Pourquoi encore commémorer le huit mai ...et le 11 novembre ?

1. Cette question est chaque fois posée.
Elle est posée le 11 novembre. Ce qui est avancé, pour le 11 novembre, c'est l'éloignement des faits: la première guerre a débuté il y a 105 ans et elle s'est terminée, il y a 101 ans. Il n'y a plus personne qui l'ait vécu. 101 ans, cela fait cinq générations ! La Première Guerre mondiale, c’est l’histoire d’une des plus grandes souffrances humaines. Et c’est au nom de l’Homme, de tous les Hommes, qu’il s’agit, par simple amour de la vie, d’en garder la mémoire.
Cette question, on commence aussi à la poser pour le 8 mai. Il y a 74 ans, le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie, vaincue par une coalition des pays alliés, capitulait sans condition. les derniers participants ont nonante ans. Dans de nombreuses communes, les derniers sont disparus. Les enfants d'aujourd'hui sont la quatrième génération.
Maintenant que le 21° siècle est déjà bien entamé, il faut s’interroger clairement et sans tabou sur la valeur, l’utilité, la symbolique de ce jour pour les enfants...et aussi pour les grands !
2. A question simple, réponse...à développer.
La réponse est simple: il faut montrer ce que des gens ordinaires ont pu faire pour conserver leurs institutions, leurs traditions, leurs lois, leur façon de vivre. Il faut montrer que pour ces motifs des millions de gens ordinaires ont été au bout de la souffrance, au bout du courage, au bout du sacrifice.
Pas une occasion ne doit être manquée de dire et de répéter un certain nombre de vérités relatives à la mémoire des victimes des guerres en général et, bien sûr, de la seconde guerre mondiale aujourd'hui en particulier. Ne l'oublions jamais: les femmes et les hommes qui ont vu, le 8 mai 1945, la victoire des Alliés ou qui, hélas, étaient morts pour elle, voulaient aussi un monde différent, un monde plus juste, un monde plus libre, un monde plus humain. Afin que nul n’oublie ce que des hommes ont pu faire subir à d'autres hommes !
3. Plus spécialement pour le 8 mai.

Le 08 mai 1945, c'est l'issue de cinq ans de ce combat qui se terminait par la victoire du camp des Démocraties contre celui des tyrans et de leurs bourreaux.
Aussi l'occasion de nous rappeler ce que furent ces cinq années de guerre. Cinq années rythmées par les déportations et l’extermination d’enfants, de femmes, et d’hommes, simplement coupables d’être nés juifs ou tziganes, d’être des opposants politiques, des infirmes, ou des homosexuels.
Cette folie meurtrière était basée sur la conception raciale d’une nation dont le dirigeant de l’époque, Adolf HITLER, considérait qu'elle était d’une race supérieure. Il oubliait qu’il n’y a pas race humaine. Il n’y a que des humains d’origine diverses. Le coût humain de ces cinq années fut effroyable.
Notre mémoire populaire porte le deuil des 55 millions de victimes de la pensée fasciste. Parmi elles, plusieurs habitants d'AWANS ont connu cette destinée. Les noms inscrits pour la seule guerre de 40-45, sur notre monument aux morts en témoignent.
Mettre tous les noms sur un monument signifie que tous les individus comptent. Tous nos combattants sont égaux dans la mort. Regardons, lisons, il n’y a aucun grade. Tous les morts sont égaux. Les noms gravés sur ce mémorial nous rappellent que la démocratie est devenue une valeur éternelle puisqu’elle fut payée par ces vies qui sont citées. Qu’ils aient été combattants, volontaires de guerre ou résistants, leurs actes étaient guidés par la volonté de préserver la paix au sein d’un pays libre. Cette liberté, nous n’accepterons jamais qu’elle soit retirée ou bafouée.
A ces 55 millions de victimes vinrent s’ajouter 35 millions de blessés, 3 millions de disparus, 30 millions de civils tués parmi lesquels 6 millions de juifs et des tsiganes. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une guerre fit plus de victimes civiles que militaires. Sans oublier que la quasi totalité des militaires étaient, avant guerre, de simples civils à qui on avait fair revêtir un uniforme.
4. Conclusion...et maintenant.
Il est vraiment utile de méditer cette pensée du résistant français Pierre BROSSOLLETTE : « Ce que nos morts attendent de nous, ce n’est pas un sanglot, mais un élan ». Ou, celle de Stéphane HESSEL: « Résister c’est exister ».
Le huit mai 1945, un monde nouveau est né. Mais ce monde, nouveau, n'a pas tenu toutes ses promesses. Ce qui a malheureusement généré de nouveaux problèmes, de nouveaux dangers, d'autres violences, d'autres intégrismes, d'autres atrocités, d'autres conflits et d'autres guerres.
La liberté est fragile. Elle pas un acquis immuable, elle n'est pas gravée dans le marbre. Nous devons rester vigilants, chacun à notre niveau.
Des fanatiques tentent de déstabiliser notre société, de rompre l’équilibre qui prévaut dans notre pays et en Europe. Il faut certes rester confiants, mais aussi prudents. Il faut être tolérants, ouverts au dialogue, mais aussi convaincus de la justesse de nos valeurs. Valeurs que nous ont transmises nos aînés par le sacrifice de leurs vies.
Alors, pour que vive la Paix, la Démocratie, la Belgique, l’Europe, sachons retrouver l' élan de nos aînés, leur foi en l’avenir. Rejetons tout ce qui, à l’inverse, peut s'attaquer notre pensée, à nos idées, à nos familles, à notre patrie.
Le devoir de mémoire, ce n'est pas venir déposer une fleur un jour par an. Si c'était cela le devoir de mémoire, ce ne serait que du formalisme. Le devoir de mémoire, c'est continuer par nos actes, l’engagement scellé par nos aînés, dans le sang.
Commémorer, c’est faire de l’éducation civique, de la pédagogie citoyenne. Un pays n’est rien sans ce que ses habitants ont en commun. L’histoire d’un pays, c’est le ciment de son unité.