Une initiative de l'artiste berlinois Demnig: Les Pavés de Mémoire.

LES PAVES DE MEMOIRE.

Gunter DEMNIG

L’initiative vient, il faut le souligner, de l’Allemagne. En Allemagne, on parle de Stolpersteine (pluriel du mot stolperstein signifiant obstacles mais que l'on peut traduire littéralement par pierres d'achoppement, pierres sur lesquelles on peut trébucher).

On les doit à l'artiste berlinois Gunter DEMNIG. Ce sont des pavés de béton ou de métal de 10 cm de côté enfoncés dans le sol. La face supérieure, affleurante, est recouverte d'une plaque en laiton qui honore la mémoire d'une victime du nazisme. Chaque cube rappelle la mémoire d'une personne déportée dans un camp de concentration ou dans un camp de la mort parce qu'elle était Juive, Rom, Communiste, Sinté, résistante, homosexuelle, témoin de Jéhovah, chrétienne en opposition au régime nazi ou handicapée.

L'idée lui vient en 1993, lors d'une cérémonie de commémoration de la déportation de Roms. A partir de 1995, il commença à en poser dans les rues de Cologne et de Berlin, sans autorisation.

Encastrées dans le trottoir devant le dernier domicile des victimes, plusieurs milliers de Stolpersteine ont ainsi été posées depuis 1993, principalement en Allemagne mais aussi dans d'autres pays européens. Donc chez nous en Belgique et, plus précisément, à Liège. Sur chaque plaque est marqué « ici habitait » avec ensuite le nom, la date de naissance et le destin individuel de chacun. Les pavés sont scellés dans les trottoirs (publics) et alignés dans l’axe de la porte de l’immeuble (privé).

Mais, chez nous, c’est surtout en mémoire de la Shoah que l’initiative a été lancée pour rendre hommage à des victimes du génocide des Juifs. Le développement des Pavés de Mémoire est coordonné par l'Association pour la Mémoire de la Shoah .

A LIEGE, nous en avons huit.  Ces pavés rendent hommage à la mémoire de :

• Jacques Goldstein, rue Edouard Remouchamps, 27a

• Emma Goldstein, rue Edouard Remouchamps, 27a

• Caroline Goldstein, rue Matrognard, 7

• Seindla Paiuc, rue de Waroux, 17

• Mojszek Ringelheim, rue Cours Saint-Gilles, 2

• Aron Wolfson, rue Vinave d’Ile, 16,

• Marcel et Albert Bulka, rue des Champs,

• Alec Bergman, rue Grétry.

Ces « pavés de mémoire » furent parfois l’objet de récriminations, de protestation ou de vandalisme.

Elles sont illégales à Munich. Charlotte Knobloch, ancienne déportée et Présidente de la communauté israélite de Bavière puis Présidente du Conseil central des juifs en Allemagne, considérait, par exemple, qu'il est humiliant que ces marques de commémorations soient sur le sol et que des passants puissent marcher dessus. Cela ne fait pourtant pas consensus dans la communauté juive et des Stolpersteine ont été installées depuis mais sur des terrains privés.

Cinq pavés de mémoire avaient été recouverts par un riverain à Saint-Gilles. Il avait peur des réactions. Mais ils ont été restaurés. Ces pavés de mémoire sont insérés dans le trottoir devant le seuil du 29 rue Coenraets à Saint-Gilles où vivait la famille Kichka. Ils ont été restaurés par la commune assez rapidement.