LA TRAQUE AUX BOURGMESTRES REXISTES.
75 ANS APRES, IL FAUT ENCORE LES CHERCHER !

- PREAMBULE.
75 ans après la fin de la guerre, soit 76 ans après que l'on ait mis fin à leurs exploits, il est, étonnamment, difficile d'obtenir des renseignements à propos de ces individus. Pourtant, pendant plusieurs années, ils ont fait tout fait pour établir l'ordre nouveau dans leur commune.
Paradoxalement, alors que c'est une tranche importante dans la vie de leurs communes, il est très difficile d'obtenir des renseignements, même peu détaillés, auprès des administrations communales.
Il n'existe pas de listing des bourgmestres rexistes. Seuls deux ouvrages en parle :
- Le livre « Oorlogsburgemeesters 40-40 » de Nico WOUTERS. Ouvrage très volumineux mais rédigé dans un néerlandais académique. On y traite de trois sortes de « bourgmestres de guerre » ( les bourgmestres ayant remplacé les bourgmestres légitimes démis ) : les usurpateurs ouvertement collaborateurs VNV et leurs correspondants Rexistes en Wallonie et ceux qui avaient accepté le poste « pour évier le pire », le pire étant la nomination d'un rexiste ( Cas de MARCHIN, par exemple ). Mais il n'y a pas de liste, les cas sont seulement cités dans le déroulement de l'exposé.
- Le livre « Encyclopédie de l'occupation, de la collaboration et de l'ordre nouveau en Belgique francophone ». Là, on trouve, comme dans tout dictionnaire, les renseignements par ordre alphabétique. Mais, parfois, sans grande explication. Nous y avons aussi relevé quelques imprécisions ou, même, erreurs. Par exemple, on signale un bourgmestre rexiste à ENGIS, ce qui ne fut pas le cas. Il n'empêche que cet ouvrage est précieux. Il peut être consulté à la Cité Miroir, à LIEGE. Mais il est muet au sujet des « exploits » de ces sbires, de leurs mécomptes et, des remous dans le personnel.
Ce qui est davantage précieux, et qui constitue un complément aux deux ouvrages cités, c'est la consultation de la presse clandestine. Elle fourmille de renseignements et d'anecdotes parfois croustillantes.
- Recherches auprès des Administrations communales.

Bizarrement, il faut peu compter sur les Administrations communales. Pourtant, cela ne devrait pas être difficile de consulter la liste des bourgmestres et de repérer ceux qui, durant la guerre, ont remplacé le bourgmestre légitime en poste en 1940 et de se pencher sur les conditions de leur désignation.
On n'obtient pas de réponse, comme si une telle expérience traumatisante n'avait aucune importance. On gomme ainsi une part importante de l'histoire de la commune.
Tous les prétextes furent bon pour écarter le plus grand nombre possible de bourgmestres légitimes. La plus fréquente fut l'âge. On instaura un âge limite, ce qui écarta bon nombre de mandataires de petites communes. Un autre prétexte fut l'abandon de poste. Des députés-bourgmestres avaient suivi le gouvernement dans son errance en France, répondant ainsi à leur obligation de Parlementaire. A leur rentrée, ils furent démis pour abandon de poste !
A noter, cependant, le cas des villes de LIEGE et de VERVIERS qui font exception et qui placent les bourgmestres rexistes dans leur liste historique avec une mention explicative.
- L'instauration des Grandes Villes en 1941 et 1942.
Le secrétaire général de l'Intérieur, le VNV Gérard ROMSEE, décida que les communes faisant partie des grandes agglomérations devaient fusionner.
On commença par le « GRAND ANVERS », le 15/09/1941. Suivirent le « GRAND GAND », le 15/05/1942 ; le « GRAND CHARLEROI », le 15/07/1942 ; le « GRAND LA LOUVIERE », le 20/06/1942 ; le « GRAND BRUGES », le 12/10/1942 ; le « GRAND LIEGE », le 25/10/1942.
Avortèrent, faute de temps, les projets des Grands ARLON, HUY, MONS, VERVIERS, TOURNAI.
Le prétexte était une meilleure gestion. Le but était d'écarter une quantité importante de bourgmestres légitimes, souvent puissants, et des les remplacer par des Rexistes.
Ces projets étaient complètement irréalistes. Quand on connaît les difficultés rencontrées en 1976 avec la fusion des communes préparée par des administrations expérimentées, dans une situation sans crise, avec des mandataires élus...on peut facilement imaginer que, en 1942, sans préparation, dans un climat de crise majeure, avec des usurpateurs détestés et sans expérience, cela devait aboutir à des déboires.
- Opposition à ces projets.
La lecture de la presse clandestine est passionnante.
En voici quelques extraits :
Les temps nouveaux janvier 1943, n° 24
HISTOIRE TRISTE
Après la mort des Teughels, Hénault et autres. bourgmestres nommés par Hitler, la panique s'empara des survivants. Willems du "Grand-Liège" fait des cocottes en papier dans un asile des environs de Bruxelles.
Trois de ses Echevins ont détalé comme des lièvres et ont offert leur démission.
Au "Grand-Bruxelles", la frousse n'est pas moins grande. Le petit Tommeleyn dort dans le fond de sa voiture. Denis achète des chiens policiers (il n' a plus confiance dans les hommes) et tous s'adressèrent à une compagnie d'assurances belge pour s'assurer sur la vie . La compagnie, (qui n' est pas bête ) déclina cette mauvaise affaire ...Graûls, alors, voulu faire le malin et se rendit chez l'agent d'une compagnie allemande. Après avoir écouté son glorieux interlocuteur, l'agent allemand prit un air fort distrait , alluma une cigarette et , le regard humide, serra les mains de"Grauls' avec pitié et compassion. Puis il l'éconduisit fort poliment. Le pauvre Grauls n'en est pas encore remis.
Les Temps nouveaux novembre 1942
Les arrêtés qui ont prétendu accoucher du Grand Anvers, du Grand Gand, du Grand Charleroi, du grand La Louvière, du Grand Liège, du Grand Bruxelles sont donc radicalement nuls sans effet. Ils constituent de pures usurpations, de pures violences, de purs actes de brigandage.
La couleur qui convient pour les peindre nous est donnée par la personnalité des exécuteurs : le premier échevin du Grand Bruxelles est un notaire véreux, indélicat, méprisé depuis toujours par ses confrères.
De ce qui précède découlent des conséquences dont l'importance n'échappera à personne
1) Les bourgmestre et échevins désignés aux nouvelles grandes villes n’ont aucun pouvoir légal ; ils ne sont pas fonctionnaires. Ce sont des usurpateurs, des criminels qui seront mis en prison au premier Jour de la libération du territoire.
2) Les grandes villes nouvelles n'ayant pas d'existence légale, tous leurs actes seront sans valeur.
Dans un avis récemment donné devant la Cour d'Appel de Bruxelles par le Ministère public, celui-ci a reconnu l'inexistence du grand Charleroi et son incapacité à agir en justice.
3) Tout acte de résistance aux mesures des édilités et des édiles nouveaux est légitime.
- Bien plus,cette résistance constitue dans de nombreux cas une obligation. Les fonctionnaires ont le devoir de se refuser à collaborer à la gestion de nouvelles grandes villes, cette collaboration constituant un acte d’assistance à la transformation de nos institutions par l'ennemi et, en tous cas, une participation punie par le Code Pénal à la violation de la Constitution. Il n'est pas douteux qu'après la guerre des comptes seront réclamés tout au moins aux fonctionnaires d'un certain grade qui seront restés en fonction et qui ne pourront pas prouver par des actions concrètes qu'ils ne l'ont fait qu'en vue d'organiser le sabotage de l'illégalité.
Les Temps Nouveaux avril 1942
GRAND-BRUXELLES
Borginon a été chargé d'élaborer le statut des grandes agglomérations urbaines du pays. Le"Grand-Anvers"a déjà été réalisé. On attend pour les prochaines semaines la naissance du "Grand-Bruxelles" et du "Grand-Liège"
En réalité ces soucis cachent de violentes passions politiques. Les fascistes veulent déloger des places dirigeantes qu'ils occupent au centre de ces postes de commande que constituent les grandes villes, les fonctionnaires qui combattent l'Ordre Nouveau. Les patriotes s'y opposeront résolument: pas de nazis dans nos Hôtels de Ville!