VIENNE: le mémorial aux déserteurs la Wehrmacht. et aux victimes du nazisme.

Un monument aux déserteurs de la Wehrmacht à Vienne.

Fin 2009, plus de 64 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Autriche avait adopté une loi sur la réhabilitation des déserteurs de la Wehrmacht. Loi qui annule les verdicts des tribunaux de la dictature nazie. Jusqu'à très récemment, les déserteurs étaient considérés par beaucoup comme des traîtres, voire des assassins de leurs camarades.

Depuis cette date, une controverse a enflammé l'Autriche: faut-il ériger un monument aux Autrichiens qui ont refusé de rejoindre l'armée nazie après l'Anschluss en 1938) ?

Depuis le 24 octobre 2014, c'est chose faite ! Un mémorial, un monument en béton en forme de X symbolisant "la situation de l'individu face au pouvoir", est érigé sous les fenêtres de la Chancellerie et de la Présidence de la République, non loin de la Place des Héros (Heldenplatz) où 250.000 personnes avaient ovationné Hitler lors de l'Anschluss de 1938. 

Plusieurs centaines de milliers d'Autrichiens ont été enrôlés dans l'armée nazie et environ 1500 d'entre eux ont été exécutés pour avoir refusé d'en porter l'uniforme.

Le Président Heinz Fischer, qui a inauguré en personne le monument a déclaré :

"Ce mémorial marque la différence entre la fidélité et la loyauté dues aux forces d'un État démocratique, et le droit de résister à celles d'une dictature criminelle". Il a ajouté :

"L'armée de Hitler n'était pas notre armée".

L’appareil judiciaire nazi a condamné plus de 30000 Autrichiens à mort pendant la guerre: soldats, prisonniers de guerre et civils, dont la plupart étaient coupables de désertion ou d’être des Wehrkraftzersetzer, c’est-à-dire des subversifs nuisibles à l’effort de guerre. Des milliers de soldats ainsi condamnés sont morts au front dans des bataillons disciplinaires. À cette époque, en Autriche annexée, toute forme de résistance ou d’assistance aux déserteurs était un crime politique.

Après la fin de la guerre, les survivants de ces persécutions ont été en butte à un rejet et à l’hostilité publique. Le sentiment général était encore que les soldats autrichiens qui avaient accepté de servir dans la Wehrmacht avaient fait leur devoir, voire avaient fait preuve d’un certain héroïsme...