Francis LEMARQUE,
Pseudo de Nathan KORB.
Il fut bien davantage qu’un excellent musicien, mais aussi un grand résistant et un militant pacifiste !

Francis LEMARQUE ( Nathan KORB ) est né le 25 novembre 1917 à Paris. Ses parents, Juifs, étaient arrivés en France quelques années plus tôt, fuyant les pogroms d'Europe de l'Est. Sa mère est originaire de Lituanie et son père, cordonnier, de Pologne.
Nathan grandit dans le quartier de la Bastille. L'appartement de la famille KORB se situe au premier étage d'un bal musette, le Bal des Trois Colonnes. Francis/Nathan est donc un gamin de Paris comme il le chantera plus tard. Il quitte l'école à 11 ans pour exercer plusieurs métiers: ouvrier imprimeur, ouvrier métallurgiste, garçon de course, figurant.... Preuve que tous les juifs ne sont pas millionnaires.
En 1933, son père meurt de tuberculose. Encore adolescent, Nathan s'intéresse de plus en plus à la musique, fasciné par les bals musettes.
En 1934, Nathan et son frère Maurice intègrent le groupe Mars, issu du groupe Octobre. Le groupe Mars était animé par le trotskiste Sylvain Itkine sous l’égide de la FTOF (Fédération du Théâtre Ouvrier de France). Au sein de ce groupe qui développe une culture d'avant-garde, les frères KORB créent un duo qu'ils nomment les Frères Marc, sur les conseils de Louis ARAGON.
En 1936, avec le Front populaire, le duo trouve l'occasion de chanter dans les usines et tous les lieux où la lutte ouvrière est en action. Ils font la connaissance de Jacques PREVERT avec lequel Nathan/Francis devient très ami. Celui-ci les met en relation avec Joseph KOSMA, célèbre compositeur de "les Feuilles mortes".
Avec l'arrivée de la guerre, la vie devient plus difficile surtout pour une famille juive. Nathan est mobilisé et affecté à des activités musico-théâtrales de l'armée.
En 1940, il passe en zone libre et s'installe à Marseille. Il y rencontre un agent artistique, Jacques CANETTI. Celui-ci l'aide à continuer en solo sa carrière de chanteur sous le nom de Francis LEMARQUE. Il fait quelques tournées en Afrique du Nord dont une semaine de récitals avec le guitariste gitan Django Reinhardt.
Suite à la déportation de sa mère, il s'engage dans la France libre , sous le nom de Mathieu HORBET. Il est arrêté et emprisonné quatre mois. Libéré, il devint lieutenant sous le nom de Marc au sein d'un réseau de résistants. Il termina la guerre dans le maquis du Corps franc Bayard, près de Mazamet.
Sa mère mourut à AUSCHWITZ. Sa soeur et son frère, également déportés, sont rentrés en vie.
C'est dans le Saint Germain des Prés de 1946 qu'il rencontre Yves Montand. Il crée pour ce grand interprète un répertoire à la fois poétique et engagé, comme le censuré « Quand un soldat ».
Au moment où il écrit ce texte, en 1952, il fait le point sur un parcours de vie jalonnée de faits historiques graves liés à la guerre et des luttes violentes. Cette chanson pourrait très bien illustrer le Monument aux Morts de Gentioux, dont nous avons déjà parlé sur ce site. En pleine guerre d’Indochine et de Corée, cette chanson lui occasionne quelques « soucis ». Interdite à la radio d’État, elle suscite des bagarres lorsque Montand la chante sur scène. On perturbe ses tours de chant, on le menace de mort…
Quand un soldat
Fleur au fusil tambour battant il va
Il a vingt ans un coeur d'amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre son flanc qui bat
Quand un soldat s'en va t-en guerre il a
Dans sa musette son bâton d'maréchal
Quand un soldat revient de guerre il a
Dans sa musette un peu de linge sale
Partir pour mourir un peu
A la guerre à la guerre
C'est un drôle de petit jeu
Qui n'va guère aux amoureux
Pourtant c'est presque toujours
Quand revient l'été qu'il faut s'en aller
Le ciel regarde partir ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Car la guerre car la guerre
Se fout des serments d'amour
Elle n'aime que l'son du tambour
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Des tas d'chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà
Simplement eu d'la veine et puis voilà
Simplement eu d'la veine et puis voilà

Grand représentant de la chanson populaire française, aux tonalités pacifistes et humanistes, il tomba dans un relatif oubli dans les années 1970. Si un chanteur
Francis Lemarque est décédé à son domicile de La Varenne Saint-Hilaire (Val-de-Marne), à l'âge de 84 ans, d'un cancer. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise. Il s’était marié le 20 juillet 1948 avec Ginetta Riches. Si un chanteur français symbolise la ville de Paris, c'est certainement lui. Au cours de sa carrière, il a écrit près d'un millier de chansons dont « A Paris ».
Dans le 11ème arrondissement, dans le passage Charles Dallery, un square de quartier a été créé en 2003 pour rendre hommage Francis Lemarque, décédé en 2002 et qui a grandi dans l'arrondissement. Cet espace est composé en trois parties : une aire de jeux pour jeunes enfants avec un bac à sable, une pelouse et des petits jardinets. On peut y venir en métro, ligne 9, station "Voltaire".