Georges GROSZ
Peintre allemand, volontaire de guerre 14-18, antimilitariste
et militant anti-nazi.
Comme son compatriote Otto DIX, il a représenté les « Gueules cassées ».

Georges GROSZ, autoportrait
1. Son enfance et la période avant 1914.
George GROSZ est né le 26 juillet 1893 à Berlin et il est décédé le 6 juillet 1959 dans la même ville, mais après un long périple et une période d’exil et le renoncement à sa nationalité.
Il passa son enfance entre Berlin et Stolp, en Poméranie (aujourd'hui Slupsk en Pologne), au gré des déménagements professionnels de son père, aubergiste. Celui-ci décéda alors que Georges n'a que 8 ans. Malgré ce décès, il vit une enfance sans histoire, nourrie des revues illustrées en vogue à l'époque.
Admis en 1909 à l'Académie royale des arts de Dresde (Königlichen Kunstakademie Dresden), il entre ensuite en 1912 à l'École des Arts et Métiers du Musée des Arts décoratifs de BERLIN.
2. La guerre de 14-18.
Il s’engage comme volontaire de guerre le 13 novembre 1914. Non pas par ferveur militaire mais pour devancer un appel qu’il sait inéluctable, pensant qu’il pourrait ainsi échapper à un enrôlement dans une unité plus féroce.
On le retrouve dans un régiment de grenadiers. Il est ensuite muté, le 5 janvier 1915, au Premier Bataillon de Réserve du même régiment avant d'être libéré momentanément de ses obligations militaires le 11 mai 1915. La raison officielle avancée pour cette réforme fait état d'une infection des sinus, bien qu'il ait séjourné quelque temps dans un hôpital psychiatrique militaire.
En 1916, il modifie son nom de famille par haine de l'Allemagne en guerre. Georg GROSS devient George GROSZ. Cette année, la revue littéraire Die weissen Blätter (Les Feuilles blanches) publie un essai enthousiaste sur l'artiste, qui, du jour au lendemain, est rendu célèbre dans tous les cercles artistiques.
En janvier 1917, il est réintégré à l’armée comme réserviste. Sa mission: former des recrues et s'occuper de prisonniers de guerre. Mais le lendemain-même de son arrivée, il est victime d'une dépression nerveuse. Envoyé à l'hôpital militaire, il est pris d'un accès de folie et agresse un officier. Transféré en maison de santé, il est considéré comme déserteur et condamné à être fusillé mais, grâce à l'intervention d’un protecteur, le Comte Harry Kessler, il est seulement déclaré "durablement inapte au service" et réformé définitivement le 20 mai 1917.
Il écrit son sentiment en ces termes :
« La guerre était pour moi l'horreur, la mutilation et l'anéantissement ».
« Mes nerfs ont lâché avant que j'aille cette fois-là au front et que je voie des cadavres putréfiés et des barbelés. Les nerfs, jusqu'à leurs plus petites fibres, un dégoût, une aversion — bon, morbide, si on veut — en tout cas une défaillance totale, même face à la plus puissante des contraintes légales ».
3. Après 1918.
Adhérant aux idées communistes et participant à l'insurrection spartakiste, il est arrêté et il parvient à s'échapper grâce à de faux papiers d'identité.
Son antimilitarisme et son engagement pour un art prolétarien lui causent des démêlés avec la justice: revues saisies ou interdites de parution et une condamnation pour insulte envers l'armée impériale. On censure ses recueils de gravures comme « Gott mit uns » à l’été 1920.
4. Dans l’entre-deux-guerres.
En 1922, il effectue un voyage qui le conduit après le Danemark, la Norvège, la Finlande à Moscou. Il y est reçu en audience par Lénine . Il y rencontre aussiTrotski, Lounatcharski, Radek et Zinoviev. Quatre grands dirigeants soviétiques de l’époque.
Ce voyage et ces rencontres le troublent et renforcent sa méfiance contre toute autorité dictatoriale. L’année suivante, il quitte le parti Communiste.
Dans son œuvre, sa charge se durcit. Il malmène les institutions: l'armée, l'église, les politiques responsables de la guerre, la bourgeoisie industrielle et financière. Avec comme résultats: accusation de "diffusion de documents obscènes", amendes financière, censure... retrait de certaines planches pour Ecce homo, que GROSZ défend avec ardeur.
Il écrit à propos de Ecce Homo:
"C'est un document témoin de cette période d'inflation, avec ses vices et ses moeurs dissolues, il produit un effet aussi brutal que l'époque qui l'a inspiré. C'est ainsi qu'ont vu le jour toutes les oeuvres qui m'ont valu des poursuites; ces oeuvres ne sont pas imaginables sans ces gens et sans cette époque, et si l'on m'accuse, alors on accuse l'époque, ses atrocités, sa corruption, son anarchie et son injustice."
Anti-nazi, GROSZ quitte l'Allemagne en 1932 pour les Etats-unis. Il occupe un poste d'enseignant à la Art Students League de New York. Il retourne en Allemagne pour une courte période et le 12 janvier 1933 il s'installe définitivement avec sa famille aux États-Unis. Il devient citoyen américain en 1938.
Des Etats-Unis, il continue à observer ce qui se passe en Allemagne ; Voici ce qu’il écrit après l’incendie du Reichstag. Il explique avoir échappé de justesse à une arrestation programmée :
"Puis c'est l'incendie du Reichstag : la nouvelle tombe, éclaire toute chose sous un jour sinistre. Je commence alors à comprendre que la providence a voulu m'épargner. Dans le secret de ma chambre new-yorkaise du petit hôtel Cambridge sis dans une rue transversale, je remercie le dieu qui a guidé mes pas jusqu'ici. Peu de temps après, une lettre de Berlin m'apprit qu'on était venu me chercher, à notre ancien appartement berlinois, ainsi qu'à mon atelier. J'étais un rescapé, un miraculé..."
Mais sur le plan artistique, son style s'édulcore et il verse dans un romantisme sentimental. Ce changement est généralement considéré comme annonçant un déclin de son inspiration.
Dans les années 1950, il ouvre une école d'art chez lui, tout en travaillant pour le centre d'art de Des Moines. En 1954, il est élu à l'Académie américaine des arts et des lettres.
En 1959, il choisit de retourner à Berlin, où il meurt le 6 juillet, victime d'une chute dans les escaliers. Certains parlent d’une attaque cardiaque, d’autres parlent des suites d’une beuverie.
Quelques œuvres
(surtout reprises dans « Gott mit uns »
« Gott mit uns » a été édité en 1920. Cette devise figurait sur les ceinturons des soldats allemands lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Les SS arboraient, eux, la devise Meine Ehre heißt Treue. ( Mon honneur est ma fidélité ).
C’est la plus violente charge contre l’esprit militariste allemand, contre les officiers pré-nazis, contre les profiteurs de guerre, contre les légendes présentant l’armée allemande comme pleine de vigueur…
Ou dans « Ecce Homo » : 100 dessins, dont 16 en couleur. Publié pour la première fois en 1923 mais supprimée, la collection offre une vision inégalée de la nudité, de la luxure, de la cupidité et de la cruauté humaines.
Ces images décrivent la corruption bouillonnante née de l'hyperinflation et des troubles politiques du début des années 1920. GROSZ fut poursuivi pour avoir enfreint le sens de la modestie et de la moralité du public allemand: 24 des plaques ont été confisquées; un grand nombre des dessins originaux ont été détruits; GROSZ et ses associés ont chacun été condamnés à une amende, les pénalités totales de Grosz au cours du procès s'élevant à 6 000 marks.
...Sinistres prémices des futurs autodafés !

Comportements inhumains de soldats allemands

Interrogatoire nazi.

Les allemands ont aussi eu leurs "Gueules cassées", oubliées car démontrant l'horreur guerrière.

HITLER, dépeint comme un sinistre guerrier prémédiéval, donc sans culture.

Pendant l'hyper-inflation: pendant que le peuple trinque...

Scène de front: nous sommes loin de la grandeur...

Toujours le malheureux éclopé, auréolé de la couronne d'épines...

Officiers: des têtes qu'on ne voudrait pas rencontrer au détour d'une rue...


Une séance d'un conseil de réforme; on pense à réintégrer tout le monde...même les cadavres !