La Résistance : Quelle mémoire ?
Il n’y aurait pas de « Jean MOULIN » à la belge. Ni guère de héros ou de martyrs qui auraient marqué la mémoire collective.
Les dénominations des rues et places publiques rendent moins hommage aux combattants de l’ombre que, ce que l’on a fait après 14-18, pour les combattants de la première guerre.
Il y a quand même quelques exceptions notables dans certaines communes, dont notamment AWANS. Nous en parlerons plus tard dans un autre article.

Pas de « Jean MOULIN » en Belgique ? Certes, la résistance en Belgique n’a pas eu le même profil qu’en France. Il n’y a pas, nationalement, de figure centrale. Mais, dans la région liégeoise, nous avons Walthère DEWE, grand résistant des deux guerres mondiales un peu tombé, injustement, dans l'oubli, hors de notre région.
C’est pourquoi, on devrait appeler à s’investir davantage dans la compréhension du passé et plutôt que dans sa commémoration.
Mais plus de 75 ans se sont passés. Le temps de la mémoire communicative est révolu. La mémoire communicative est celle qui est transmise directement par les conversations souvent familiales. La mémoire communicative tient entre 70 et 100 ans maximum, nous sommes encore dans les dernières années en ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale. Notre génération a encore pu bénéficier de cette mémoire communicative.
Ce que les générations suivantes pourront savoir, elles le sauront par les livres ou les films, mais plus par les témoins directs. C’est ce qu’on appelle la mémoire culturelle. Quand il ne reste que la mémoire culturelle, les éléments sont beaucoup moins ancrés et marquent moins les générations suivantes puisque c’est le mélange entre les faits historiques et le ressenti personnel des acteurs qui permet aux jeunes générations de bien retenir les récits et de les trouver intéressants.
Nous nous heurtons aussi à un problème inconnu lorsqu’il s’est agi d’assurer la mémoire de la guerre de 14-18. L’essentiel de la mémoire de la première guerre est surtout centrée sur les combattants du front. C’est elle qui constitue l’axe de la mémoire. Les autres mémoires s’y accrochent.
En ce qui concerne la seconde guerre, la mémoire est très (trop ?) diverse. On assiste même à une concurrence entre les mémoires. La façon dont la guerre a été vécue est très diverse, sauf peut-être pour les simples quidams.
Cela se reflète dans les associations patriotiques. La FNC s’est toujours efforcée d’être généraliste, d’accueillir tout le monde même si cela ne fut pas toujours simple au sein des sections.
Les mémoires, les expériences sont diverses.
Nous avons la campagne des 18 jours. C’est la seule expérience commune. La campagne des 18 jours a débouché sur des résultats opposés:
- la grande masse ont été faits prisonniers de guerre avec, après quelques mois, la distinction opérée par les Allemands entre Flamands et Wallons;
- une petite partie est parvenue à échapper à l’emprisonnement en Allemagne;
- une autre partie a pu embarquer vers la Grande-Bretagne et a pu participer aux combats de la Libération;
- il y eut la Résistance. Mais celle-ci fut très diverse, partagée entre des tendances politiques occupant tout le spectre politique, d’un extrême à l’autre; et aussi très morcelée;
- à la fin de la guerre, nous avons eu les engagés volontaires ( les Brigades d’Irlande, par ex.
- les Prisonniers politiques issus de la Résistance...mais parfois aussi de simples citoyens embarqués aveuglément;
- on a eu aussi à connaître les survivants des déportés raciaux…
La gendarmerie belge a, entre le 1er janvier 1943 et le 3 septembre 1944, répertorié des actes de sabotage.
Si l’on reproduisait sur une carte les lieux cités dans ces procès-verbaux dans ce laps de temps, cela témoignerait nettement d’une activité de résistance sous la forme de sabotages plus intense dans le bassin industriel wallon, que partout ailleurs en Belgique:
- 2700 actes de diverses natures en Wallonie ;
- contre 550 dans les provinces flamandes.
Dans le domaine de la presse clandestine, des rapprochements sont visibles également:
- on a identifié près de 700 titres différents de journaux clandestins ;
- 71,5 % sont rédigés en français ;
- 25,7 % en néerlandais
- 25 % d’entre furent imprimés en Flandre, contre 42,7 % en Wallonie.
- sur ces 700 titres, 1% soit 64 titres seulement peuvent être considérés comme « nationaux ».
Ce qui illustre bien le premier paragraphe de cet article ( pas de MOULIN à la belge ). On peut dire qu’il n’y a pas eu UNE Résistance, mais DES Résistances et des Résistants.
Après la guerre, quand on a voulu accorder des titres de reconnaissance, on a établi quatre grandes catégories:
- les Résistants armés ;
- les services de renseignement et d’action ;
- la presse clandestine ;
- la résistance civile.
Nous ne sommes guère aidés par les inscriptions figurant sur les monuments aux morts. Rarement le statut de la personne honorée est indiqué. Un indice à creuser, les dates de décès, du moins lorsqu’elles figurent.
A noter un certain nombre de Monuments spécifiques, souvent ceux de l’Armée secrète.

