Texte bien d'actualité: La lettre à la jeunesse d'Emile ZOLA.

Lettre à la jeunesse (Extraits )

« Jeunesse, jeunesse ! souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l'exprimer publiquement, c'est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n'es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c'est de se réveiller chaque matin avec la botte d'un maître sur la poitrine, tu ne t'es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères, et ne commets pas le crime d'acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l'intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout »

Voici un discours sous forme de lettre ouverte que ZOLA adresse à la jeunesse. Et quand on parle de jeunesse, on peut étendre ce discours à des générations plus âgées, à tous ceux qui n'ont pas connu, directement, les luttes des générations antérieures. Qu'il s'agisse des luttes sociales, des luttes politiques ou des combats de la Résistance.

N'oublions pas non plus que, dans ce texte, ZOLA fait référence au combat contre l'antisémitisme. C'est écrit dans le cours de l'Affaire DREYFUS.

Actuellement, on assiste au retour – pour autant qu'il ait jamais disparu – de l'antisémitisme. La dernière phrase, une exhortation, s'applique bien dans ce cas : « ...ne commets pas le crime d'acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l'intolérance des fanatiques... »

Et de tous les racismes, notamment le racisme anti-arabe. Ou toutes les explosions de fanatismes.

« Jeunesse, jeunesse ! sois toujours avec la justice. Si l'idée de justice s'obscurcissait en toi, tu irais à tous les périls. Et je ne te parle pas de la justice de nos Codes, qui n'est que la garantie des liens sociaux. Certes, il faut la respecter, mais il est une notion plus haute, la justice, celle qui pose en principe que tout jugement des hommes est faillible et qui admet l'innocence possible d'un condamné, sans croire insulter les juges. N'est-ce donc pas là une aventure qui doive soulever ton enflammée passion du droit ? Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n'est toi qui n'es pas dans nos luttes d'intérêts et de personnes, qui n'es pas encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi ? »

Cette exhortation repose sur une vision idéalisée et séduisante de la jeunesse. Elle serait ardente, dévouée, prompte à s'enflammer pour secourir toutes les misères et pourfendre toutes les injustices. C'est, en somme,Un sermon laïque pour convertir la jeunesse.

On pensait, mais c'est propre à chaque génération, que les jeunes étaient différents des générations précédentes. On pensait qu'il étéient devenus individualistes, sceptiques, adversaires à tout engagement. Les mobilisations actuelles démontrent le contraire.

Mais si les jeunes sont libres, c'est grâce aux actes de bravoure de leurs aînés. Il faut éviter les ruptures de générations.

« Souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure ».

Voici un texte qui pourrait être utilisé dans les préparations aux manifestations patriotiques.