
La Belgique adopte le suffrage universel (réduit aux hommes ):
Les élections législatives du 16 novembre 1919 sont les premières en Belgique à utiliser le système du suffrage universel masculin uninominal, c'est-à-dire que chaque homme n'avait plus qu'une voix, et non davantage selon ses revenus, comme c'était le cas lors de précédentes élections législatives. Le scrutin était alors universel masculin plural.
Parti |
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Voix |
% |
Sièges |
Voix |
% |
Sièges |
||
619 911 |
35,19 % |
70 |
685 041 |
43,30 % |
43 |
||
645 124 |
36,62 % |
70 |
388 011 |
24,53 % |
20 |
||
310 876 |
17,65 % |
34 |
490 046 |
30,98 % |
30 |
||
Autres |
185 889 |
10,55 % |
12 |
18 914 |
1,20 % |
0 |
|
Total |
1 761 802 |
100 % |
186 |
1 582 012 |
100 % |
93 |
La BELGIQUE n'est plus un pays neutre:
Après l’Armistice, il est apparu difficile que la Belgique conserve son statut de pays neutre, statut imposé par le traité des XXIV Articles (1831-1839). Des négociations sont menées pour conclure un traité belgo-franco-britannique mais elles échouent. Le 7 septembre 1920, un accord militaire est approuvé par les gouvernements de la France et de la Belgique. Cet accord d’états-majors présente un caractère défensif. Dirigé contre l’Allemagne, il doit jouer dans « le cas d’une agression militaire non provoquée ».
La Belgique est un pays occupé !
Le 18 novembre 1918, le groupe d'armée des Flandres est dissout. Mais les soldats ne regagnent pas tout de suite leurs foyers. La Belgique est libérée du joug allemand, mais l'Armistice ne signifie pas encore la paix, qui ne viendra qu'après la signature du Traité de Versailles, le 28 juin 1919. L'état de siège est toujours en vigueur. L'armée belge est toujours sur le pied de guerre. Le 30 novembre 1918 les territoires belges et luxembourgeois sont définitivement libérés : tous les Allemands sont soit prisonniers, soit rentrés dans leur pays.
La Convention d'Armistice est d'abord prolongée de mois en mois et ensuite pour une durée indéterminée. Des troupes alliées restent en Belgique et chaque armée occupe une zone bien déterminée. Des unités de la cavalerie australienne bivouaquent dans les Ardennes belges. Beaucoup de soldats logent chez l'habitant.
Le traité de VERSAILLES s'annonce mal pour la BELGIQUE !
Financièrement, la Belgique n'obtiendrait que de faibles montants ; territorialement, elle devrait se contenter des cantons de l'Est. Les dispositions qui s'annoncent mécontentent fortement les Belges. Le dimanche 4 mai, ce n'est pas un simple conseil des ministres qui se tient mais un conseil de la Couronne, événement exceptionnel dans l'histoire du pays. C'est à peine la troisième fois qu'il est réuni.
Les ministres d'Etat, consultés par le gouvernement, sont unanimes à penser que le gouvernement doit signer le Traité, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Le 28 juin, le Traité est signé. La Belgique figure bien parmi les pays vainqueurs de la guerre. Mais elle en est sans doute le moins victorieux.
Les ferments de la division du pays sont là.
La victoire a bel et bien restauré la Belgique, objectif que la vaste majorité des Belges, tout au long de l’occupation, n’a cessé d’appeler de ses vœux, sans jamais accorder au pouvoir occupant ni à ses protégés la moindre légitimité.
Mais une des leçons de la guerre est bien que la Belgique sera un état difficile à tenir dans sa conception d'avant 1914. La Flamenpolitik a fait son oeuvre. Les activistes relèvent la tête.
La notion d’opposition entre ‘Belgique’ et ‘Flandre’ gagne du terrain au sein du Mouvement flamand. Le flamingantisme devient plus conservateur qu’avant guerre. Il se nourrit de la rancune des milieux catholiques flamands, petits-bourgeois, envers une Belgique plus égalitaire. Un courant francophone triomphaliste fait volontiers l’amalgame entre flamingants et collabos. Du côté wallingant, la méfiance envers un Etat perçu comme accaparé par les Flamands, majoritaires dans le pays sort renforcé.
La guerre a freiné la croissance de la population.
Si on compare les deux recensements de 1910 et de 1920, la Belgique a perdu près de 18 000 personnes. Ce qui est relativement peu. La guerre aurait donc eut peu d'effet. Mais cela demande une explication.
Si le comportement de la population belge d’avant-guerre s’était poursuivi tel quel, sans la période de guerre, la Belgique aurait compté 400 000 habitants de plus. Ce n’est pas la guerre en elle-même, mais la baisse de la natalité (pour 57 %), liée au départ des hommes jeunes et aux conditions de vie, l’augmentation de la mortalité (27,4 %), due en partie à l’épidémie de grippe espagnole (H1N1) de 1918, et l’émigration (17,6 %) qui expliquent la baisse de population.
L’armée belge a perdu 44 000 hommes, principalement lors de l’invasion, pendant la bataille d’Ypres en octobre 1914 et lors des semaines précédant l’armistice, et environ 60 000 civils. Mais la France a perdu 1,4 million de soldats et 300 000 civils.