1914-1918 : Le PORTUGAL entraîné dans la guerre.
Beaucoup ignorent le rôle tenu par les combattants portugais lors de ce conflit. C'était une petite armée, pas très vaillante au combat, mais qui a su se distinguer et a eu bon nombre de morts et blessés.
Proclamée suite à la révolution de 1910, la République portugaise garantit dès août 1914 à la Grande-Bretagne son soutien matériel et humain. Pourtant officiellement neutre, le gouvernement portugais justifie cette position en faisant référence à un vieil accord d’alliance entre les deux pays renouvelé en 1912. Ce faisant il cherche à garantir l’intégrité des ses colonies africaines, l’Angola et le Mozambique, au sujet desquelles des accords secrets de partage auraient été conclus dès 1898 entre la grande-Bretagne et l’Allemagne. Malgré cette ancienne alliance, le Portugal ne fit pas partie du système des alliances du début du 20°siècle. Il est donc resté neutre durant les premières années de la guerre.
Au début, le gouvernement allemand respecta la neutralité portugaise. Mais le Portugal eut à souffrir des Unterseeboot allemands, qui visaient à bloquer le Royaume-Uni, à l'époque le plus important marché pour les produits portugais. Bien loin du front européen, la Première Guerre mondiale s’est aussi jouée en Afrique. Et plus particulièrement dans les colonies portugaises, au Mozambique et en Angola.
Mais, au Portugal, une tension apparut dans les milieux politiques: soit rester neutres, soit répondre aux demandes britanniques de s'engager réellement. Cette tension devint impossible. Le coup d'État du 14 mai 1915 au Portugal et, pour répondre aux demandes britanniques, la confiscation des navires allemands amarrés dans les ports portugais devaient inévitablement déboucher sur une déclaration de guerre de l'Allemagne. Ce qui fut fait le 9 mars 1916.
Le 9 juin 1916, Alfonso Costa (Ministre des finances) et Augusto Soares participent à la conférence économique des Alliés. De cette Conférence sortit une déclaration : en cas de paix les conditions seraient les suivantes : l'Allemagne devrait rendre les territoires d'Alsace-Lorraine à la France (occupés depuis 1871) et le triangle de Kionga (Mozambique) au Portugal (occupé depuis 1894).
Par sa participation à la Guerre , le Portugal visait aussi à marquer son entrée dans le concert des nations européennes, comme un moyen de conforter l’unité nationale et de renforcer la légitimité du régime républicain, mis à mal par les mouvements monarchistes et par les graves difficultés économiques que connaissait le pays à ce moment.
Outre les réquisitions de bateaux allemands et la fourniture de matériel, Lisbonne va mobiliser près de 150000 hommes pendant la guerre, dont 56000 en France et 49000 en Afrique.
A Londres, on doutait de la plus-value que pourraient apporter les troupes portugaises. Aussi, n’y sollicite-t-on que de l’aide matérielle et logistique. Mais les autorités françaises voient d’un bon oeil une éventuelle participation de l’armée portugaise aux combats. Et elles parviennent à convaincre leurs homologues britanniques.
Le Corps Expéditionnaire Portugais arrive en France en 1917 et est équipé et armé de matériel britannique. L'uniforme est gris-bleu et le casque ressemble fort au modèle britannique puisqu'il est fabriqué pour les Portugais sous contrat d'une firme de Birmingham. Des camps d’entraînement thématiques se multiplient dans la zone arrière du Pas-de-Calais. À titre d’exemple, nous pouvons citer ceux situés :
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à Audincthun : camp d’exercices pour sapeurs ;
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à Camiers : camp consacré au maniement de mitrailleuses lourdes ;
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à Clarques : camp dédié à l’utilisation de mortier ;
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au château d’Hardelot : stages de pratique quotidienne de la guerre ;
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à Mametz : camp pour la défense et l’attaque de gaz ;
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à Marthes (hameau de Mametz) : camp central d’entraînement qui voit passer 630 officiers, 968 sergents et 26 750 hommes ;
à Saint-Pol-sur-Ternoise : camp consacré au maniement de baïonnettes.

Les turbulences politiques à Lisbonne, le renversement du Gouvernement en décembre 1917 font que l’armée portugais est laissée à l’abandon par le nouveau pouvoir, hostile à l’implication du pays dans la Grande Guerre.
Troupes embarquées en FRANCE: 56.493 hommes dont 3.446 officiers
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Morts : 2.096 hommes dont 79 officiers
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Blessés : 5.224 hommes dont 256 officiers
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Prisonniers: 6.948 hommes dont 270 officiers
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"Incapazes do serviço" : 7.279 hommes dont 439 officiers
Les sous-marins allemands ont coulé 96 navires portugais.
Le 9 avril 1918, se déroule la terrible bataille de la Lys. A ce moment, les deux divisions du CEP, incomplètes et mal encadrées, fortes de seulement 20000 combattants doivent affronter près de dix divisions allemandes, soit près de 100000 hommes. Ils furent balayés par l’offensive allemande. Les Portugais perdent plus de 7000 hommes et 300 officiers. Ceux qui réchappent par miracle du carnage sont retirés du front et envoyés vers l’arrière pour se refaire une santé.

Le cimetière militaire portugais de Richebourg regroupe les corps de 1831 soldats tombés notamment lors de la bataille de la Lys. Il demeure le symbole de l’engagement du Portugal dans la Première Guerre mondiale.

Monument aux Morts de LISBONNE
