épiloguant sur les invendus, citent même le chiffre de 5700. Il tint le coup jusqu'au 2 septembre 1944.
C'est dans cette ambiance anti-rexiste que les bourgmestres rexistes, usurpateurs, vont s'entêter à se maintenir. Bien que certains trouvent toutes sortes de prétextes pour s'exflitrer : la maladie ou, plus simplement, le changement de domicile, le déménagement vers une autre commune où ils étaient moins connus ( le cas d'un échevin rexiste de BIERSET ).