LES MALHEURS DU GRAND-LIEGE ( 1942-1944 )
ET DE SES BOURGMESTRES REXISTES.

Le 9 novembre 1942, Gérard Willems, Albert Dargent, Maurice Bomans, Joseph Boutier, Henri Chevalier, Jules Dengis, Yvon Falise, Charles Fréson, Fernand Jouant, Gaston Reuleaux et Marcel Waroux sont désignés par un arrêté du 6 novembre 1942 de Gérard ROMSEE pour exercer les fonctions de bourgmestre et d'échevins du GRAND-LIEGE.
Gérard Willems, avocat près la Cour d'Appel de Liège, prête serment comme bourgmestre entre les mains du gouverneur ad interim Georges Petit.
Ce sera un bourgmestre usurpateur éphémère, en titre du jusqu'au 1942 au 9 mars 1943, et en fonction mais en fonction jusqu’au au 18 novembre 1942 seulement.) Albert Dargent devient le premier échevin du Grand Liège. Le 20 novembre 1942, Gérard Willems donne à Dargent la qualité pour assumer les fonctions de bourgmestre pendant son absence pour cause de maladie.
Après sa démission, Dargent est désigné le 5 mars 1943 par le Secrétaire général Gérard Romsée comme bourgmestre. Willems se retire dans une institution psychiatrique pour soigner ses nerfs ébranlés par le meurtre du bourgmestre rexiste de Charleroi TEUGHELS. Il avait reçu quelques jours plus tôt un bouquet de fleurs contenant un chat crevé en guise de félicitation pour ses nouvelles fonctions.
En septembre 1944, Dargent fuit Liège avec une colonne rexiste et gagne Hanovre où il reste jusqu'au 30 avril 1945, date à laquelle il est arrêté par les Américains.
Prévenu de dénonciations et de collaboration, il sera condamné à mort et exécuté en août 1945.
Voici quelques extraits de la Presse clandestine qui montrent, d’abord leur incompétence, leur veulerie et l’opposition sourde contre laquelle ils ont dû fonctionner.
Dans FRONT Organe du Front de l'Indépendance Janvier 1944
TOUS UNIS DANS L'ACTION CONTRE LE GRAND LIEGE.
SI nous avions le GRAND-LIEGE, la situation, plus nette, en serait bien plus grave. Nous aurions à la tête de notre administrations des ennemis dans le genre des spadassins de naguère et des gardes wallonnes d' aujourd'hui. Tous méritent le même sort, aucun n'échappera à notre vengeance.
En ce qui nous concerne, agents et mandataires, notre rôle est clair. La naissance du Grand-Liège verrait surgir l'époque du beau sabotage. Celui qui savamment conçu et exécuté tirerait dans les jambes des valets de l'ennemi jusqu'à ce qu'ils roulent par terre, minés par la base. En attendant, Agent des Services Publics. mon frère ne te contente pas d'attendre les Américains et les Anglais selon les préférences.
Veille dès à présent, fais-toi la main pour le cas où nous aurions d'outres dirigeants. Ne pense pas que tu as trop peu de choses pour influencer le sort de la guerre. Sans toi, les chefs, les galonnés ne peuvent rien. Au lieu de te morfondre en attendant la fin de la guerre, aide à la victoire de nos ( mot illisible ) en mettant tes pensées au service du pays, en calculant
intelligemment quelles doivent être ton attitude ou ton action dans chacune des opérations auxquelles tu participes.
Dans L'Agent des Services Publics Janvier 1943
PERSONNEL COMMUNAL! RENDEZ-LEUR LA VIE DURE!
Une douzaine de nouveaux traîtres, jeunes ambitieux incapables, transfuges, arrivistes, mouchards à solde viennent d'accéder aux emplois rémunérateurs de chefs de districts.
Il faut leur rendre la vie insupportable et les empêcher d'organiser les cadres dans lesquels ils voudraient enfermer nos libertés.
Ce n'est pas maintenant qu'ils sont dangereux. Leur incompétence manifeste les laisse pour l'instant à la merci du personnel. Ils ne seront vraiment à redouter que si on leur PERMET de s'installer commodément dans leurs nouvelles fonctions.
Nous sommes fiers d'avoir contribué pour notre part à cette oeuvre d'épuration par la diffusion largement conçue de l'Agent des S.P.
Manifestations extérieures, menaces de toutes sortes,opposition intérieure organisée: il y avait de quoi perdre la tête ( surtout quand elle n'est pas plus solide que celle de Willems, notre gauleiter aux petits pieds...sales ).
Maintenant que les moins endurcis de ces Messieurs ont abandonné la partie, il nous reste à paralyser le petit lot d'imposteurs plus aveuglés encore. Ce n'est pas si difficile. Ceux-là, trop bouchés pour s'être retirés au plus tôt, vont vouloir innover, histoire de montrer qu'ils sont un peu là.
Laissons les faire ! Fonctionnaire,n'oublie pas que tu n'es qu'un agent d'exécution. Si ton nouveau "Grand Chef" te commandes des gestes effarants, exécute froidement. Ils sont là pour élucubrer, toi pour travailler. Ne vas pas mettre ta pensée intelligente à leur service !
Par contre,si par hasard,une heureuse idée germe qui pourrait servir leur popularité, lanterne, fais traîner les rapports, embrouille les cartes, sabote intelligemment.
Mais surtout,oppose-toi et vigoureusement cette fois, aux décisions qui favoriseront l'occupant aux dépens du personnel ou de la population.
Notre effarant collège ne peut compter sur l'aide d'aucun de nous. Hostilité,telle est notre position; lutte implacable,tel est le mot d'ordre ! Et nous rangerions sous la même bannière, les égarés qui se laisseraient allécher par l'attrait d'allocations supplémentaires. Notre travail de sape a donné des résultats rapides et trop appréciables pour que nous ne le continuions pas jusqu'au jour proche de la victoire et de la délivrance .
Dans Bec et Ongles octobre 1943
DE BRAVES GENS.
Les employés communaux du ravitaillement de la ville de Liège sont de braves gens.
Les usurpateurs qui composent le collège échevinal de Liège ont ordonné aux employés de la ville de seconder les efforts de la Werbestelle de l'endroit en vue d'affamer les réfractaires à la déportation.
Courageusement, les employés ont refusé d'exécuter les ordres reçus. Le collège échevinal a décidé de les révoquer. Patience, un jour viendra qui tout paiera !
Dans L'Agent des Services Publics Décembre 1943
LE COLLEGE VENDU DU GRAND LIEGE
ADOPTE LES MOEURS DU III° REICH !
Le mouchardage, méthode d'administration.
Les paniquards du Grand-LIEGE ont mis à l'honneur le mouchardage dans le dessein de dépister et d'amoindrir la sourde mais tenace opposition du personnel et de la population. Ces méthodes n'auront pour effet que de renforcer les sentiments d'hostilité à l'égard des occupants et de ses valets. La bassesse des procédés employés dans les affaires de ce genre a mis le comble au mépris que pouvaient inspire ces échevins de pacotille.
Par des promesses fallacieuses, ils extorquent des explications qu'ils transforment en aveux contre les victimes assez naïves pour croire à leur apparente commisération. A l'abri de la force armée ennemie, ils éclaboussent de leur boue infecte, d'honnêtes fonctionnaires communaux. Ajoutant l'hypocrisie à leur ignominie, ils diffusent dans le personnel un arrêté où ne sont retenues que des considérations d'ordre administratif, cependant qu'en sous-main, ces vendus avertissent la Gestapo qui se charge de mettre le point final à la procédure d'usage.
Aussi ne saurions-nous recommander trop de prudence DANS L'ACTION. De plus, quelle que soit la position ou nous sommes amenés, d'aveux inutiles, surtout s'ils sont extorqués sur la foi de promesses mensongères. Pas de crédulité coupable. Croire que le collège ne pousserait pas la honte jusqu'à dénoncer ses propres concitoyens, c'est pur enfantillage.
Prenons nos précautions, tout le monde est à la merci d'une arrestation arbitraire. Organisons le soutien des collègues frappés. L'adversaire doit les sentir entourés d'une sympathie agissante. Profitons de tout événement pour renforcer et mettre sur pied notre appareil de solidarité.
Ne laissons rien au hasard dans la diffusion de la presse. Les victimes n'existent que là où manque l'organisation. Renforçons notre mouvement d'opposition et de résistance aux 50% rescapés de la grande tornade du Grand-Liège. Forçons-les à aller rejoindre dans l'exil leurs comparses démissionnaires.
La PRESSE clandestine est abondante.
Elle fourmille d’articles, d’anecdotes et de renseignements
D’autres articles seront encore exhumés !