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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Jean PAULHAN, écrivain ancien combattant, résistant en 40-45 mais controversé après guerre.

Publié le 23 Janvier 2019, 19:04pm

Jean PAULHAN

Ecrivain, critique et éditeur français , né à Nîmes le 2 décembre 1884 et mort à Neuilly-sur-Seine le 9 octobre 1968.

 

Mais aussi, Ancien Combattant de 14-18 et Résistant durant la seconde Guerre mondiale.

 

Grand officier de la Légion d’honneur

Médaille de la Résistance

Croix de guerre 1914-1918

 

1. PAULHAN avant 1914.

 

Il collabore à plusieurs revues de philosophie ( comme La Revue philosophique de la France et de l'étranger ) ou de sciences sociales ( comme Le Spectateur ).

En 1907, il part pour Madagascar comme professeur de français et de latin au lycée de Tananarive. C'est là qu'il recueille des textes populaires malgaches, qui nourrissent sa réflexion sur la logique de l'échange.

 

Rentré en France à la fin de 1910, il enseigne la langue malgache à l'École des langues orientales. Il fait paraître en 1913 le recueil de poésies populaires malgaches qui le fera connaître.

 

2. PAULHAN en 14-18.

 

À la déclaration de la guerre, il est affecté au 9e régiment de zouaves, où il obtient le grade de sergent.

 

Son expérience comme combattant n'a pas duré longtemps. Il fut blessé le jour de Noël 1914, "alors qu’il montrait le plus grand courage en menant sa section à l’assaut", dit la citation. Mais elle fut marquante. Ces quelques mois de guerre suffirent à lui faire connaître les tranchées, les premiers morts... Ensuit, il va d’hôpital en hôpital (Compiègne, Angers, Melun), pour finir par être reconnu inapte au combat et affecté au rôle de guetteur d’avions à Beauvais. Donc « inapte au combat » mais pas « inapte à la guerre ».

 

Cette expérience, au cours de laquelle il découvre en lui un patriotisme dont il pensait être étranger ( il avait fréquenté les milieux anarchistes ), l'incite à prendre les notes qui deviendront son premier récit publié, Le Guerrier appliqué, un petit ouvrage de 151 pages.

Cet ouvrage n’est pas un texte rigoureux sur les événements vécus: il a sélectionné pour ses thèmes des situations, il a regroupé des événements réels qui se sont déroulés à différentes dates. Il a reconstruit ce qu'il a vécu pour le faire comprendre à ses lecteurs, tout en allant à l'essentiel. Pour lui, l’important n'est pas une bataille, une date, un lieu mais l'expérience humaine inédite, tragique pour les combattants. Il utilise quelques personnes, quelques situations pour faire partager certaines dures réalités de la guerre

 

En voici l’un ou l’autre extrait :

 

Spectateur des évènements, apparemment sans sentiments :


 

« Sec, regardé plus que vu, constaté plus que partagé. Glintz a été tué, mais Caronis a la tête ailleurs, il part au village avec l'intention de tirer un coup et les renseignements pour : "Tu rentres, tu lui demandes un verre, tu peux lui proposer ça tout de suite – Elle saisira? – Caronis se peigne la moustache et tire du sac une chéchia neuve – Elle a l'habitude. Ah, nature, tu lui offres aussi quelque chose."

...

"Pour Glintz, reprend gravement Delieu, il ne faut pas dire. C'est nous qui l'avons tué; c'est Pourril, de la troisième section. Il n'avait pas été prévenu que la patrouille sortait, il a d'abord cru à des allemands. – Ah, dit Caronis, c'est mort à l'ennemi quand même (Ç'avait été le mot de Glintz [avant de mourir]). Et, après avoir réfléchi: Tout de même, nous en avons aussi qui tirent bien – J'avais eu la même pensée."

La haine aussi parce que dans la tranchée si proche, on entend chanter des allemands: "… et la haine haute pour tous ces hommes qui chantent sur notre terre où nous restons silencieux."


 

Les chocs meurtriers

"Vers onze heures, la corvée nous apporta une marmite de bœuf bouilli, du riz et un seau de jus froid. Comme Beaufrère versait un quart à Leyraud, une grenade stupidement éclata entre eux et déchira leurs deux visages. Puis l'on nous ramena à l'arrière (etc. …)"

En fait, il y développe des thématiques bien peu mises en avant dans les témoignages, les romans et autres récits. Il développe les thèmes de l'indifférence, l'individualisme, la perte des repères de la vie civile. Dans le premier extrait cité, on peut ainsi découvrir le recours à la prostitution par les combattants, prostitution qui semble devenue quasi normale. C’est un thème toujours proscrit.

Au cours de ses quelques mois de guerre, il a pris prend conscience que ce ne sont plus les règles habituelles qui régissent les rapports humains. Pas seulement dans les rapports hiérarchiques, mais plutôt l'attitude individuelle surtout l'indifférence vis-à-vis des autres, de leur sort. Un camarade meurt, on passe à autre chose, la vie continue. On ne semble penser qu'à cela : vivre, peu importe les autres.

Il finit la guerre à l’hôpital à Tarbes, sérieusement malade. Il ne fut démobilisé que début 1919.


 

3. PAULHAN dans la seconde guerre mondiale.

Paulhan est évidemment trop âgé pour faire de la résistance armée. Mais dès juillet 1940, il met toutes ses forces pour convaincre ses amis de l'échec inévitable de toute collaboration.

Pendant la seconde Guerre mondiale, il entre partiellement en clandestinité. Il ne quitte pas Paris mais travaille dans l’ombre. On le retrouve à la revue Résistance.

Il y eut plusieurs revues clandestines portant le nom de Résistance. Celle émanant du groupe du musée de l'Homme (1940-1941) et celle du mouvement Résistance (1942-1944). c’est à la première que participa Paulhan. Cinq numéros ont paru jusqu’en mars 1941. L'arrestation d'un grand nombre de membre du réseau en janvier-mars 1941 (sept seront exécutés en 1942) met fin à la publication

Ensuite, il fonde, avec Jacques Decour, les Lettres françaises. C'est l'une des nombreuses publications du mouvement de résistance Front national. Il s'agissait d'une publication clandestine bénéficiant entre autres de la collaboration de Louis AragonFrançois MauriacRaymond Queneau et Jean Lescure.

Il soutient les Editions de Minuit fondées par Vercors et Pierre de Lescure, qui publient clandestinement Le Silence de la mer de Vercors.

Ses activités finissent par être connues des Allemands et lui valent une première arrestation. Après une semaine d'interrogatoire à la Prison de la Santé, il est libéré grâce à l'intervention auprès d'Otto Abetz, de l'écrivain collaborateur Pierre Drieu la Rochelle.

Il échappe à une seconde arrestation en s'enfuyant par les toits, et se cache jusqu'à la Libération.

Une belle image de l’esprit de résistance:  « Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué, c'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles »


 

4. PAULHAN après la Libération.

Après la Libération, il accepte de participer à la revue dirigée par Jean-Paul SartreLes Temps modernes, mais sous le pseudonyme de Maast.

Son action après la Libération fut souvent contestée. Pour certains, il fut maudit. Le Comité national des écrivainsl, initialement organe de résistance des écrivains et des intellectuels français s'assigna la mission sous la direction de Louis Aragon, de procéder à une épuration de la littérature française.

Jean Paulhan remit en cause le principe d'une épuration et prit la défense d'écrivains « collaborateurs », non pour les justifier, mais pour leur permettre d'être à nouveau publiés.

Dans sa Lettre aux directeurs de la Résistance, il dénonça aussi les « vertueux » résistants littéraires de l'après-guerre devenus censeurs. Cela fit évidemment très mal à certains. Il osa publier à nouveau Louis-Ferdinand Céline. Dans le même esprit, il écrit des articles pour la Revue de la Table ronde, éditée par la maison d'édition du même nom, où se retrouve la droite littéraire de l'après-guerre.

Paulhan se vit confier le redémarrage, en 1953, de la Nouvelle N.R.F., dont il devait garder la responsabilité jusqu’à sa mort survenue le 10 octobre 1968.

En 1963, il fut élu à l’Académie Français au fauteuil précédemment occupé par Pierre Benoit (prise de séance, le 27 février 1964 - reçu par Maître Maurice Garçon).

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